Ecart de taux d'emprunt : le “spread” France-Allemagne s'envole, porté par la crise politique et la censure imminente qui menace le gouvernement Barnier. Cet écart, révélateur de la perception du risque par les investisseurs, s'élevait lundi à 0,88 point de pourcentage, un niveau comparable à 2012. En clair, la France emprunte à 10 ans 0.88 % plus cher que l'Allemagne. Presque 1 point de taux… et 1 point de taux sur 3280 milliards d'euros de dettes cela fait tout de même la somme rondelette de: 32.8 milliards d'euros soit le budget de la défense quand même!
“L'écart entre les taux d'intérêt d'emprunt de la France et de l'Allemagne a fortement augmenté lundi, après que Michel Barnier a engagé la responsabilité sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ouvrant la voie à une censure de son gouvernement. Le taux des obligations de l'État français à échéance dix ans ressortait à 2,92 % vers 15H30 GMT et son équivalent allemand, considéré comme une référence à l'échelle européenne, était à 2,04 %.
A la tribune de l'Assemblée nationale, où il a annoncé son recours à l'article 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, Michel Barnier a exhorté lundi 2 décembre les députés à agir en “responsabilité” et ne pas voter la censure du gouvernement, qui plongerait le pays dans “l'inconnu”.
La France au niveau de la Grèce
Véritable baromètre de la confiance des investisseurs vis-à-vis de la signature de la France, ce “spread” a connu une hausse rapide de 0,08 point depuis la clôture de la séance précédente, vendredi dernier. Un tel mouvement “n'a pas été vu depuis juin et la dissolution”, explique à l'AFP Nicolas Forest, responsable des investissements au sein de la société Candriam. “C'est un signe de crise. En temps normal, un spread français ça ne bouge que de 0,01 ou 0,02 point en une séance”, ajoute-t-il.
La France emprunte à un niveau comparable à celui de la Grèce, un symbole plus de quinze ans après la crise de la dette européenne. “Les investisseurs sanctionnent le manque de vision et l'incertitude croissante, alors que l'objectif reste de ramener le déficit public à 5 % d'ici 2025”, explique Andrea Tueni, responsable des activités de marchés pour Saxo Banque.
Censure ou pas, Barnier ou pas, la chute finale.
Avec 3 280 milliards de dettes, un blocage budgétaire, un blocage politique total, il ne reste que la démission du chef de l'Etat a déclaré Marine Le Pen hier à l'assemblée nationale. “Pour régler une crise, il y a le remaniement, la dissolution et la démission du chef de l'Etat”. Macron a utilisé les deux premiers, sous-entendu il n'a plus qu'à partir.
Je reste persuadé que dans la psychologie du président la démission n'est pas une option.
Ce sera plutôt la fuite en avant. Après tout… “qu'ils viennent me chercher” !
Il ne lui reste donc que le blocage total de la situation entraînant le blocage des institutions et l'impossibilité pour la France de respecter ses engagements internationaux. Alors, Macron pourra s'appuyer sur l'article 16 de la Constitution, prendre les pleins pouvoirs et gouverner par décrets et autres ordonnances.
Il est fort probable qu'une éventuelle destitution soit impossible car il faut les deux tiers du parlement pour y arriver.
La tentation pourrait donc être forte d'y recourir.
Il ne démissionnerait que dans un second temps si la rue et le pays deviennent ingouvernables avec une situation quasi révolutionnaire.
Dans tous les cas, il n'y a plus aucune bonne solution.
Aucune.
Même une élection présidentielle pourrait ne pas assurer à Marine Le Pen par exemple une majorité totale à l'assemblée quand bien même elle gagnerait l'Elysée et rien n'est moins sûr, car le front républicain pourrait aussi faire élire… un Mélenchon.
Même les pleins pouvoirs et l'article 16 ne seront qu'un pis-aller et les risques politiques, démocratiques et de blocages via des grèves est tel que cela sera sans doute intenable au-delà de quelques semaines.
Quand on est allé trop loin dans les erreurs, il n'y a plus de bonne solution.
Il ne reste que des mauvaises options et c'est le cas pour notre pays.
Alors le spread, l'écart de taux avec l'Allemagne va grossir. Grandir. Lorsqu'il deviendra trop important, alors l'odeur du sang fera venir les requins affamés de la finance mondiale. La dette de la France sera attaquée.
Il faudra encore beaucoup d'incertitudes, de tensions politiques, de difficultés à nommer un premier ministre et à le garder, il faudra que les marchés perdent patience, que la BCE et la grosse commission de Bruxelles commencent à se facher pour que Macron, “garant” de la stabilité de l'Etat, petit père des peuples de la nation, dans sa grande mansuétude décide pour nous sauver de prendre les pleins pouvoirs. Nous n'y sommes pas, mais nous en prenons le chemin.
Comme hier, je le redis encore. L'effondrement est inéluctable parce que désormais, les mesures à prendre ou éviter la faillite, ou les conséquences de la faillite elles-mêmes sont à peu de choses près identiques.
Logiquement, nous irons jusqu'au bout du processus de destruction. Il n'y aura pas de redressement avant effondrement. C'est désormais un avis de gros temps.
Charles SANNAT
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