Fin 2022, le consensus du marché prévoyait une récession dans la zone euro et aux États-Unis en 2023. C'est désormais loin d'être certain. Toutefois, la menace de récession n'a pas disparu du jour au lendemain.William Gerlach, Regional Manager d`iBanFirst, nous propose son éclairage.
Fin 2022, le consensus du marché prévoyait une récession dans la zone euro et aux États-Unis en 2023. C'est désormais loin d'être certain.
Toutefois, la menace de récession n'a pas disparu du jour au lendemain. Sur la base des indicateurs de probabilité implicite du marché (comme la courbe de rendement inversée) et de la demande plus faible qui commence à se manifester dans les entreprises américaines cotées en bourse, une minorité d'analystes pense que les États-Unis tomberont en récession au cours des douze prochains mois. Mais le fait le plus marquant est l'instabilité : les analystes avouent le plus souvent que la trajectoire de croissance ne permet plus de dégager une vision claire : dans une enquête réalisée du 20 au 24 février, Bloomberg et MLIV ont interrogé les acteurs du marché sur ce que l'économie américaine est le plus susceptible de faire. Aucune option (en particulier " effectuer un atterrissage en douceur " ou " effectuer un atterrissage brutal ") ne parvient à convaincre 50 % des personnes interrogées.
Tous les scénarios sont encore sur la table. Et cela fait plusieurs mois que cela dure en raison notamment d'une inflation difficile à cerner au-delà de trois mois. Les récentes estimations rapides de l'IPC pour plusieurs pays de la zone euro montrent que l'inflation peut facilement rebondir - voir l'IPC de février en France, qui s'établit à 6,2 % en glissement annuel contre 6,0 % précédemment.
Chez iBanFirst, nous parions que l'économie mondiale évitera très probablement une récession cette année. Le consommateur américain est beaucoup plus résilient que prévu initialement, malgré une inflation généralisée. En Chine, les derniers indicateurs montrent que les mesures de relance commencent à porter leurs fruits.
Par exemple, les ventes immobilières chinoises sont devenues positives en février - c'est la première croissance mensuelle depuis 2021. Dimanche 5 mars, les autorités chinoises ont annoncé une croissance cible à 5% pour 2023, démontrant le souci d'adopter désormais un rythme graduel et qualitatif. Même si le chiffre est en deçà de certaines prévisions, c'est en réalité une bonne nouvelle pour l'économie mondiale : la croissance chinoise sera sûre. D'autant que la Chine représente probablement moins de 20 % de la croissance mondiale désormais (contre environ 30 % avant Covid).
Même l'Europe est en meilleure position que prévu initialement. Du côté de l'économie britannique, il y avait peu de doutes que la récession serait profonde et prolongée. Mais elle pourrait être moins douloureuse que prévu. Désormais, le consensus du marché ne prévoit qu'une baisse de 0,6 % du PIB en 2023. Et si les prix de l'énergie continuent de baisser, il est même possible qu'il n'y ait pas de récession du tout (ce n'est toutefois pas notre scénario de référence pour l'économie britannique).
Ce qui est certain, c'est que le niveau d'incertitude économique est exceptionnellement élevé. En réalité, tout amène à penser que nous vivons "un faux cycle économique".
La pandémie de Covid a complètement déformé l'économie, ce qui aura un impact sur l'inflation et la croissance à long terme. Après une courte reprise en forme de "K", a suivi une phase de dépression résultant des blocages mondiaux. Au même moment, toutes les mesures de relance destinées à protéger l'économie et les perturbations dues à la Covid ont provoqué une période d'inflation "permanente".
Il ne s'agit certainement pas d'un retour aux années 1970 (en particulier dans la zone euro, où il n'y a pas de spirale salaires-prix). Une récession ou un 'soft landing' ne sont pas non plus certains. Mais si des fondamentaux commencent à revenir à la normale - comme les chaînes d'approvisionnement et les taux de fret - des déséquilibres majeurs dans l'économie à savoir la pénurie de main-d'œuvre dans les pays anglophones et dans les PECO, la démondialisation (friendshoring, par exemple) et l'incertitude liée à la guerre en Ukraine (même si nous pensons que le risque géopolitique jouera un rôle mineur cette année) constituent de nouveaux pôles d'instabilité durables. Ce qui nous inquiète chez iBanFirst, ce n'est donc pas une récession.
Il s'agit plutôt d'une période d'expansions/contractions oscillant rapidement, combinés à un chômage en hausse mais toujours faible. Cet "électrogramme économique erratique" sera plus difficile à cerner pour les marchés, les banques centrales et les entreprises (surtout si le coût du capital continue d'augmenter de manière drastique) que les scénarios de récession traditionnels.
Si cela devient vrai, il ne servira à rien de regarder l'histoire (les références aux années 1970 n'ont aucun sens). Il s'agira d'un environnement commercial totalement nouveau, marqué par une forte incertitude. La plupart des entreprises vont devoir s'adapter, non sans mal, à cette nouvelle phase d'expansion/contraction économique erratique.
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