La réserve fédérale américaine terminera sa réunion de politique monétaire d'avril-mai demain soir, ce qui constituera l'un des principaux événements macroéconomique de la semaine en termes d'influence potentielle sur les marchés financiers.
Globalement, pour anticiper la teneur d'une réunion de la Fed, il convient de consulter les indicateurs économiques qui ont été publiés depuis la dernière réunion de la Fed, et notamment les plus récents.
A ce propos, deux mesures de l'économie s'opposent : La croissance US montre toujours des signes de solidité, avec un PIB qui a progressé de 3,2% au T1 2019 contre 2,3% anticipé, tandis que le S&P 500 a touché un nouveau sommet historique hier.
Cependant, d'un autre côté, l'inflation continue d'inviter à la prudence, comme on a pu le voir hier avec l'indice des prix Core PCE rattaché aux dépenses des ménages, la mesure d'inflation favorite de la Fed, qui s'est révélé inférieur au consensus.
L'indice des prix du PIB s'était lui aussi révélé très décevant.
Cette réunion ne sera l'occasion ni d'une nouvelle mise à jour des prévisions économiques, ni d'une mise à jour du dot-plot, ni d'aucune décision de politique monétaire, et les investisseurs se concentreront donc sur le langage de la banque centrale et de son patron Jerome Powell pour tirer des conclusions potentiellement influentes sur les bourses et les devises.
Des indications sur une future baisse de taux sont peu probables, mais seraient très influentes Actuellement, le discours de la Fed est axé sur la « patience » nécessaire avant d'envisager d'éventuelles nouvelles hausses des taux.
Cependant, le marché va plus loin et anticipe déjà une probabilité de 61% d'une baisse de taux d'au moins 0,25% d'ici la fin de l'année selon le baromètre des taux de la Fed .
Un des développements les plus dovish raisonnablement imaginables pour la réunion de demain serait que la Fed abandonne la notion de patience pour se déclarer « prête à ajuster la politique monétaire si nécessaire ».
Les commentaires de Jerome Powell lors de la conférence de presse qui suivra l'annonce des taux pourront également comporter des indices en ce sens.
C'est loin d'être le scénario le plus probable, mais c'est sans doute celui qui aurait la plus forte influence sur le Dollar.
Et après tout, Powell a prouvé sa capacité à se montrer plus dovish que ce que ne prévoit le marché au cours des derniers mois, peut-être en partie pour éviter les foudres de Trump, qui considère souvent la Fed comme trop hawkish.
Par ailleurs, à défaut d'annoncer la possibilité d'une baisse de taux, Powell pourrait tenter d'expliquer ce qui serait nécessaire pour que la Fed envisage cette possibilité, ce qui permettrait d'ancrer les spéculations davantage dans la réalité des intentions de la Fed.
Cela serait sans doute également considéré comme une déclaration dovish.
A quoi doit-on s'attendre au sujet de l'avis de la Fed sur l'économie? La Fed ne devrait pas trop mettre en avant le PIB US du T1 supérieur aux attentes en tant que signe d'amélioration durable de l'économie, puisque comme l'ont souligné plusieurs économistes, la bonne surprise de la croissance US repose essentiellement sur des facteurs appelés à avoir beaucoup moins d'influence dès le T2, à savoir le commerce international et les stocks des entreprises.
Cependant, il faut avouer que certains des risques qui avaient été évoqués par la Fed lors de la précédente réunion se sont tassés : La guerre commerciale Chine-USA est selon toute vraisemblance sur le point de se terminer, la croissance chinoise a ralenti moins que prévu, et la menace du Brexit a été reportée, à défaut d'avoir trouvé une issue positive pour les marchés.
Cette amélioration en ce qui concerne les menaces qui pèsent sur l'économie US, si elle est soulignée par Powell, constituera un signal hawkish.
Le langage au sujet de l'inflation sera également à surveiller de près, face aux récentes données décevantes, qui devraient dans tous les cas empêcher la Fed d'afficher un optimisme trop prononcé.
En conclusion Malgré le PIB US supérieur aux attentes au T1, la Fed devrait se retenir de tout commentaire qui pourrait être jugé hawkish, notamment en raison de la faiblesse des données relatives à l'inflation.
Avec aucune mise à jour importante prévue, le plus probable est que cette réunion de la Fed se révèle être plus ou moins un non-événement, bien que la tonalité dovish qui devrait persister puisse participer à une poursuite de la correction du Dollar, qui recule cette semaine, après un sommet de 4 mois la semaine dernière, comme on le voit sur le Dollar Index.
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