Les matières premières restent à l'écart des effets de recorrélation à la baisse qui affectent l'ensemble des marchés financiers lors des phases de fort stress.
Structurellement aussi performantes que les actions sur le très long terme, elles constituent par ailleurs une couverture efficace contre les tensions inflationnistes.
Peu à peu, les matières premières s'invitent dans les allocations d'actifs.
Souhaitable, cette tendance reste toutefois timide, conséquence d'une méconnaissance de cette classe d'actifs, empêchant les investisseurs institutionnels et patrimoniaux de tirer profit à plein de ses avantages.
Et d'ailleurs, quel est l'intérêt de ces matières premières ? Ou plutôt : qu'apportent-elles vraiment dans le cadre d'une allocation de portefeuille construit sur le long terme ? Premier avantage, ces marchés sont décorrélés des marchés financiers traditionnels, ce qui leur permet de réduire efficacement le risque des portefeuilles dans les contextes de marché agités.
Et cette décorrélation n'est pas de seule circonstance, mais une donnée structurelle.
Au cours des 5% des pires performances mensuelles enregistrées en bourse depuis le début des années 1970, les matières premières agricoles, l'or et les hydrocarbures sont tous parvenus à se valoriser.
Seuls les métaux de base ont alors affiché une performance moyenne légèrement négative.
Si on resserre cette étude aux 1% des performances mensuelles les plus défavorables (chute moyenne de 17% sur les marchés d'actions), les matières premières affichent un repli global de 4% à 4,5%, seul l'or réussissant à performer positivement.
Conclusion : en dépit de leur financiarisation croissante, les matières premières restent à l'écart des effets de recorrélation à la baisse qui affectent l'ensemble des marchés financiers lors des phases de fort stress.
Mieux, les métaux précieux jouent toujours leur rôle de valeur refuge et désensibilisent efficacement les portefeuilles à la baisse.
Décorrélées des marchés financiers, les matières premières sont également décorrélées entre elles.
Car enfin, quoi de commun entre un lingot d'or, une tonne de blé et un baril de brut ? Pas grand-chose.
En réalité, les matières premières n'ont de commun que d'être des actifs réels, physiques, à la différence des actifs financiers « papiers ».
C'est à peu près tout.
Tentons une segmentation imparfaite.
Les matières premières dites « de croissance » (pétrole et métaux de base) participent pleinement au fonctionnement de l'économie mondiale.
Elles sont donc cycliques, mais selon une cadence différente des cycles économiques traditionnels, auxquels elles répondent avec retard, en fonction du rythme d'installation de nouvelles capacités de production.
Les matières premières dites « défensives » (métaux précieux) jouent le rôle de valeurs refuge en cas d'incertitude, de recul de la visibilité, voire de panique générale.
Restent les matières premières agricoles, dont les spécificités (une offre dépendant de facteurs climatiques essentiellement exogènes et une demande à la fois croissante et inélastique) apportent une décorrélation totale vis-à-vis de tout autre type d'actif.
Résultat : une grande hétérogénéité dans les distributions de performance et dans les profils de risque.
Autrement dit, il existe à tout moment une matière première à fort potentiel, quel que soit l'environnement économique et financier du moment.
Pour ces raisons, une exposition activement gérée sur ces marchés en fonction des opportunités est de nature à réduire significativement la volatilité générale d'un portefeuille et d'en lisser radicalement les à-coups.
Décorrélantes, les matières premières offrent aussi un gisement de performance dans la durée.
L'émergence de nouvelles zones de croissance économique accroît en effet les besoins pour ces ressources, qui restent pourtant en quantités limitées (ou tributaires de surfaces elles-mêmes en quantités limitées).
D'où la multiplication programmée de situations de relative pénurie et donc, un renchérissement général de ces marchés.
Depuis les années 1970, elles affichent dans leur globalité une performance comparable aux actions américaines, dividendes réinvestis.
Et les grandes mutations économiques et démographiques à l'ouvre ne peuvent qu'amplifier cette solide tendance.
Ce n'est pas tout.
Partiellement responsables de l'évolution générale des prix, les matières premières constituent pour cette même raison une protection efficace contre les tensions inflationnistes.
Ici encore, reste à choisir la bonne couverture.
Comment ? Tout dépend de l'horizon de l'investisseur.
Les métaux précieux offrent de bonnes couvertures dans les environnements pré-inflationnistes.
En prise directe avec l'économie, les métaux de base et le pétrole permettent en revanche de se protéger plus efficacement dans les contextes post-inflationnistes.
C'est ce que montre le prolongement par Prim'Finance d'une étude de Yale, selon laquelle plus l'indice des prix américains à la consommation (CPI) augmente, plus la performance des matières premières s'améliore au détriment des actions.
De quoi lever les derniers freins à une généralisation de cette classe d'actifs dans les portefeuilles.
0 Commentaire