Vous ne le savez peut-être pas, parce que finalement nous sommes pris dans un flot quotidien d'informations qui nous empêche de voir le grand tableau d'ensemble, mais pourtant il faut rapprocher entre eux certains phénomènes pour que l'essentiel apparaisse enfin.
Aujourd'hui, et cela est visible pour tous nos concitoyens qui vivent dans des villes de petite ou de moyenne taille (jusqu'à 50 000 habitants en gros), il y a une véritable crise commerciale pour les commerces de centre-ville qui souffrent terriblement.
De quoi souffrent-ils ?
D'une révolution que l'on ne nomme pas. Une révolution que l'on ne désigne pas.
La révolution Amazon !
Faisons un tout petit peu d'histoire économique !
Le site de vente Amazon a été fondé en 1994 par Jeff Bezos.
Amazon était à l'origine une librairie en ligne.
Alors que les plus grandes librairies physiques et catalogues de vente par correspondance pouvaient offrir jusqu'à 200 000 titres, une librairie en ligne pouvait aller beaucoup plus loin.
Bezos voulait que le nom de son entreprise commence par un A pour apparaître tôt dans l'ordre alphabétique. Il a commencé à regarder dans le dictionnaire et s'est arrêté sur Amazon (Amazone) parce que c'était un lieu « exotique et différent » et que le fleuve était considéré comme le plus grand du monde, destinée qu'il souhaitait à son entreprise.
Depuis 2000, le logo d'Amazon fait figurer une flèche allant du A au Z, formant un sourire qui symbolise la satisfaction du client et indique également qu'ils peuvent vendre tout, de A à Z?
La création d'Amazon est une belle histoire d'ambition de domination.
Jeff Bezos ne crée pas Amazon pour « participer » parce que c'est l'essentiel (maxime destinée uniquement à rassurer les perdants), non, Jeff Bezos joue pour gagner. Et dans son esprit, gagner c'est dominer le monde entier. De A à Z, du début à la fin et dans tous les pays.
Amazon c'est une volonté hégémonique dans la distribution et, disons-le pour le moment, personne ne s'oppose à cette toute-puissance.
L'émergence en 20 ans de ce géant bouleverse des équilibres et menace même directement la grande distribution actuelle, pourtant des géants, des colosses !
Des chiffres impressionnants !
1 000 dollars l'action, une valorisation de 430 milliards d'euros, soit une valeur de 25 fois celle représentée par carrefour, un chiffre d'affaires qui dépasse les 110 milliards annuels et en augmentation constante, sans oublier qu'enfin, Amazon est devenu une entreprise largement rentable alors que ses investissements sont colossaux partout dans le monde.
Avec Amazon Premium, Amazon incite ses clients à « rentabiliser » cette option qui est tout de même extraordinaire, puisque c'est un défi logistique impressionnant qui est relevé chaque jour car si vous commandez aujourd'hui, vous serez livré demain matin !
Extraordinaire donc vous dis-je.
Extraordinaire? sauf que cette révolution est un massacre fiscal ET? social !
Lenglet, dans son émission économique, revient très justement en disant, et je le cite, que « le commerce traditionnel crée 5 fois plus d'emplois qu'Amazon alors que ce même commerce traditionnel est 5 fois plus taxé ».
Car oui, où croyez-vous qu'Amazon paye ses impôts, en France ?
Eh bien non, évidemment.
Amazon ne paye pas beaucoup d'impôts et les paye après négociation auprès du grand-duché d'où vient notre bien-aimé président de la Commission européenne, le Jean-Claude Juncker.
Amazon est donc très bien loti? au Luxembourg.
Pendant ce temps-là, les salariés sont exploités, à tel point que certains couchent même sous les tentes en Écosse. J'en avais d'ailleurs fait un article à l'époque ici.
Amazon c'est donc des pertes fiscales colossales, des pertes d'emplois monumentales, la dévastation de notre tissu commercial de proximité qui assure également le lien social, c'est l'impossibilité évidente pour n'importe quel commerçant de rivaliser avec ce géant car aucune boutique ne pourra jamais avoir la puissance d'achat de ce colosse.
La révolution Amazon n'est pas neutre, au contraire, c'est une forme de dévastation d'un monde.
Si vous êtes commerçant, il va falloir vous adapter. Il n'y aura pas 36 solutions. La première c'est de ne vendre que des produits frais (le commerce de bouche) ou des produits qui nécessitent un fort conseil ou de l'installation physique. Tous les autres commerces seront remplaçables et remplacés à plus ou moins brève échéance par Amazon.
Si vous êtes détenteur de murs de boutiques, attention : le risque de se retrouver avec un actif valant 0 ou presque est de plus en plus élevé, et c'est la même chose pour toutes ces foncières et autres SCPI dont tous les épargnants se gavent pour « améliorer les performances » de leurs contrats d'assurance vie? Le réveil risque d'être douloureux. Ceux qui veulent pouvoir anticiper et éviter quelques écueils peuvent évidemment rejoindre le club des Stratégistes ici, car c'est bien entendu typiquement ce genre de sujet que j'aborde régulièrement dans les colonnes de ma lettre STRATÉGIES.
Il y aurait bien une solution? l'application des lois antitrust et sur la concurrence, car Amazon est déjà en position hégémonique et menace un écosystème entier.
Il va donc falloir une intervention politique pour démanteler Amazon, pour casser Amazon, car Amazon est devenu sans ambiguïté une menace pour le monde. Et vous verrez, nous y viendrons, mais encore une fois ce qui sera fait sera trop peu et trop tard, et le mal aura déjà été fait.
Il est déjà trop tard, mais tout n'est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin Pour m'écrire [email protected] Pour écrire à ma femme [email protected]
Vous pouvez également vous abonner à ma lettre mensuelle « STRATÉGIES » qui vous permettra d'aller plus loin et dans laquelle je partage avec vous les solutions concrètes à mettre en ?uvre pour vous préparer au monde d'après. Ces solutions sont articulées autour de l'approche PEL ? patrimoine, emploi, localisation. L'idée c'est de partager avec vous les moyens et les méthodes pour mettre en place votre résilience personnelle et familiale.
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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