« Les voitures électriques assoiffent les pays du Sud », c'est le titre très inquiétant de cette enquête passionnante du site Reporterre (une enquête diffusée en partenariat avec l'émission La Terre au carré, de Mathieu Vidard, sur France Inter) au sujet des voitures électriques qui assoiffent littéralement les pays du Sud.
Les voitures électriques si vertueuses pour la qualité de notre air nécessitent des quantité astronomique de matières premières.
Pour extraire ces métaux destinés à notre comportement de saints-sauveurs de Gaïa la terre-mère et nourricière, il nous faut de l'eau, beaucoup d'eau.
« Au Maroc, au Chili, en Argentine… les mines engloutissent la ressource de pays souffrant déjà de la sécheresse. »
Voiture électrique, mais certainement pas éthique !
« Au Maroc, la mine de cobalt de Bou Azzer exploitée par la Managem, qui alimente la production de batteries de BMW et qui doit fournir Renault à partir de 2025, prélèverait chaque année l'équivalent de la consommation d'eau de 50 000 habitants. À quelques kilomètres du site se trouvent la mine de manganèse d'Imini et la mine de cuivre de Bleida, tout aussi voraces en eau, qui pourraient bientôt alimenter les batteries de Renault. Le groupe a en effet annoncé vouloir élargir son partenariat avec Managem « à l'approvisionnement de sulfate de manganèse et de cuivre ».
Importer de l'eau depuis le désert.
Importer du cobalt, du cuivre ou du manganèse depuis la région de Bou Azzer, cela revient en quelque sorte à importer de l'eau depuis le désert. Les prélèvements de ces mines s'ajoutent à ceux de l'agriculture industrielle d'exportation. À Agdez et dans les localités voisines, les robinets et les fontaines sont à sec plusieurs heures par jour en été, alors que la température peut approcher les 45 °C. « Bientôt, il n'y aura plus d'eau, s'insurgeait Mustafa, responsable des réseaux d'eau potable du village de Tasla, lors de notre reportage à Bou Azzer. Ici, on se sent comme des morts-vivants. »
Ces voitures électriques sont un drame écologique sur toute la ligne, et nous ferions mieux rapidement de mettre fin à cette électrification impossible en réalité dans sa massification de nos usages routiers.
Nous n'y arriverons pas à « périmtère constant ». Nous serons dans l'incapacité de remplacer chaque voiture thermique par une voiture électrique. Si nous le faisions les dégâts écologiques à travers la planète seraient majeurs, et ce sont les populations locales qui à chaque fois paye le prix de notre capitalisme prédateur.
Prédateur parce que nos niveaux de consommation sont devenus aussi excessifs que délirants.
Bref, une enquête à lire et à suivre pour tordre le cou à la fausse bonne idée du sauvetage du climat avec des voitures à piles.
Charles SANNAT
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