L'année 2019 a été une année record pour le crédit à la consommation en France. Ces 10 dernières années, le marché du crédit à la consommation a connu une croissance moyenne de 4 % par an, avec l'émergence de crédits digitaux innovants, dont l'adoption s'est encore accentuée durant la pandémie. Exton Consulting (cabinet de conseil en stratégie et management spécialisé dans les services financiers) dresse le panorama de ce secteur en pleine transformation, et profondément impacté par la crise sanitaire actuelle.
Un marché en pleine transformation bousculé par la pandémie
La production de crédits à la consommation a connu une forte croissance ces 10 dernières années, avec une accélération notable depuis 2015 pour atteindre, avant la crise, le chiffre record de plus de 67Mds€.
En parallèle, les encours de crédit ont progressé à un rythme soutenu : 5,25 % en 2019 et 6 % en 2017 et 2018. Cette hausse globale des encours masque néanmoins des réalités différentes selon les types de crédits. Ainsi, en 10 ans, les encours de crédits renouvelables ont perdu 10 points, en répercussion notamment des différentes régulations mises en place, tandis que le crédit bail a explosé, traduisant la transformation des modes de consommation des Français, de plus en plus attirés par l'usage et non la propriété des biens.
L'année 2020 a marqué un arrêt à cette dynamique de croissance. Le premier confinement et l'effet deuxième vague, combinés à une chute de confiance et une chute de la consommation ont entraîné deux baisses significatives de la production de crédits : 1,9 milliards d'euros en mars 2020 contre 5,2 milliards d'euros en mars 2019 et une différence de 100 millions d'euros entre octobre 2019 et octobre 2020.
Faisant face à un contexte économique défavorable (environnement de taux bas, risque de défaut de solvabilité accru), les acteurs traditionnels du crédit doivent se renouveler et s'offrir de nouvelles opportunités de croissance.
La crise a accéléré l'utilisation des facilités de paiement tel le paiement fractionné
En parallèle, l'année 2020 a confirmé l'essor de nouvelles offres digitales, plus particulièrement autour des facilités de paiement.
Pour le consommateur, le paiement fractionné s'est imposé comme une solution judicieuse (gestion de budget), alternative au découvert bancaire, et surtout simple et immédiate. Le paiement fractionné, fluide, bien intégré au parcours d'achat, est une facilité de paiement qui s'est fortement développée, et qui séduit tous types de populations : non seulement des clients fragiles, qui ont des besoins de trésorerie accrus, mais aussi des clients aisés, qui peuvent ainsi saisir immédiatement une opportunité d'achat. Il permet également de répondre aux attentes des marchands et e-commerçants, car il favorise la hausse du panier moyen, et augmente les taux de conversion, atouts majeurs qui plus est dans un contexte de crise. A noter, le paiement fractionné constitue une facilité de paiement (lorsqu'il est inférieur à 90 jours) et un véritable crédit (lorsque le paiement des échéances dépasse les 3 mois).
En France, le marché est devenu très concurrentiel. Comme à l'échelle européenne, tous types d'acteurs sont présents : Floa, Oney, Cetelem, Cofidis, Alma, Pledg ou encore Paypal. Du fait de l'absence de credit bureau et de la régulation forte en vigueur sur l'hexagone, le marché est aujourd'hui principalement adressé par des acteurs nationaux ou avec un fort ancrage sur le territoire. « La France, par l'absence de Credit Bureau et sa forte règlementation, est un marché difficile à conquérir. Va-t-on voir un acteur comme Klarna, par exemple, pénétrer le marché français en y accompagnant un marchand international, c'est toute la question », commente Jocelyne Amègan-Douaud, directrice chez Exton Consulting. D'ailleurs, Clearpay en rachetant Pagantis, prévoit de s'étendre en Europe dont en France.. Le marché du paiement fractionné s'est imposé comme un incontournable dans le domaine du crédit conso.. Mais serait-il déjà arrivé à maturité ?
Paiement fractionné : quelles perspectives ?
D'ores et déjà, les acteurs de paiement fractionné font face à un marché mature ; caractérisé par une activité de flux et de volumes, des marges restreintes et une compétition acharnée. Quel que soit le type d'acteurs, Exton consulting voit 3 enjeux pour se démarquer dans ce marché :
1 - L'innovation technologique : elle consistera notamment à scorer les clients de manière plus précise (contrairement aux « soft checks » actuels) et proposer des parcours toujours plus rapides. « L'usage intensifié de l'IA, une meilleure APIsation de son architecture pour accélérer l'intégration des partenaires commerçants, seront des moyens de développer son avance technologique et de devenir ou rester un acteur de 1er plan » explique Jocelyne Amègan-Douaud.
2 - L'élargissement du modèle : pour les clients finaux, les acteurs du paiement fractionné pourraient penser à élargir leur offre, avec des produits plus « responsables » ou encore adressant de nouvelles clientèles. Obvy, qui propose du paiement fractionné entre pairs est un très bon exemple. Les entreprises du paiement fractionné peuvent aller plus loin, en offrant leurs compétences technologiques à des acteurs souhaitant opérer en marque blanche. C'est ce qu'on appelle le « credit-as-a-service ». Déjà proposé par certains leaders du marché, comme Floa ou Younited Credit (avec Lydia et Bankin, par exemple sur des offres de micro-crédit), cet axe B2B est sans aucun doute un axe de développement majeur.
3 - La croissance à l'international : dans l'optique d'accompagner les commerçants sur leurs territoires géographiques, de nombreuses Fintechs et Institutions Financières du paiement fractionné se développent sur le marché européen. Compte tenu de la maturité de cette géographie, où les règlementations Crédit restent spécifiques, pourquoi ne pas se développer au-delà de l'Europe et adresser des pays dont l'appétence pour ces solutions pourrait être forte ?
Quoi qu'il en soit, le paiement fractionné est un marché qui ne connaît pas la crise !
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