Les communiqués de presse de la BCE sont de plus en plus cocasses, et disons-le, tellement drôles. Oui, drôles car évidemment, on a l'impression que nos grands mamamouchis ne savent plus quoi inventer pour maintenir un semblant de normalité, histoire que la fiction imaginaire collective dure encore un peu plus longtemps.
Vous le savez, et j'en parle régulièrement, si les taux d'intérêts montent brutalement, ils entraîneront tout un tas important de conséquences toutes plus désagréables les unes que les autres.
Par exemple, et la liste qui suit n'est pas exhaustive, une chute des bourses, un effondrement du marché obligataire, la faillite de toutes celles et ceux endettés à taux variables, une augmentation exponentielle des créances tellement douteuses qu'elles seront vite irrécouvrables, les banques rapidement vacilleront, les États, eux, n'arriveront plus à faire face aux intérêts de leurs dettes, de même que les régions ou les communes, le marché immobilier en lévitation depuis 20 ans et en hausse perpétuelle se fracasserait dans un bruit étourdissant fragilisant encore plus des banques déjà malades depuis trop longtemps. Bref, ce serait la catastrophe. Je le sais, ils le savent à la BCE ; en fait, tout le monde le sait.
Alors quand la BCE alerte sur la hausse des taux, je me dis, ha, voilà, il se passe bien ce qui était prévisible, à savoir que jamais la BCE ne pourra plus augmenter les taux en zone euro parce que cela entraînerait des conséquences du type que je viens de vous décrire dans le paragraphe plus haut.
Eh bien non. Pas du tout.
La BCE prévient les banques que si les taux montent, elles doivent faire attention aux dangers des fintech !!
En gros, si les taux montent, faites attention au compte nickel?
Quand on dit que quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le bout du doigt, on y est en plein ! Je cite.
« ?La nouvelle concurrence des ‘fintech' est un élément que les banques traditionnelles doivent davantage prendre en compte dans un scénario de hausse des taux d'intérêt, a averti lundi le superviseur bancaire de la banque centrale européenne (BCE) à l'occasion de la présentation des résultats d'un test de résistance des plus grandes banques de la zone euro.
Une stabilité des dépôts mal modélisée pourrait conduire à des pertes importantes dans un environnement de hausse des taux lié à des coûts de transactions moins élevés que dans le passé grâce aux banques en ligne, a déclaré Korbinian Ibel, directeur de division de la BCE. Ou si des Fintech arrivent et attaquent le marché?. Dans la banque de détail, elles pourraient proposer des conditions de rémunération de compte agressives et ainsi réduire les dépôts des grandes banques ».
Ça alors? C'est un truc de dingue dites-donc !! La BCE vient de découvrir que l'on peut faire le même métier que les banquiers pour beaucoup moins cher et surtout beaucoup mieux !
Cela pose donc de sérieux problèmes, comme, et c'est le premier d'entre eux, l'utilité même du modèle économique des banques aujourd'hui.
Le second est qu'évidemment, les grandes banques traditionnelles et leurs plantureux bénéfices sont largement suffisants pour racheter à peu près n'importe quelle « fintech » qui se lance et connaissant un succès? naissant !!
Il y a donc assez peu de danger que les grands réseaux bancaires se laissent déborder sauf s'ils souhaitent se laisser déborder. Il est plutôt probable que les grandes banques, en rachetant les fintech prometteuses, d'une part étouffent l'innovation et surtout intègrent ces mutations à force de gros rachats.
Et le journal Les Échos de poursuivre :
« 51 sur 111 banques appelées à renforcer leurs fonds propres
Fixé à 0 % depuis mars 2016, le taux directeur de la BCE est historiquement bas. Mais, selon les économistes, le conseil des Gouverneurs pourrait l'augmenter d'ici fin 2018. Des taux d'intérêt plus élevés entraîneraient une hausse des marges nettes d'intérêt au cours des trois prochaines années pour la plupart des banques, mais une baisse de la valeur économique de leurs fonds propres, selon le superviseur bancaire.
Sur les 111 banques européennes testées par l'institution, 60 sont bien armées à un scénario de relèvement des taux de 2 points de pourcentage. Mais 51 le sont moins et la plupart de celles-ci ont été invitées par le superviseur à renforcer leurs fonds propres d'ici l'année prochaine. »
En clair, tout le monde a bien compris que si les taux montent, ce sera mauvais, très mauvais, pour les banques et tout le reste de l'économie, mais chuuuuut, il ne faut surtout pas le dire ni le crier trop fort sur les toits, d'où cette histoire assez capillotractée (tirée par les cheveux) de taux d'intérêt et de fintech ! Vous ne voyez pas de rapport ? Normal, il n'y en avait pas vraiment.
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