Le président américain Donald Trump a accusé la Chine et l'Europe de manipuler leurs monnaies, ce qui pourrait laisser envisager la possibilité d'une intervention du Trésor pour peser sur le Dollar, une possibilité que nous évoquions ce matin.
Mais les critiques de Trump hier soir peuvent aussi laisser craindre que Washington ne mette ses menaces à excécution, après avoir à plusieurs reprises prévenu de son intention d'imposer des droits de douane sur certaines marchandises provenant de l'UE.
"Les accusations de manipulation de l'Euro se multiplient de la part de la Maison Blanche avec également des discussions sur des tarifs douaniers sur l'UE, tandis que l'UE parle déjà de contre-mesures, ce qui exacerbe les tensions commerciales entre les deux régions", a déclaré Robert Carnell, économiste en chef à la banque ING (AS:INGA).
Rappelons que dans un tweet publié hier, Donald Trump a affirmé que "la Chine et l'Europe jouent à un jeu de manipulation monétaire et injectent de l'argent dans leur système pour concurrencer les USA.
" Il a ensuite appelé à un assouplissement de la politique monétaire, ajoutant que les États-Unis devraient "égaler" les politiques monétaires de la Chine et de l'Europe : Faute de pouvoir influencer la Fed, Trump pourrait répondre par des tarifs douaniers Or, la politique monétaire n'étant pas du ressort de la présidence malgré les multiples critiques et tentatives d'influence de Trump à l'égard de la Fed, et faute de voir le Dollar chuter, il pourrait vouloir rééquilibrer la balance à l'aide de droits de douane.
Il ne faut pas oublier qu'à la fin du mois de mai, le département au Commerce des États-Unis avait proposé des tarifs douaniers sur les marchandises en provenance de pays qui avaient sous-évalué leur monnaie par rapport au dollar.
"Ce changement met les exportateurs étrangers en garde contre le fait que le département du Commerce peut imposer des droits compensateurs sur les subventions monétaires qui nuisent aux industries américaines", a déclaré le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, dans une déclaration.
Plusieurs analystes ont déclaré qu'un euro plus faible pourrait pousser Trump à mettre à exécution les menaces précédentes de tarifs douaniers sur les produits européensen particulier dans le secteur automobile.
“Ce qui nous préoccupe le plus ici, c'est que Trump aura l'intention d'imposer des " tarifs compensatoires " au secteur automobile européen dans les mois à venir, justifiés par le fait que le département au Commerce s'est récemment accordé le pouvoir de le faire face à ce qu'il juge être des pays qui maintiennent leur monnaie artificiellement basse ", a déclaré Ray Attrill, responsable des devises étrangères à la National Australia Bank.
Trump avait menacé dès l'année dernière d'imposer un droit de douane de 25 % sur les importations de voitures en provenance de l'Union Européenne, ce qui selon certains analystes pourrait pousser l'Allemagne, et éventuellement l'ensemble de la Zone Euro vers la récession.
Lundi, le gouvernement américain avait par ailleurs menacé d'imposer des droits de douane sur un montant supplémentaire de 4 milliards de dollars de marchandises de l'UE, dont des olives, du fromage italien et du whisky.
L'accord UE-Vietnam pourrait-il devenir la goutte d'eau qui fait passer Trump à l'action? Enfin, un dernier détail récent pourrait peser dans la balance en faveur de droits de douane US contre l'UE.
Dimanche dernier, l'UE a en effet signé un accord commercial avec le Vietnam, son 16 ème plus important partenaire commercial, éliminant 99% des droits de douane sur les produits importés du Vietnam vers l'UE.
Or, le Vietnam est lui aussi dans le collimateur de Trump.
Dans une interview accordée à Fox Business fin juin, Trump a en effet estimé que le commerce avec le Vietnam est encore moins favorable que le commerce avec la Chine, soulignant que le pays profite en plus largement de relocalisation d'entreprises depuis la Chine, pour éviter les tarifs douaniers US.
Il avait biensur également laissé planer la menace de tarifs douaniers.
Voir l'Europe resserrer les liens avec le Vietnam, son pire partenaire commercial, pourrait en effet irriter le président US au point qu'il mette ses menaces à exécution, aussi bien envers le Vietnam qu'envers l'UE.
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