. D'un côté, les niveaux de valorisation historiquement faibles créent un filet de sécurité, écartant a priori le scénario d'une très forte baisse.
De l'autre côté, le contexte macroéconomique récessif actuel milite pour un repli général de 15% des bénéfices des entreprises européennes.
La teneur du newsflow micro-économique devrait se révéler globalement négative au cours des tous prochains mois.
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Malgré cet environnement de marché dégradé, il existe des opportunités d'investissement parmi les titres offrant une bonne visibilité dans leurs perspectives bénéficiaires.
On peut constater qu'aujourd'hui les marchés d'actions européens sont à un niveau historiquement faible.
Occupés à anticiper le retournement de la croissance, les investisseurs ont intégré des hypothèses macroéconomiques très prudentes, finissant par purger les excès de valorisation du début de la dernière décennie.
Prenons le PE de Schiller.
Calculé sur les bénéfices moyens par actions constatés depuis 10 ans, celui-ci embrasse par construction toutes les phases d'un cycle et corrige les PE traditionnels de biais de valorisation trop court-termistes.
Cependant, autour de 12,5, le PE de Schiller de l'indice EuroStoxx est très largement en-dessous de sa moyenne historique depuis 30 ans, même hors bulle internet (20,4).
Il est aussi devancé de plus de moitié par son équivalent en Amérique du Nord (19).
Autre signe de la faiblesse de la valorisation des bourses locales, le rendement des actions européennes (4,8%) dépasse aujourd'hui de 2,6 points les taux longs en zone euro (2,2% sur le Bund 10 ans).
Cette inversion de cette prime de risque exceptionnelle ne s'était produite que deux à trois fois au cours des 130 dernières années.
L'Europe (et particulièrement la zone euro) est de très loin la zone la plus décotée.
Ces niveaux historiquement bas suffiront-ils pour amorcer un nouveau rally à court terme ? Probablement pas.
Car si la fin programmée du « bull market » obligataire ne manquera pas de susciter tôt ou tard des mouvements de réallocation de portefeuille vers les actifs dits risqués, les actions sont aujourd'hui prises en tenailles entre des forces contradictoires, qui en réduisent le potentiel de rebond à court terme.
D'un côté, les niveaux de valorisation historiquement faibles créent un filet de sécurité, écartant a priori le scénario d'une très forte baisse.
Un seuil d'autant plus solide que les investisseurs, notamment institutionnels, ont déjà très largement réduit leur exposition aux actions.
De l'autre côté, si le consensus attend toujours une hausse de 10% des bénéfices en 2012 (pour l'EuroStoxx), le contexte macroéconomique récessif actuel milite plutôt pour un repli général de 15% des bénéfices.
Le contenu du newsflow micro-économique devrait se révéler globalement négatif au cours des tous prochains mois.
A l'image de 2009, lorsque l'atteinte du point bas dans les révisions à la baisse des anticipations de bénéfice avait précédé de peu le rebond des marchés, tout rally durable ne pourra s'enclencher que lorsque les analystes auront achevé leur travail de révision, c'est-à-dire lorsqu'ils auront pris la pleine mesure de ce que les marchés ont d'ores et déjà intégré dans les cours.
En attendant, ce momentum défavorable dans les anticipations de croissance bénéficiaire va créer les conditions d'un marché tendu, à la fois volatil et enfermé dans un trading range étroit.
En l'absence des investisseurs à long terme traditionnels, il n'y aura pas d'autres tendances que celles imposées par les flux d'intervenants à très court terme.
Si elle exclut dans l'immédiat une exposition longue indistincte sur l'ensemble de la cote, cette configuration de marché ne disqualifie pas pour autant tout investissement en actions.
Le faible niveau de valorisation des marchés offre en effet des opportunités pour les stock pickers en mesure de sélectionner les titres offrant une bonne visibilité dans leurs perspectives bénéficiaires (qui sont donc les moins vulnérables à des révisions à la baisse).
Ils devraient être en mesure de dégager une performance attractive en 2012, en dépit de cet environnement de marché dégradé.
Comment les choisir ? Ces valeurs doivent impérativement présenter un bilan sain, qui les affranchira de la détérioration des conditions de crédit bancaire, et d'une grande diversification dans leurs sources de revenus (notamment sur le plan géographique).
En résumé, elles peuvent être rangées en 3 grandes familles.
1- Les valeurs dites de « croissance visible », qui profitent d'une bonne lisibilité dans leur profil de croissance à long terme, seront marginalement affectées par le ralentissement mondial.
Exemples : Unilever, Danone, L'Oréal, Sanofi-Aventis.
2- Les valeurs ayant des rendements élevés dégageant d'importants cash flows ce qui leur permettra de garder les moyens financiers d'assurer le versement de leurs dividendes et apportera un rendement bienvenu dans le contexte actuel.
Exemples : total, Eni, certains opérateurs de télécommunication.
3- Certaines valeurs perçues comme cycliques dont les cours ont subi un ajustement excessif à la baisse, recèlent désormais des opportunités de rebond.
Exemple : schneider electric, rexel, michelin.
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