« Dans un rapport publié récemment l'Agence internationale de l'énergie recommande la fin de l'exploration de tout nouveau gisement pétrolier ou gazier dès maintenant. Un coup de semonce pour le secteur.
L'Agence internationale de l'énergie a-t-elle viré casaque ? Il y a trois ans à peine, l'organisation s'inquiétait du manque d'investissement dans l'exploration de nouveaux gisements pétroliers. Une éternité. Mardi matin, à l'occasion de la publication très attendue de sa feuille de route pour la neutralité carbone à horizon 2050, l'AIE a pris un virage à 180 degrés. Si le chemin vers le « net-zero », consubstantiel à l'objectif de limiter le réchauffement 1,5°C à la fin du siècle est encore « praticable », il est désormais « étroit ». Et pour y parvenir, l'agence envisage, entre autres, la fin dès aujourd'hui de l'exploration de nouveaux gisements d'énergie fossile (pétrole ou gaz).
Un vrai coup de semonce pour l'industrie. D'autant plus qu'il émane de l'AIE. Créée en 1973 en réaction à la crise pétrolière – notamment afin d'apporter des données chiffrées aux gouvernements sur cette industrie -, l'organisation dispose depuis toujours de liens étroits avec les oilmen. Tant et si bien que par le passé, certaines de ses vues ont été jugées pro énergies fossiles par certaines ONG de défense de l'environnement. Aussi, cette prise de position est loin d'être passée inaperçue.
Et notamment du côté des pétroliers. Chez Total par exemple, on confie que le rapport sera étudié très « attentivement ». Depuis plusieurs années maintenant, le géant français a entamé sa mue en groupe multi-énergies. Il a annoncé ces derniers mois de vastes plans d'investissements dans le secteur des renouvelables et ambitionne de faire partie du top 5 mondial des supermajors de l'énergie verte ».
Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la portée des propos écrits et tenus dans ce rapport de l'AIE.
Ils recommandent rien de moins que l'arrêt de l'exploration pétrolière et de cesser toutes nouvelles exploitations.
Cela s'appelle gérer en extinction.
Cela veut dire que c'est la fin des énergies fossiles telles que nous les avons vécues.
Cela implique un changement radical de modèle de consommation, de vie, mais aussi de production sans même oublier l'industrie agroalimentaire qui est l'une des industries les plus carbonées au monde.
Lorsque l'on vous parlait de la fin du pétrole, de la déplétion, du pic « oil », et bien nous y sommes, même si c'est affiché autrement et caché à travers la réduction des gaz à effets de serre. Dans tous les cas les conséquences de la fin du pétrole seront les mêmes.
C'est explosif, et aussi très inflationniste.
Charles SANNAT
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