Le comité de la FED se réunit ce mercredi. Les économistes attendent largement un nouveau relèvement de son taux directeur de 0,25 %.
Cela est presque une certitude.
Néanmoins, la Fed pourrait tout de même surprendre les marchés.
Le resserrement monétaire actuel a lieu sur 2 fronts : les taux et la taille du bilan.
C'est au niveau du détricotage de son QE que la surprise pourrait se manifester, comme l'indique cet article de CNBC : « Au lieu de réduire la taille de son bilan, qui a atteint 4,5 trillions de dollars à son apogée, jusqu'à 2,5 trillions comme certains hauts responsables de la FED l'ont suggérée, la Banque centrale américaine pourrait aller beaucoup moins loin.
Jusqu'à 3,5 trillions de dollars, ou même un peu moins.
Tout dépendra des tensions sur les marchés financiers.
Si la réduction de la taille du bilan de la FED prend fin plus tôt qu'anticipé, les investisseurs peuvent probablement s'attendre à ce que le cycle de relèvement des taux soit interrompu aussi plus tôt que prévu.
« Il y a un débat très intense à propos de l'ampleur souhaitée de la réduction du bilan, il va probablement s'amplifier vraiment durant la réunion du mois d'août », a déclaré l'expert de la FED Lou Crandall, économiste en chef de la société spécialisée dans la recherche économique Wrightson ICAP.
« Il serait facile de se mettre à paniquer et de dire que la FED s'est mise en état de crise.
Mais, d'un autre côté, cela révèle qu'il y a moins de réserves excédentaires qu'anticipé dans le système », a-t-il ajouté.
Cette situation, même si elle est compliquée, ne signifie pas pour autant une crise.
Mais les délibérations à venir vont fournir des éléments de réponse aux investisseurs quant au support qui sera offert aux marchés par la FED, et par corollaire comment ceux-ci vont réagir à ses décisions.
La mécanique
Depuis la crise financière, la FED est un acteur majeur du marché obligataire américain.
Elle a acheté pour près de 2 trillions de dollars de Treasuries depuis la fin 2008.
La demande privée doit compenser depuis la fin du QE, en 2016.
En octobre, la FED a commencé à laisser arriver à maturité une partie de son portefeuille obligataire, tandis que le reste est réinvesti.
Depuis le début de l'opération, le bilan de la FED a baissé de 102 milliards de dollars (Treasuries et MBS).
Simultanément, la Banque centrale américaine a relevé son taux directeur.
Les taux obligataires ont été sous pression haussière alors que la FED se retirait du marché.
Plus récemment, le taux directeur est passé à un écart de 1,5 à 1,75 %.
L'objectif absolu est en fait de 1,7 %, soit à seulement de 0,05 % du taux d'intérêt payé par la FED sur les réserves excédentaires (argent parqué par les banques à la FED au-delà des réserves obligatoires).
Ce taux d'intérêt a toujours servi de référence de base au taux directeur, le taux sur les réserves excédentaires est traditionnellement légèrement supérieur au taux directeur.
D'après le compte-rendu de la réunion du comité de mai, les responsables de la FED craignent qu'une hausse trop rapide du taux directeur puisse étrangler les marchés financiers, ce qui compliquerait la tâche de la réduction de la taille du bilan.
L'une des solutions suggérées fut d'augmenter le taux d'intérêt sur les réserves excédentaires de 0,2 % tout en relevant le taux directeur de 0,25 %.
« Si le serrage de vis monétaire de la FED s'explique en grande partie par les politiques fiscales américaines, nous pensons que les premiers signes de rareté des liquidités ont contribué à cette décision », a déclaré Mark Cabana, stratégiste de Bank of America Merrill Lynch.
Selon lui, l'opération de réduction de la taille du bilan de la FED devrait se conclure fin 2019 ou au début 2020 au plus tard, « avec le risque d'un arrêt de l'opération plus tôt qu'attendu en fonction des choix de politique de la FED ».
On peut se lancer dans des prévisions en estimant la vitesse à laquelle les réserves excédentaires s'assécheront.
Les banques détiennent pour environ 1,9 trillion de dollars de réserves excédentaires à la FED.
Depuis le début de l'opération de réduction du bilan de la FED, ce montant a baissé de 300 milliards.
Et tandis que les règles prudentielles exigent des provisions toujours plus importantes des grandes banques, Crandall estime que les niveaux de réserves ne baisseront pas beaucoup plus que de 1,5 trillion.
Ce chiffre est un peu plus conservateur que celui de Cabana, qui pense que les réserves ne pourront pas baisser de plus d'un trillion.
En termes d'impact sur la taille du bilan de la FED, cela signifie, selon les estimations de Crandall, que le bilan ne pourrait pas baisser en dessous de 3,7 trillions, soit environ d'un demi-trillion par rapport à son niveau actuel.
».
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