Marché mondial du lithium : vers un nouvel ordre multipolaire ?

À l'aune de la transition énergétique, et alors que les États tendent à s'émanciper de leur dépendance aux hydrocarbures, les métaux stratégiques sont devenus essentiels à la réalisation des objectifs de neutralité climatique et aux chaînes de valeurs des nouvelles technologies. Le lithium, en particulier, s'impose désormais comme une matière première incontournable, en ce qu'il est nécessaire à la production des batteries Lithium-ion (Li-ion), utilisées notamment dans la fabrication des véhicules électriques.

Julien Marcilly, Chef économiste, nous propose son éclairage à l'occasion de la parution de l'étude intitulée : Marché mondial du lithium : vers un nouvel ordre multipolaire ?

Résumé de l'étude

La demande exponentielle en lithium, et l'explosion de son cours mondial - multiplié par dix en deux ans - fait peser de lourdes hypothèques sur la transition énergétique. Supposant l'électrification rapide du parc automobile mondial, comme le développement de capacités de stockage d'électricité, celle-ci dépend très largement de la capacité des fabricants de batteries Li-ion à se fournir en lithium, dont ils absorbent désormais 80% de la production mondiale. L'Agence internationale de l'énergie prévoit une multiplication par 40 de la demande d'ici à 2040.

La classification fréquente – et techniquement infondée – de ce minerai parmi les " métaux rares " résume, à elle seule, les fortes inquiétudes politiques et industrielles suscitées par cette problématique. Elle traduit surtout une réalité historique : la concentration du marché entre une poignée d'Etats producteurs – pas nécessairement détenteurs des principaux stocks - quelques majors minières, et un quasi-monopole de la Chine sur le raffinage du lithium et, en aval, sa prédominance dans la production de batteries Li-ion.

Face aux risques de dépendance stratégique engendrés par cette concentration, les Etats-Unis et l'Europe se mettent en ordre de bataille pour développer leurs gisements et réorganiser leurs chaînes de valeur en s'appuyant sur des pays " amis " (friendshoring), tandis que la Chine s'attache à diversifier, elle aussi, ses approvisionnements, en se tournant en particulier vers l'Afrique. Au niveau mondial, le volume des réserves identifiées par l'United States Geological Survey (USGS) ne cesse donc de croître, passant de 80 millions de tonnes en 2020 à 98 millions en janvier 2023.

Quelques mots sur Global Sovereign Advisory

Fondée en 2019 par Anne-Laure Kiechel, Global Sovereign Advisory (GSA) est une société indépendante qui apporte une proposition unique dans le conseil aux États et aux entreprises publiques, par son approche holistique des questions stratégiques, économiques et financières.

Cette vision s'appuie sur une équipe pluridisciplinaire qui permet à GSA de relier les expertises de nombreuses disciplines et d'offrir ainsi des conseils axés sur l'action et la résolution des problèmes.

Dans cette perspective, GSA a développé une nouvelle practice Financement structure et infrastructure à même de répondre aux enjeux complexes de ce type de projet dans les États émergents et renforcé les activités de son pôle recherche avec la production de notes d'analyses approfondies et désormais dirigé par un chef économiste.

Sa conviction est que les États ont besoin de renforcer leur souveraineté pour gagner en liberté et indépendance. C'est pourquoi, un an après sa création, GSA a entreprit de devenir une " Entreprise à Mission " et s'attache au transfert de savoir-faire et à la montée en compétence de l'ensemble des parties prenantes.

Quelques mots sur Julien Marcilly, chef économiste

Julien Marcilly totalise plus de 15 ans d'expérience en tant qu'économiste travaillant dans le secteur privé, fournissant aux clients des analyses approfondies des risques macroéconomiques, pays et secteurs.

Julien a rejoint GSA en tant que chef-économiste en 2021.

Auparavant, il a travaillé à la Coface, en tant que chef-économiste et dirigeait une équipe mondiale d'économistes. Il a commencé sa carrière à la Société Générale en 2007, avant de rejoindre une société de gestion d'actifs basée à New York en tant qu'économiste spécialiste des marchés émergents.