Quelles sont les composantes d'un super cycle de l'énergie propre ?, par Pascal Dudle, Responsable de l'impact coté et gérant, Matthias Fawer, Analyste ESG et Impact Assessment
Si le pétrole en tant que combustible fossile est en voie de disparition, il demeure une matière première importante pour toute une série d'autres secteurs. Cela dit, le monde réduit peu à peu sa dépendance à l'or noir, notamment car les voitures de sport électriques sont considérées comme étant beaucoup plus cool que les SUV gourmands en carburant (une affirmation qui ne fait toutefois pas l'unanimité). Vous pouvez toujours mettre les gaz, mais le gazole va disparaître et malgré ce que semblent penser certains experts, les technologies permettant la transition écologique existent (voir graphique 1).
Les solutions climatiques s'appuient sur le progrès technologique
Les engagements de décarbonation du monde resteront lettre morte sans progrès technologiques rapides. La croissance exponentielle des énergies renouvelables, sous-tendue par les améliorations technologiques de la décennie écoulée, en constitue un bon exemple. Pour une nouvelle installation, le coût de l'électricité d'origine éolienne ou solaire est désormais moins élevé que celui du nucléaire et du charbon, et légèrement inférieur à celui du gaz naturel. Près de 90% de l'augmentation de la capacité électrique mondiale enregistrée l'année dernière est ainsi attribuable à la croissance des énergies éolienne, solaire et hydraulique (voir graphique 2).
Les gouvernements débloquent des sommes considérables
Plusieurs gouvernements annoncent simultanément des programmes d'investissement massifs dans les infrastructures vertes. Le Pacte vert pour l'Europe vise à atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat et à amener le bloc commercial à la neutralité carbone d'ici 2050. Ce plan de 1.000 milliards d'euros financera notamment des projets destinés à atténuer l'impact du changement climatique. Une législation et des politiques clés, notamment un système européen d'échange de quotas d'émission et des objectifs nationaux d'émission pour les transports, le bâtiment et l'agriculture, ont également été mis en place. Parallèlement, les Etats-Unis ont fait leur retour sur la scène climatique internationale après l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. Les démocrates ont présenté un projet de loi sur le climat de grande ampleur, qui vise à décarboner entièrement l'économie américaine d'ici 2050 et prévoit des investissements qui se chiffrent en milliards de dollars dans des infrastructures respectueuses du climat.
La Chine, à la fois premier pollueur mondial[1] et grand installateur d'infrastructures d'énergie verte, ambitionne d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Selon Goldman Sachs, cet effort devrait s'appuyer sur les énergies renouvelables, l'« hydrogène propre » et le captage du carbone et nécessiterait 16.000 milliards USD d'investissements[2]. La question de savoir si tous ces plans porteront leurs fruits fait débat. Quoi qu'il en soit, les gouvernements vont dépenser des sommes considérables. Le nombre d'experts en matière de climat augmente au même rythme que celui des gouvernements qui promettent de lutter contre le changement climatique. On peut notamment citer Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre aujourd'hui envoyé spécial pour le financement de l'action climatique des Nations unies, ou l'ancien secrétaire d'Etat américain John Kerry, actuellement envoyé spécial de Joe Biden pour le climat. Les avis sur la question sont, eux aussi, de plus en plus nombreux. John Kerry a récemment déclaré que la moitié des réductions d'émissions de carbone visées devraient provenir de technologies futures « qui n'existent pas encore » - une déclaration qui a laissé certains ingénieurs pantois.
Les (trois) prochaines décennies représenteront probablement un « super cycle » pour les investissements dans les technologies propres. Les infrastructures d'énergie propre et les transports à faibles émissions sont deux des principaux secteurs à intégrer au sein d'un portefeuille axé sur les défis environnementaux. La mondialisation des politiques en faveur du climat et la volonté affichée par les superpuissances d'atteindre l'objectif « zéro émission nette » entre 2050 et 2060 stimuleront les investissements dans les infrastructures vertes. Les mesures gouvernementales visant à bâtir une économie plus écologique iront dans la même direction. Nous anticipons, pour les trente prochaines années, de nombreuses opportunités pour les investisseurs à long terme dans le secteur de l'énergie.
[1] La Chine représente 28% des émissions mondiales de CO2 ; elle est suivie par les Etats-Unis (15%), l'Inde (7%) et la Russie (5%), d'après l'association américaine Union of Concerned Scientists (données au 12 août 2020) https://www.ucsusa.org/resources/each-countrys-share-co2-emissions [2] « Carbonomics. China Net Zero: The clean tech revolution », Goldman Sachs Equity Research, 20 janvier 2021.
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