Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont innondés de photos de personnes se vieillissant grâce à l'application FaceApp, qui affiche un développement viral.
L'application avait déjà précédemment fait parler d'elle grâce à un filtre permettant de changer de genre, en passant de femme à homme ou d'homme à femme sur les photos selfies, mais sa diffusion a atteint une toute autre ampleur grâce à son filtre viellissant.
Or, quelques recherches permettent de se rendre compte que la prudence est de mise lors de l'utilisation de cette application.
Elle est en effet développée par Wireless Lab, une petite société basée en Russie, et l'étude de ses conditions générales permet de se rendre compte que l'utilisation de cette application exige que vous acceptiez l'exploitation de certaines de vos données personnelles : “En accédant ou en utilisant nos Services, vous consentez au traitement, au transfert et au stockage d'informations vous concernant aux États-Unis et dans d'autres pays, où vous n'avez peut-être pas les mêmes droits et protections que ceux que vous avez en vertu des lois locales” peut-on en effet lire dans les conditions générales.
La politique de confidentialité de FaceApp n'est pas plus rassurante, indiquant que ses sociétés affiliées et fournisseurs de services " peuvent transférer les informations que nous recueillons à votre sujet, y compris les informations personnelles au-delà des frontières et de votre pays ou juridiction vers d'autres pays ou juridictions du monde entier ".
Vos photos pourraient être utilisées dans le cadre des technologies de reconnaissance faciale FaceApp possède donc les droits sur les images téléchargées sur son service et peut les utiliser comme bon lui semble.
Et cela peut théoriquement aller jusqu'à son utilisation dans le développement d'une technologie de reconnaissance faciale.
Les utilisateurs accordent à la société la licence "d'utiliser, de reproduire, de modifier, d'adapter, de publier, de traduire, de créer des œuvres dérivées, de distribuer, d'exécuter publiquement et d'afficher votre contenu utilisateur et tout nom, nom d'utilisateur ou image fournis en relation avec votre contenu utilisateur dans tous les formats et canaux de médias connus ou développés ultérieurement".
Pour être honnête, ces conditions ne diffèrent finalement pas beaucoup de celles des applications concurentes, ou même de celles des plus grands réseaux sociaux.
Cependant, ce qui est inquiétant, c'est l'origine de cette application, la Russie.
Le gouvernement russe a en effet été soupçonné à maintes reprises d'utiliser le piratage et les technologies de l'information dans le cadre de campagnes d'influence, ou tout simplement de collecte de renseignements.
Il ne serait donc pas étonnant que le gouvernement russe obtienne une “backdoor” de la part de l'application, pour accéder aux données de ses utilisateurs et les utiliser pour mettre sur pied des bases de données exploitées par des système de surveillance et de reconnaissance faciale.
Le sénateur US Chuck Schumer a d'ailleurs évoqué le problème sur Twitter (NYSE:TWTR), déclarant que "Le FBI et la FTC (l'entité qui protège les consommateurs aux Etats-Unis) doivent immédiatement évaluer les risques pour la sécurité nationale et la vie privée car des millions d'Américains ont utilisé FaceApp".
Dans la lettre qu'il a adressée au FBI et à la FTC, le responsable politique estime que "la localisation de FaceApp en Russie soulève des questions sur comment et quand la société fournit les données de citoyens américains à des parties tierces, y compris éventuellement à des gouvernements étrangers".
Le Washington Post a de son côté révélé que le Comité qui chapeaute le Parti démocrate aux Etats-Unis a envoyé un avertissement à toutes les équipes de campagne des candidats à la primaire démocrate pour les présidentielles de 2020, appelant à "effacer l'application immédiatement".
0 Commentaire