Point des marchés : lundi noir, dollar, récession, pétrole, or

Lundi noir, dollar, récession, pétrole, or.Par Jeffrey Halley, analyste de marché senior, Asie-Pacifique, OANDA.

Un marché qui cherche perpétuellement des raisons de tempérer les attentes de hausse de la Réserve Fédérale (pour pouvoir acheter des actions), a vu celles-ci anéanties vendredi. L'inflation globale américaine s'est accélérée à 8,60 % en glissement annuel, contre 8,30 % précédemment, et l'inflation de base s'est maintenue à 6,0 %, soit un peu moins que les 6,0 % d'avril. Cela a déclenché une ruée pour réévaluer les attentes de hausse de la Fed, certains appelant à une hausse de 0,75% lors de la réunion du FOMC de cette semaine.

Les actions ont été vendues massivement tandis que la courbe de rendement américaine a vu les rendements à court terme grimper en flèche, tandis que le 10 ans à 30 ans a également été vendu. Cela a laissé le ténor 2/10 ans à seulement 10 points de base et le 2/30 ans à seulement 16 points de base. C'est inconfortablement proche de l'horizontale et avec le mot R maintenant sur toutes les lèvres, nous ne pouvons pas exclure la possibilité d'une inversion, que les marchés utilisent comme un signal pour une récession. Le 5/10 ans l'est déjà.

Avec des rendements plus élevés et des marchés qui courent pour se mettre à l'abri, le dollar américain a grimpé en flèche, l'euro a été malmené ainsi que les autres indicateurs de sentiment, le dollar australien, le dollar néo-zélandais et le won coréen. Le pétrole a également reculé une nouvelle fois aujourd'hui alors qu'une récession américaine est compliquée par les tests massifs de covid-19 effectués ce week-end à Pékin et à Shanghai. Je le répète, avec les politiques de covid-zéro, le virus n'a besoin d'avoir de la chance qu'une seule fois et quiconque essaie de choisir le creux de la vague sur les marchés de la croissance et des actions de la Chine en se basant sur le fait que la Chine a été "one and done" sur les verrouillages est naïf.

C'est en train de devenir un lundi noir en Asie aussi, après que les marchés boursiers américains et européens aient été malmenés vendredi, alors que les risques pour la Chine augmentent à nouveau. Les contrats à terme sur les indices boursiers américains ont poursuivi leur chute ce matin, le pétrole continue de baisser, le dollar américain a augmenté alors que les devises asiatiques rattrapent le rallye du billet vert de vendredi, et les marchés boursiers asiatiques subissent une sérieuse pression de vente.

C'est une mesure de la rapidité avec laquelle le sentiment a changé que l'or a réussi à se désengager de sa corrélation inverse vendredi, terminant la journée en hausse à 1871,50 $ l'once. Cela indique à quel point les investisseurs sont nerveux maintenant, même si j'aimerais voir une autre clôture positive face à la force du dollar américain et à la hausse des rendements américains avant de parler d'un creux à moyen terme. Étant donné que l'or a chuté en Asie, je ne suis pas sûre qu'il ne s'agisse pas d'une autre fausse aube pour les chercheurs d'or.

Le plus grand carnage a peut-être eu lieu dans l'espace cryptographique, qui est sur le point de faire ses comptes maintenant que l'inflation mondiale n'est plus un problème et que les réalités d'un nouveau monde où les intérêts fixes rapportent un rendement, bien qu'il soit encore profondément négatif en termes réels. Le bitcoin a chuté d'environ 10 % pendant le week-end, tandis que l'Ethereum a été crématisé, chutant d'environ 20 %. Cette liquidation se poursuit également ce matin et je me demande si des stop loss croisés ne vont pas commencer à laver les classes d'actifs réels. Les choses pourraient s'envenimer si les chevilles des pièces (non) stables comme le tether commencent à se détacher.

Le calendrier des données d'aujourd'hui est inexistant, ce qui signifie que les marchés pourront continuer à croupir sous les sentiments et l'aversion au risque. Les marchés australiens sont fermés aujourd'hui, mais au vu de l'action des prix en Asie, ils pourraient être contents de l'être.

La pièce maîtresse de cette semaine est sans aucun doute la réunion politique du FOMC ce mercredi (NYT). Je ne suis pas sûr que la lecture de l'inflation de vendredi soit suffisante pour provoquer une hausse des taux de 0,75 %, bien que cela n'empêche pas les gens de la prévoir. Une hausse de 0,50 % est déjà faite, et le point crucial sera de savoir quelles sont les perspectives de la Fed à partir de maintenant et si elle reste confiante quant à un atterrissage en douceur. La conférence de presse qui suivra la réunion sera sûrement l'une des plus passionnantes de l'année.

Ailleurs, la Chine publiera son dernier taux de facilité de prêt moyen entre aujourd'hui et jeudi. Le réduire de 2,85% serait une surprise (pas une énorme surprise), car le gouvernement reste déterminé à mettre en place des mesures de relance ciblées et les prêts bancaires ont déjà grimpé en flèche après que le gouvernement ait ordonné aux banques de prêter davantage.

La Réserve fédérale n'est pas la seule banque centrale à prendre une décision politique cette semaine. Jeudi, la Banque nationale suisse aimerait bien augmenter les taux de -0,75 %, j'en suis sûr, mais avec l'aversion au risque qui fait grimper le franc suisse et l'euro qui chute une fois de plus, elle est coincée. La Banque d'Angleterre se réunit également jeudi et les marchés tablent sur une hausse de 0,25 % à 1,25 %. Les discussions sur 0,50 % n'aboutiront à rien car la BOE a déjà levé le drapeau blanc sur l'inflation.

La réunion la plus intéressante, qui est généralement la plus ennuyeuse, est celle de la Banque du Japon vendredi. On s'attend à ce que l'assouplissement quantitatif se poursuive pour toujours et que les rendements des JGB à 10 ans soient plafonnés à 0,25 %. Cependant, USD/JPY a atteint 135.00 ce matin et s'il atteint 138.00 cette semaine, la tentation/le besoin de bricoler le corridor des rendements JGB pourrait devenir irrésistible. Malgré toute la rhétorique contraire récemment, je n'écarte pas totalement la mère de tous les spoofs qui aura lieu vendredi. Étant donné le nombre de positions longues en USD/JPY, une légère hausse du plafond de rendement des JGB pourrait entraîner une chute brutale, peut-être même un retour dans la région des 130.00 ou plus bas. Ne serait-ce pas quelque chose ?

La liquidation des actions se poursuit en Asie

Vendredi, les données sur l'inflation américaine, plus élevées que prévu, ont dissous les espoirs d'un FOMC moins agressif, provoquant une vente massive des marchés d'actions aux États-Unis et en Europe. Le S&P 500 a chuté de 2,91 %, le Nasdaq de 3,52 % et le Dow Jones de 2,73 %. Les choses ne s'annoncent pas mieux pour les futures américains en Asie aujourd'hui, car la vente continue, avec peut-être un œil sur l'effondrement des crypto-monnaies du week-end. Les futures du S&P 500 sont en baisse de 1,40 %, les futures du Nasdaq ont chuté de 1,80 % et les futures du Dow Jones sont en baisse de 1,0 %.

De toute évidence, la dégringolade de Wall Street a provoqué une réaction négative sur les marchés asiatiques aujourd'hui, et les tests de masse effectués en Chine ce week-end ont à nouveau fait monter les nerfs. Le Nikkei 225 du Japon a chuté de 2,70 %, le Kospi de la Corée du Sud fait un peu moins bien, reculant de 2,75 %, tandis que Taïwan est en baisse de 2,25 %.

En Chine continentale, le Shanghai Composite est en baisse de 0,85%, et le CSI 300 de 0,95%. Il n'y a pas de réconfort pour Hong Kong, le Hang Seng a chuté de 2,90% aujourd'hui. Sur les marchés régionaux, Singapour est en baisse de 0,65%, Kuala Lumpur a baissé de 1,50% et Jakarta a reculé de 1,95%. Bangkok a perdu 1,25%, et Manille est en baisse de 0,55%. Les marchés australiens sont fermés, mais la Nouvelle-Zélande a chuté de 2,30%.

Compte tenu de l'action des prix observée aujourd'hui en Asie, et notamment de la poursuite de la chute des futures sur les indices américains, il est peu probable que les marchés européens cherchent à acheter la baisse. Il est plus probable qu'ils continuent à faire la prison sans passer par la case départ. Même les gnomes FOMO perpétuellement haussiers de Wall Street pourraient avoir du mal à trouver une raison d'acheter le plongeon cet après-midi, surtout si la courbe des taux américains continue de s'aplatir.

Une ruée vers le dollar US

Les données sur l'inflation américaine ont entraîné une forte hausse des rendements américains sur l'ensemble de la courbe, un effondrement des actions et, à son tour, une ruée vers les valeurs refuge du dollar américain. L'indice du dollar a franchi la résistance à 104.00 pour gagner 0,85% à 104.18 vendredi, puis 0,26% à 104.46 en Asie. L'indice semble avoir formé un creux à moyen terme maintenant que la réalité de la divergence des politiques monétaires imprègne le monde financier. L'indice dollar a maintenant 105.00 en ligne de mire avec un support à 104.00 et 103.00.

L'EUR/USD a chuté vendredi, détruisant le support à 1.0600, atteignant presque mes objectifs de 1.0500 pour cette semaine. Il a terminé en baisse de 0,93% à 1,0520 et a encore chuté de 0,30% à 1,0490 en Asie. Avec la BCE qui ne devrait augmenter que de 0,50 % au total d'ici septembre, et la Fed qui devrait avoir enregistré 1,50 % de hausses d'ici là, il n'est pas surprenant que la monnaie unique ait repris sa chute. Le fait que l'EUR/USD n'ait jamais sérieusement tenté de regagner son breakout de plusieurs décennies autour de 1.0800 suggère qu'un sommet à moyen terme est maintenant en place. Les développements du week-end en Ukraine n'étaient pas non plus de bonnes nouvelles, ce qui risque de saper encore plus le sentiment. L'EUR/USD a une résistance à 1.0610 dans un premier temps, avec un support à 1.0460.

La livre sterling a chuté de 1,43% à 1.2320 vendredi en raison de l'élargissement des attentes de rendement de la BOE et de la Fed. En Asie, le GBP/USD a encore chuté de 0,23% à 1.2290. La résistance est lointaine à 1.2425, tandis qu'un nouveau test des plus bas de mai autour de 1.2150 est devenu une possibilité distincte.

De façon assez surprenante, étant donné l'évolution des rendements américains vendredi, USD/JPY est resté presque inchangé à 134.40, avant de gagner 50 points à 134.90 en Asie aujourd'hui. Je soupçonne que la chute généralisée des marchés d'actifs vendredi a provoqué le rapatriement du yen par les investisseurs japonais, ce qui a limité les gains d'USD/JPY. Cela s'est calmé aujourd'hui, permettant à la reprise de l'USD/JPY de reprendre. Une clôture journalière au-dessus de 135.00 suggère d'autres gains jusqu'à 138.00 dans la semaine à venir, tandis que seule une chute sous 133.00 change le tableau haussier. Une certaine nervosité autour de la réunion de politique de la BOJ de vendredi pourrait également tempérer les gains d'USD/JPY.

Les dollars australien et néo-zélandais ont relativement bien résisté vendredi, chutant respectivement de 0,74% à 0,7040 et de 0,45% à 0,6355. Un jour férié en Australie et un temps violent en Nouvelle-Zélande réduisent probablement les volumes dans les deux pays aujourd'hui, épargnant de nouvelles baisses, mais je n'exclus pas un selloff de rattrapage à Londres cet après-midi. L'AUD/USD a chuté de 0,25 % à 0,7025 aujourd'hui, avec un support à 0,7000 et 0,6950, et une résistance à 0,7050. Le NZD/USD a chuté de 0.20% à 0.6340, avec un support/résistance à 0.6300 et 0.6450.

USD/Asia a fortement augmenté aujourd'hui après une performance mitigée des devises asiatiques vendredi soir. USD/CNH a augmenté de 0.50% vendredi à 6.7350, et a grimpé de 0.30% à 7.6550 aujourd'hui, avec USD/CNY onshore qui a augmenté de 0.30% aujourd'hui à 7.7370. USD/KRW a fortement augmenté de 1,23% à 1279.30 vendredi, et a encore gagné 0,60% à 1286.70 ce matin. Le reste de l'USD/Asia est en hausse de 0,15% à 0,30% ce matin et il semble probable que les banques centrales régionales fassent un peu de lissage aujourd'hui. La baisse des prix du pétrole apporte un soutien modeste, tout comme la fixation neutre d'USD/CNY aujourd'hui. Cependant, USD/KRW semble en bonne voie pour retester 1292.00 et USD/MYR, qui n'a pas profité de la faiblesse du dollar américain la semaine dernière, pourrait potentiellement atteindre 4.4500 cette semaine. Des attentes plus élevées concernant la hausse des taux de la Fed maintiendront la pression sur les devises asiatiques cette semaine et de nouveaux blocages en Chine rendront la situation encore plus sombre.

Les craintes de récession poussent le pétrole à la baisse

Les prix du pétrole ont légèrement baissé vendredi alors que l'inflation américaine a érodé les espoirs d'un atterrissage en douceur dérivé de la Fed. Les baisses ont toutefois été modestes, soulignant que malgré les nerfs du ralentissement économique, la situation de l'offre et de la demande reste toujours aussi stagflationniste. Le Brent a terminé en baisse de 0,83% à 121,85 $ le baril, et le WTI a chuté de seulement 1,0% à 121,25 $ le baril.

En Asie, le pétrole a de nouveau chuté, cette fois après que les tests de masse effectués à Pékin et Shanghai ce week-end aient fait craindre le retour des lockdowns, diminuant ainsi la demande locale. Le Brent et le WTI ont reculé de 1,30 % à 120,25 $ et 118,90 $ le baril respectivement, près des plus bas niveaux intrajournaliers de vendredi.

À moins que les marchés américains n'anticipent une véritable récession et que la Chine n'appuie à nouveau sur le bouton de verrouillage, il est peu probable que nous assistions à une vente prolongée des prix du pétrole. Avec la conformité à l'OPEP+ qui approche les 200 % et la pression continue sur les produits raffinés comme le diesel dans le monde entier, la dynamique de l'offre et de la demande continue de soutenir les prix.

À court terme, le pétrole brut Brent a un support à 119,50 $ et 118,50 $, avec une résistance à 122,00 et 124,40 $ le baril. Le Brent a tracé quatre récents sommets quotidiens juste au-dessus de $124.00, ce qui suggère que de nouveaux gains seront difficiles, même si la baisse est limitée. Le WTI a un support à $118.00 et $117.00 le baril, avec une résistance à $120.25 et $123.00 le baril.

Le cours de l'or augmente

L'or a connu une session intéressante vendredi, faisant fi de la hausse des rendements américains et d'un puissant rallye du dollar américain pour enregistrer un gain de 1,28 % à 1871,60 $ l'once. L'achat de refuge, alors que les actions et les cryptomonnaies ont fondu, a fait grimper l'or, car les investisseurs ont placé leur argent dans le métal jaune pour couvrir le risque du week-end.

Avec la nouvelle semaine qui commence, il semble malheureusement pour les investisseurs en or que l'action du prix de l'or soit marquée par un air de routine. L'or a chuté de 0,46% en Asie à 1863,10 $ l'once, alors que le rallye du dollar américain se poursuit. Malheureusement, l'or a l'habitude de taquiner les investisseurs en or, pour ensuite anéantir les espoirs avec des corrections à la baisse. J'aimerais vraiment voir une autre session ou deux où l'or défie un dollar américain plus fort avant d'opter pour le côté haussier après un mois de range trading.

En gardant cela à l'esprit, je n'exclus pas une correction continue à la baisse et, dans l'ensemble, l'or reste coincé dans une fourchette de 1830,00 $ à 1880,00 $ avec sa moyenne mobile à 100 jours juste au-dessus de 1890,00 $ l'once. De façon réaliste, l'image technique nécessite une ou deux clôtures au-dessus de 1900,00 $ l'once pour suggérer que l'or est de nouveau en mouvement.

Cette note est proposée et traduite de la version anglaise par la société Oanda à l'aide de DeepL

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