Point des marchés : confinement en chine, dollar, pétrole, or

Confinement en Chine, dollar, pétrole, or.Par Jeffrey Halley, analyste de marché senior, Asie-Pacifique, OANDA

Ces jours-ci, les lundis présentent généralement une image confuse pour les investisseurs, et celui-ci n`est pas différent. Reuters rapporte que l`Ukraine et la Russie semblent progresser vers des négociations substantielles. Cela a donné à certaines parties de l`Asie une excuse pour acheter timidement des actions ce matin et a fait chuter le pétrole, la possibilité de faire baisser la guerre en Ukraine étant trop tentante.

En revanche, les frappes de missiles russes dans l`ouest de l`Ukraine ce week-end, très près de la frontière polonaise, et les rapports des responsables américains selon lesquels la Russie demandait une aide militaire à la Chine, ont été démentis par les responsables chinois. Si cela s`avère vrai, ce serait un signe sérieux que tout ne va pas bien dans le complexe militaro-industriel russe et cela pourrait expliquer le changement de cap des Russes décrit dans le reportage de Reuters ci-dessus. La Chine, pour sa part, devra faire preuve de prudence, les États-Unis et l`Europe étant ses principaux clients à l`exportation. Qu`il s`agisse de doctrines politiques ou non, l`argent parle et la Chine est confrontée à ses propres défis économiques qu`elle ne souhaite peut-être pas exacerber pour le bien de Poutine.

La Chine elle-même a annoncé le confinement complet de 17,5 millions de personnes dans sa ville côtière de Shenzhen, un grand centre technologique et une ville portuaire, afin de lutter contre l`augmentation des cas de Covid-19. La ville voisine de Hong Kong a annoncé que 300 000 personnes étaient en isolement ou en quarantaine alors que le cauchemar du Covid se poursuit. Foxconn, l`un des principaux fournisseurs d`Apple, a déjà annoncé la suspension de ses usines à Shenzhen et si le port doit également fermer, on peut s`attendre à de nouvelles perturbations de la chaîne d`approvisionnement. La chute du pétrole ce matin pourrait également être due en partie aux attentes selon lesquelles la consommation intérieure de la Chine pourrait temporairement chuter en raison des fermetures de Covid.

Dans cette optique, la chute du pétrole aujourd`hui est encore plus surprenante après que des missiles iraniens se soient abattus sur une cible en Irak. Il s`agirait de représailles à une attaque israélienne menée en Syrie en début de semaine contre des chefs présumés de la Garde républicaine, mais peut-être aussi de frustrations liées à l`impasse de l`accord nucléaire. Les exigences russes de dernière minute menacent de faire échouer l`ensemble de l`accord, ce qui rend la chute des prix du pétrole aujourd`hui encore plus surprenante.

Les données sur la confiance des consommateurs américains ont été plus faibles que prévu vendredi, ce qui suggère que la vague stagflationniste qui balaie le monde depuis le conflit en Ukraine a un impact immédiat. Ce n`est pas la dernière fois que nous entendons parler de ce front, les augmentations du coût de la vie augmentant fortement dans le monde entier, provoquant le mécontentement des consommateurs. Les devises asiatiques sont sous pression aujourd`hui et à l`avenir, ces pressions seront amplifiées car les banques centrales asiatiques seront réticentes à suivre la Fed.

Comme si les choses ne pouvaient pas devenir plus compliquées, le FOMC de la Réserve fédérale américaine annonce cette semaine sa dernière décision sur les taux d`intérêt. Une hausse des taux de 0,25 % est déjà acquise et, malgré le bruit, je pense que la Fed reste prudente et qu`une hausse de 0,50 % n`est pas envisageable. Ce qui pourrait ne pas être le cas, en revanche, c`est une accélération des hausses de taux pour normaliser la politique monétaire. La courbe des taux américains continue de s`aplatir et si le FOMC se montre belliciste, elle pourrait se déplacer vers le haut dans son intégralité et s`aplatir et se diriger vers une inversion, signalant potentiellement une future récession.

La stagflation est une vilaine bête, et il n`y a pas d`options indolores pour les banques centrales lorsqu`elle se produit. Ne rien faire et votre monnaie est susceptible de chuter, exacerbant l`inflation importée. Augmenter les taux et soutenir la monnaie, mais ralentir ou arrêter la croissance. Chaque banque centrale devra choisir sa propre voie, mais d`après ce que j`ai lu jusqu`à présent, l`Europe et l`Asie maintiendront leurs taux rapidement, la Chine tentera un assouplissement ciblé, tandis que les États-Unis et les pays du Commonwealth, y compris l`Australie, augmenteront leurs taux. Cela sera bon pour le dollar américain, mauvais pour l`euro et les devises asiatiques, tandis que dire que l`environnement des actions sera difficile partout en 2022 est un euphémisme.

Le FOMC sera clairement le point fort de la semaine en matière de données économiques, même si les marchés financiers à court terme continuent de se méfier de l`évolution de l`Ukraine. Mais la Chine annoncera également son taux de facilité de prêt à moyen terme (MLF) à un an dans le courant de la semaine, ce qui pourrait se traduire par une baisse. Elle publie demain les ventes au détail et la production industrielle. Les banques centrales d`Indonésie et de Taiwan annoncent leurs décisions politiques après le FOMC de jeudi. La Chine et l`Inde publient leurs balances commerciales demain, tandis que Singapour publie ses exportations non pétrolières. Enfin, l`Australie publie les données sur le chômage jeudi également, les fortes créations d`emplois étant peut-être la dernière pièce du puzzle dont la RBA a besoin pour abandonner sa position ultra-doviste. Le gouverneur de la RBA a déclaré la semaine dernière que se préparer à une hausse des taux d`intérêt serait une précaution raisonnable. Mardi et jeudi seront des jours de pic de données pour l`Asie cette semaine.

Enfin, la Banque d`Angleterre annonce sa dernière décision de politique monétaire jeudi, suivie par la Banque du Japon vendredi. La Banque du Japon gardera son sang-froid, mais la Banque d`Angleterre suivra presque certainement le FOMC et augmentera de 0,25 %.

La géopolitique continuera de dominer le marché et la liste des titres de la presse mondiale d`aujourd`hui ne m`a même pas donné envie de sortir du lit. Une chose dont je suis sàr, c`est que les algo et les gnomes de l`argent rapide des marchés financiers vont acheter massivement du risque aux premiers signes concrets de progrès dans le règlement Ukraine-Russie. Mais il s`agira probablement d`un rallye de pigeons, car en coulisses, la vague de stagflation qui balaie le monde et la nouvelle guerre froide érodent tranquillement les fondements de la reprise mondiale. La douleur sera ressentie de manière inégale, et je n`aimerais pas être un politicien en campagne électorale cette année, même si les pays riches en ressources naturelles devraient s`en sortir mieux que la plupart. Sur cette base, il serait presque possible d`élaborer des arguments en faveur d`une nouvelle hausse de l`Amérique latine. Presque.

Comme je l`ai dit ad nauseam, c`est la volatilité qui sera gagnante au premier semestre 2022, et non la direction du marché. Bien que je m`attende à ce que les gnomes de l`HODL, qui achètent tout, fassent encore preuve de persévérance. Hélas, après 14 ans de banques centrales créant des inégalités dans le monde, toutes les bonnes choses ont une fin. Compte tenu du profil de risque de cette semaine, un investisseur sensé ayant une vision à long terme et n`ayant pas besoin de recevoir une fessée de la part de la maîtresse de maison, pourrait choisir d`observer la fête et les jeux depuis les coulisses.

Une journée très mitigée pour les actions asiatiques

Les marchés boursiers asiatiques présentent de sérieuses divergences ce matin, les inquiétudes concernant la Chine faisant trembler certains marchés, tandis que d`autres progressent grà¢ce à la baisse du pétrole et aux espoirs de négociations avec l`Ukraine. Vendredi, les marchés américains ont terminé sur une note molle, la confiance des consommateurs du Michigan ayant chuté, et les investisseurs ont réduit les risques pour le week-end. Le S&P 500 a baissé de 1,30 %, le Nasdaq a reculé de 2,18 % et le Dow Jones a glissé de 0,69 %. L`espoir que les négociations entre l`Ukraine et la Russie évoluent dans la bonne direction a fait grimper les contrats à terme américains aujourd`hui. Les contrats à terme du S&P500 et du Nasdaq ont augmenté de 0,50 %, tandis que ceux du Dow Jones ont progressé de 0,25 %.

Les espoirs de négociations ont également entraîné une baisse des prix du pétrole aujourd`hui, ce qui a fait grimper le Nikkei 225 japonais de 0,95 %, l`autre grand bénéficiaire étant les optimistes perpétuels en Australie. Les All Ordinaries et l`ASX 200 ont grimpé de 1,0 %, tandis que la Nouvelle-Zélande est revenue à un niveau inchangé après que le gouvernement a réduit les taxes sur le carburant.

Ailleurs cependant, l`Asie est une mer de rouge après que la Chine a annoncé le verrouillage complet de Shenzhen au cours de la semaine pour au moins un mois. Cette annonce a été suivie par un cortège de multinationales qui ont annoncé l`arrêt de la production dans leurs installations situées dans la région. Les craintes de nouvelles perturbations de la chaîne d`approvisionnement en cas de fermeture du port ou de généralisation du verrouillage ont pesé lourdement sur les marchés asiatiques. L`évolution de la situation de la Chine omicron aura potentiellement plus de poids sur le sentiment asiatique cette semaine que le FOMC.

La Chine continentale voit le Shanghai Composite chuter de 1,35 %, le CSI perdant 1,70 %. Hong Kong est en plein recul alors qu`il est aux prises avec son propre cauchemar viral, le Hang Seng chutant de 3,75 %. Le Kospi de la Corée du Sud est en baisse de 0,75 %, et Singapour a chuté de 0,70 %. Taipei a baissé de 0,60 %, et Kuala Lumpur de 0,45 %. Jakarta va à l`encontre de la tendance car de plus en plus d`investisseurs regardent les prix des matières premières et choisissent l`Indonésie comme gagnante. Jakarta est en hausse de 0,50 % aujourd`hui. Bangkok est en hausse de 0,15 %, mais Manille a dégringolé de 3,55 % sous l`effet conjugué de la faiblesse de la monnaie, des remboursements croissants de la dette publique, de la nervosité préélectorale, de la faiblesse de la croissance asiatique et des pressions stagflationnistes qui n`ont fait que s`accentuer avec la pandémie.

Comme toujours, les rallyes observés aujourd`hui en Asie et sur les marchés à terme américains sont à deux doigts de disparaître. Les marchés européens ont timidement plongé leurs orteils dans l`eau vendredi et feront probablement de même aujourd`hui en raison des espoirs de négociations entre l`Ukraine et la Russie. Mais le sentiment restera fragile sur les actions européennes dans un avenir prévisible, pour des raisons que je n`ai pas à expliquer.

Le dollar américain se reprend fortement

La reprise rapide du dollar américain s`est poursuivie vendredi, les investisseurs s`interrogeant sur le degré d`optimisme du FOMC, la courbe des taux américains continuant de s`aplatir, et les investisseurs faisant le plein de protection contre le risque en fin de semaine. L`indice du dollar a progressé de 0,60 % pour atteindre 99,12 vendredi, puis 99,17 en Asie. Une cassure durable au-dessus de 99,50 signalera une nouvelle hausse du billet vert. Les progrès réalisés par les négociateurs ukrainiens et russes laissent la possibilité d`une forte correction vers 98,50, mais seule une clôture sous 97,50 modifie les perspectives haussières globales.

La pression à la vente est revenue sur l`euro après que la BCE ait signalé son peu d`intérêt pour une hausse des taux dans cet environnement la semaine dernière. L`EUR/USD a reculé de 0,69 % à 1,0912 vendredi, oû¹ il reste en Asie. La ligne de support pluriannuelle est de nouveau en vue. Une chute soutenue à travers 1,0800 signalera une perspective technique très baissière, visant un retour sous la parité dans les mois à venir. Une divergence entre la politique monétaire des États-Unis et de l`Europe, les problèmes de l`Europe de l`Est et la flambée des prix des matières premières signifient que la résistance à long terme de 1,1400 reste hors de portée. La paire GBP/USD semble également vulnérable, tombant à 1,3019 en Asie. Si la Banque d`Angleterre ne parvient pas à relever son taux de 0,25 % jeudi et n`est pas assez optimiste, la livre sterling devrait de nouveau atteindre 1,2700.

La nervosité géopolitique et économique a érodé le sentiment des investisseurs et, par conséquent, le dollar australien et le dollar néo-zélandais se sont repliés au cours des deux dernières sessions à 0,7255 et 0,6795 respectivement. Cela a inversé l`image technique haussière pour les deux, avec l`indicateur de force relative (RSI), désormais en territoire neutre après avoir été suracheté. Cela les rend vulnérables à une reprise de la baisse, bien qu`une amélioration de la situation en Ukraine pourrait entraîner un fort rallye sentimental. C`est un jeu de pile ou face à ces niveaux.

Les devises asiatiques ont reculé vendredi et cette tendance s`est poursuivie aujourd`hui après le verrouillage de Shenzhen par la Chine et la fixation par la PBOC d`un Yuan très faible à 6,3506 aujourd`hui. Ce fixing pourrait indiquer que la PBOC a atteint sa limite en matière d`appréciation du yuan et que les devises asiatiques auront du mal à se redresser si la PBOC commence à appliquer des facteurs contracycliques plus agressifs au fixing USD/CNY. Je pense également que la divergence des politiques monétaires commence à peser plus lourdement sur les monnaies asiatiques, le FOMC devant relever le taux d`intérêt cette semaine, avec une orientation hawkish. L`Asie, grand importateur net d`énergie et de matières premières, n`étant pas disposée à relever ses taux d`intérêt malgré les pressions stagflationnistes et le resserrement de la politique monétaire américaine, combiné au ralentissement de la croissance chinoise, l`environnement macroéconomique est négatif pour les devises asiatiques.

L`USD/JPY a explosé à 117,35 vendredi après l`échec de la résistance à 116,50, pour atteindre 117,75 aujourd`hui. Le won coréen, le peso philippin et le nouveau dollar de Taà¯wan sont également sous pression. L`USD/CNY s`est échappé de la zone de résistance et a atteint 3,3650, au-dessus du niveau de référence. La question est de savoir quelle part des réserves de change les banques centrales asiatiques voudront dépenser au premier semestre 2022 pour défendre leurs monnaies. Les gagnants potentiels en Asie restent le Ringgit malaisien et surtout la Rupiah indonésienne, grà¢ce à leurs bases de ressources.

Les prix du pétrole se détendent sur fond d`espoir pour l`Ukraine

Les marchés pétroliers asiatiques ont enregistré un recul peu convaincant aujourd`hui dans l`espoir que les négociations entre l`Ukraine et la Russie passent à un stade constructif, malgré l`élargissement du bombardement russe ce week-end. En outre, le verrouillage de Shenzhen a peut-être tempéré les attentes de la Chine en matière de croissance et, partant, sa consommation d`énergie. Tout cela constitue, à mon avis, une raison très ambitieuse de fixer le prix du pic pétrolier, mais je reconnais que toute amélioration en Europe de l`Est pourrait provoquer une vente très forte et profonde. Malgré les tirs de missiles de l`Iran sur l`Irak au cours du week-end, l`Iran et l`accord nucléaire semblent avoir disparu du radar du marché pour le moment.

Le pétrole s`est échangé de faà§on latérale vendredi, se redressant modestement, les investisseurs se protégeant des risques liés au week-end. Le Brent a augmenté de 2,95 % à 112,95 dollars le baril, tandis que le WTI a augmenté de 3,15 % à 109,15 dollars le baril. En Asie, les deux contrats ont annulé la plupart de ces gains. Le Brent est en baisse de 2,0 % à 110,20 dollars et le WTI de 2,35 % à 106,70 dollars le baril.

Toute progression, aussi timide soit-elle, pourrait permettre de tester rapidement le support du Brent à 106,00 $ le baril, et du WTI à 104,00. Dans ce scénario, les deux prix repasseraient probablement sous la barre des 100 dollars le baril, bien qu`avec les pressions de la stagflation dans le monde qui sont là pour rester, règlement de l`Ukraine ou non, ce sera probablement le niveau le plus bas pour les prochains mois. Le Brent et le WTI ont probablement atteint leur plus haut niveau sur plusieurs mois la semaine dernière, les marchés semblant s`accommoder de la nouvelle normalité. Cela dit, je ne pense pas que le pétrole à 100 dollars le baril incitera l`OPEP à pomper davantage, soutenant ainsi les prix, même si l`Iran vient du froid. Le pétrole pourrait encore revenir à plus de 130 dollars le baril, mais parler de 200 dollars le baril n`est qu`un discours alarmiste inutile.

L`or s`est une fois de plus bràlé trop de doigts

L`action du prix de l`or vendredi et aujourd`hui suggère que son statut de valeur refuge s`est à nouveau affaibli. La raison principale en est la nature agressive des replis, dont celui de la semaine dernière était un classique, qui a placé l`or dans la case trop dure pour de nombreux investisseurs et traders. Dans l`ensemble, l`or fait exactement ce qu`il doit faire dans un contexte de guerre et de stagflation, en restant près de ses plus hauts historiques. Mais c`est un maigre réconfort si vous avez acheté de l`or au-dessus de 2050 $ l`once la semaine dernière et que vous avez déjà perdu 100 $ l`once.

Comme l`or continue de bràler la main qui le nourrit, les prix ont chuté vendredi. L`or a terminé en baisse de 0,40 % à 1 988,50 $ l`once et recule à nouveau en Asie, de 0,75 % à 1 973,50 $ l`once. Le support/résistance se situe à $1960.00 et $2010.00 l`once. Un dépassement de 1960 $ pourrait déclencher des opérations de capitulation et ramener le cours à 1920 $, voire 1880 $ l`once.

Le cas échéant. Les prix de l`argent continuent de se négocier de manière beaucoup plus constructive après la rupture à long terme au-dessus de 24,1000 $. Il reste à voir, cependant, si l`argent peut conserver son éclat si l`or continue à perdre son lustre.

Cette note est proposée et traduite de la version anglaise par la société Oanda à l`aide de DeepL

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