Alors que l'inflation ne passe pas et s'amplifie, la BCE vient de décider de passer à l'action en faisant deux choses.
Elle va cesser de racheter des actifs et ainsi d'injecter des liquidités dans l'économie et elle va augmenter les taux d'intérêt ce qui va rendre l'argent plus cher.
Cela fait presque 20 ans que nous nous sommes habitués à de l'argent de moins en moins cher, jusqu'à ce qu'il devienne gratuit.
Mais les choses ne se sont pas arrêtées là.
On s'est même mis à payer ceux qui empruntaient de l'argent avec les taux négatifs de la BCE.
Nous sommes toujours à -0.5% ce qui veut dire que les banques commerciales qui empruntent directement à la BCE sont « payées » en réalité pour prendre des crédits!
Un tournant monétaire historique!
C'est à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs que les annonces ont été faites.
La BCE prévoit donc de «relever les taux directeurs de 25 points de base» lors de leur prochaine réunion le 21 juillet, avant «une autre hausse en septembre».
Christine Lagarde a expliqué que suivra par la suite «une série» de hausses des taux «au cours des prochains mois en fonction des perspectives d'inflation à moyen terme».
La dernière hausse d'intérêt de la BCE date de 2011 soit 11 ans!
L'inflation continue sa course folle et atteint désormais 8,1% sur un an en mai avec quatorze pays sur dix-neuf de la zone euro se situant au-dessus de cette moyenne. « Du jamais vu depuis l'instauration de la monnaie unique et un niveau quatre fois supérieur à l'objectif de la BCE fixé à 2%. «L'inflation est indésirable» et la BCE «va s'assurer qu'elle revienne à l'objectif», a promis la présidente de l'institution Christine Lagarde ».
Le moment de tous les dangers.
Le problème, vous le connaissez.
Nous sommes assis sur une montagne de dettes.
Dettes publiques, dettes privées.
Les entreprises sont endettées.
Les ménages notamment en raison des crédits immobiliers sont endettés.
Et bien évidemment, les états croulent sous les dettes et les déficits.
Une hausse de taux peut-être supportable pour les finances publiques si elle ne dure que deux ou trois ans (car toute la dette ne se refinance pas tous les ans, le taux moyen de la dette d'un pays comme la France met entre 8 et 10 ans pour augmenter en totalité. C'est ce que l'on appelle la « maturité » de la dette).
Pour les ménages comme pour les entreprises qui en dehors de la France empruntent à taux variables les choses vont très vite devenir compliquées.
Enfin, et c'est le plus critique, en laissant filer les taux de marché et en cessant les rachats d'obligations publiques, les divergences de taux vont réapparaître en zone euro et il faudra que la BCE intervienne pour ne pas que la zone euro explose sous la divergence des taux qui commence déjà à pointer le bout de son nez.
Si l'Allemagne n'emprunte actuellement qu'à 1.42% à 10 ans, la Grèce, elle, est déjà à 4.08% et l'Italie à 3.59%.
Cela diverge est c'est LE vrai risque à court terme.
La BCE inventera sans aucun doute un nouveau dispositif, mais nous allons vivre des moments très difficiles et très pénibles qui seront néanmoins « excellent » pour l'or et les métaux précieux, de même que pour le dollar (et le franc suisse).
Nous sortons de 20 ans d'argent pas cher, et de 11 ans d'argent gratuit.
Attachez vos ceintures, cela va tanguer fort.
Charles SANNAT
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