En mars dernier, la faillite d'établissements bancaires américains a mis en évidence l'exposition des banques à la montée des taux d'intérêt. Qu'en est-il dans les pays émergents ?
Julien Marcilly, Chef économiste, nous propose son éclairage à l`occasion de la parution de l`étude intitulée "Banques dans les pays émergents : bien capitalisées et profitables, mais une qualité d'actifs et une exposition à la dette publique locale inégales."
Résumé de l'étude
Le risque l'exposition des banques à la montée des taux d'intérêt s'est matérialisé depuis par une baisse des actions des entreprises du secteur financier, mais aussi un durcissement des conditions de crédit et un repli de la confiance des entreprises (ces deux dernières tendances ayant commencé avant le mois de mars) aux Etats-Unis et en Europe. Dans ces régions, les banques considérées par les investisseurs, à tort ou à raison, comme les plus vulnérables, sont celles dont la part dans les actifs des obligations est élevée, la valeur de celles-ci diminuant avec la hausse des taux d'intérêt.
Dans les banques des économies émergentes, la nature des risques diffère. Si elles sont généralement bien capitalisées et ont retrouvé leur niveau de profitabilité d'avant la pandémie, la qualité des actifs est très hétérogène d'une région à l'autre : elle reste bonne en Asie, en Amérique latine et s'est beaucoup améliorée depuis dix ans en Europe centrale et orientale. Mais les créances douteuses restent relativement nombreuses en Afrique et au Moyen Orient.
Les banques sont aussi exposées au risque de durcissement de conditions de financement externe en raison du resserrement de la politique monétaires des grandes banques centrales, à la fois directement (pour les banques ayant un endettement extérieur élevé) et indirectement (lorsqu'elles prêtent à des entreprises ou États eux-mêmes endettés vis-à-vis de l'étranger).
Mais dans ce contexte d'accès plus difficile aux marchés financiers internationaux et en l'absence de programme d'achat d'actifs de taille significative des banques centrales locales, de nombreux États ont privilégié des émissions domestiques dont les banques locales sont généralement les principaux acteurs.
Dans beaucoup de banques de pays émergents, la part des créances sur le gouvernement dans les actifs y a donc augmenté depuis 2020. Les pays dans lesquels ce ratio est le plus élevé coïncident généralement avec ceux en train restructurer leur dette publique (ou ceux pour lesquels ce risque est fort).
Quelques mots sur Global Sovereign Advisory
Fondée en 2019 par Anne-Laure Kiechel, Global Sovereign Advisory (GSA) est une société indépendante qui apporte une proposition unique dans le conseil aux États et aux entreprises publiques, par son approche holistique des questions stratégiques, économiques et financières.
Cette vision s'appuie sur une équipe pluridisciplinaire qui permet à GSA de relier les expertises de nombreuses disciplines et d'offrir ainsi des conseils axés sur l'action et la résolution des problèmes.
Dans cette perspective, GSA a développé une nouvelle practice Financement structure et infrastructure à même de répondre aux enjeux complexes de ce type de projet dans les États émergents et renforcé les activités de son pôle recherche avec la production de notes d'analyses approfondies et désormais dirigé par un chef économiste.
Sa conviction est que les États ont besoin de renforcer leur souveraineté pour gagner en liberté et indépendance. C'est pourquoi, un an après sa création, GSA a entreprit de devenir une « Entreprise à Mission » et s'attache au transfert de savoir-faire et à la montée en compétence de l'ensemble des parties prenantes.
Quelques mots sur Julien Marcilly, chef économiste
Julien Marcilly totalise plus de 15 ans d'expérience en tant qu'économiste travaillant dans le secteur privé, fournissant aux clients des analyses approfondies des risques macroéconomiques, pays et secteurs.
Julien a rejoint GSA en tant que chef-économiste en 2021.
Auparavant, il a travaillé à la Coface, en tant que chef-économiste et dirigeait une équipe mondiale d'économistes. Il a commencé sa carrière à la Société Générale en 2007, avant de rejoindre une société de gestion d'actifs basée à New York en tant qu'économiste spécialiste des marchés émergents.
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