- Les matières premières possèdent toutes les caractéristiques nécessaires pour devenir un élément structurel des portefeuilles d'investissement : performance, risque maîtrisé, diversification et caractère protecteur contre l'inflation.
- Contrairement à la pensée commune, les matières premières ont aujourd'hui une capacité à générer du rendement.
De quoi lever le dernier reproche des institutionnels à l'encontre de cet actif! les matières premières sont avant tout performantes.
Sur la base d'un indice diversifié (équipondéré entre énergies, métaux de base, métaux précieux et produits agricoles), elles réalisent une performance supérieure à celles des principaux indices actions européens (Eurostoxx 50, dividendes réinvestis) et américains (S&P 500, dividendes réinvestis), que ce soit sur 5 ans, 10 ans ou 20 ans.
Ainsi, sur 10 ans, leur performance est supérieure de 9% par an à celle des actions américaines ! Qui plus est, cette performance n'est pas réalisée en contrepartie d'un risque plus élevé.
Contrairement à une idée communément admise, la volatilité d'un indice de matières premières est inférieure à celle d'un indice action (19% contre 22% pour le S&P 500 sur 10 ans, sur la base de données quotidiennes).
Au-delà d'un couple rendement-risque satisfaisant, les matières premières bénéficient d'autres arguments pour en faire une classe d'actifs à part entière.
Leur décorrélation par rapport aux autres classes d'actifs, permet à un investisseur de réduire le risque global de son portefeuille, tout en en améliorant l'espérance de performance.
De plus, les matières premières se comportent particulièrement bien dans les phases les plus difficiles pour les marchés actions.
Ainsi, en prolongeant l'étude de Yale (Facts and fantasies about commodity futures, 2004, Gorton/Rouwenhorst) jusqu'en 2010, l'équipe de Prim Finance a fait ressortir que dans les pires mois pour les actions (5% des mois étudiés, de 1970 à 2010, performance mensuelle moyenne de -11%), les matières premières arrivent à réaliser une performance proche de 0%.
L'or, valeur refuge par excellence, réalise même une performance positive.
Les matières premières regroupent donc beaucoup de caractéristiques de nature à en faire un élément structurel des portefeuilles d'investissement.
Si l'on ajoute à cela que, toujours selon l'étude réalisée par l'Université de Yale et prolongée par Prim Finance, les matières premières sont l'actif qui présente le plus fort taux de corrélation avec l'inflation, tout laisse à penser que l'investissement dans les matières premières devrait se développer dans les portefeuilles institutionnels.
Corrélation entre l'inflation et les différentes classes d'actifs de 1970 à 2010 Il reste cependant un obstacle de taille pour convaincre ces investisseurs, c'est « l'absence de rendement » de cette classe d'actifs.
Là où les actions délivrent un dividende, les obligations un coupon, l'immobilier un rendement locatif, les matières premières semblent ne pas pouvoir rivaliser.
Et pourtant, les commodities peuvent présenter un rendement, qui peut atteindre des niveaux importants.
Ainsi, au 04/11/2011, un investisseur qui aurait inclus de l'essence dans son portefeuille, aurait réalisé une performance de 19%, alors même que l'essence s'appréciait sur le marché de 11% ! Sur deux ans, un investissement dans le sucre rapportait 36%, alors même que le sucre ne s'appréciait que de 8% ! Structure de prix à terme du marché sucre Cette différence de pourcentage s'explique par la structure à terme des prix des commodities.
Pour s'exposer à une matière première, un investisseur ne peut en effet pas investir dans la matière première elle-même, qui ne peut être stockée sur un compte en banque.
Il est donc obligé d'acheter un contrat à terme -produit par lequel il s'engage à acheter à une date ultérieure, mais à un prix fixé aujourd'hui, une quantité donnée du produit qui l'intéresse.
Ce produit va, logiquement, évoluer de la même façon que l'actif qu'il permet d'acheter.
Généralement, le prix à terme est supérieur au prix actuel.
En effet, si vous achetez le produit aujourd'hui mais n'en prenez livraison que dans 3 mois, vous n'avez donc pas à le stocker (c'est le vendeur qui va devoir supporter le coût de stockage avant de vous livrer la marchandise, et il vous le fait payer) et vous pouvez placer votre argent pendant 3 mois (ce qui constitue un gain, que le vendeur ne pourra pas obtenir puisque la transaction est décalée, et que là aussi il vous fait payer).
Mais, lorsque la demande d'une matière première augmente et qu'il n'y a plus de moyen de satisfaire l'offre, cette logique ne vaut plus.
Les intervenants qui ont vraiment besoin de la marchandise sont prêts à tout pour l'obtenir tout de suite et acceptent de verser une prime à ceux qui acceptent de reporter leurs achats.
Cela constitue un rendement en plus de la performance de la marchandise, pour l'investisseur qui s'expose aux matières premières en passant par les marchés à terme.
On appelle cela un marché en « backwardation ».
Les matières premières peuvent donc fournir, comme on l'a vu avec le sucre ou l'essence, un rendement en plus de leur performance, exactement comme les autres classes d'actifs.
Elles présentent en outre trois avantages.
- Tout d'abord les valeurs susceptibles de générer un rendement sont identifiées.
En effet, le rendement étant issu d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, il se manifeste de façon beaucoup plus fréquente sur les matières premières dites de consommation, c'est-à-dire celles, comme le pétrole, qui disparaissent à tout jamais lorsqu'on les consomme.
Les métaux de base sont aussi concernés, car même s'ils ne disparaissent pas lors de leur consommation, il est très difficile de les remettre sur le marché en cas de déséquilibre offre/demande (on ne démonte pas les tuyaux en cuivre de sa maison pour gagner de l'argent.
).
Les matières premières intermédiaires peuvent également générer un rendement.
Ce sont les matières premières agricoles essentiellement.
Leur consommation en entraîne la destruction, mais chaque année les semis permettent d'ajuster la production pour équilibrer le marché.
- Seules les matières premières dites de stock, essentiellement les métaux précieux (or, argent.
), dont la consommation n'altère pas la disponibilité, ne génèrent quasiment jamais de rendement.
Toutefois, et c'est là un second atout des matières premières, ces produits, s'ils ne génèrent pas de rendement, ont un caractère défensif qui leur donne un rôle essentiel dans un portefeuille en matière de diversification.
On a ainsi, à disposition au sein des matières premières comme sur les marchés d'actions, des valeurs de croissance, qui présentent une performance et un rendement, et des valeurs défensives, qui ne présentent pas de rendement mais ont une faculté à résister voire à s'apprécier dans les phases difficiles pour les autres classes d'actifs.
Cela fait donc sens, comme dans une gestion actions, de combiner ces valeurs dans un même portefeuille, qui gérera activement le passage d'un type d'actif à l'autre, en fonction du cycle économique.
- Le dernier avantage des matières premières tient à la logique qui crée le rendement dans ce secteur : la rareté.
En effet, si l'on part du principe qu'un certain nombre de commodities, et notamment les matières de consommation comme le pétrole et les métaux de base, sont des ressources finies, on peut supposer que les phénomènes générant du rendement devraient se multiplier dans les années à venir, la consommation croissante ayant de plus en plus de mal à être satisfaite par une ressource finie.
Les matières premières sont donc une classe d'actifs utile à une bonne diversification de portefeuille, et pourraient devenir indispensable du fait d'une capacité croissante à générer du rendement.
Qui plus est, elles présentent un intérêt majeur pour l'investisseur : la persistance de la structure de prix, génératrice du rendement, et l'existence d'une performance supérieure en période où le rendement est positif.
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