Je vous invite à prendre le temps (cela dure 20 minutes) d'écouter Jean-Claude Trichet, l'ancien gouverneur de la BCE pour entendre la totalité de ses raisonnements et points de vue, mais l'essentiel à mon sens tient en trois points majeurs.
La différence entre le dollar et l'euro.
La pression fiscale en France qui est la plus élevée des pays développés point que vous connaissez par coeur et que je ne développerai pas dans ce texte !
Le fait enfin… que la France n'est pas du tout immunisée contre une crise de la dette, ce qui est une évidence contre laquelle je vous mets en garde, pour les prochaines semaines et mois qui risquent de voir se matérialiser une situation qui est à redouter pour tous les épargnants.
La différence entre l'euro et le dollar.
David Jacquot demande à JC Trichet, pourquoi nous ne ferions pas comme les Américains, en laissant filer nos déficits à 7 % par an par exemple ? Voici la réponse de Trichet qui est très claire. “Nous sommes tous sous contraintes externes pas les Américains pour le moment ce n'est pas le privilège du dollar comme on dit, l'euro vaut le dollar en terme de de monnaie si vous voulez le succès de la monnaie euro est même absolument remarquable le problème c'est que c'est une fédération politique achevée et donc il ils n'ont qu'une seule signature c'est la signature du Trésor américain comme benchmark de l'ensemble si vous voulez alors que nous nous en avons en tout cas certainement 4 5 6 qui ont prétention à être de très bons
marchés et bien entendu l'OAT française est très importante et le Bund allemand, et et le Trésor italien et le Trésor espagnol et malheureusement tout ça ça nous donne comme résultat le fait que nous avons une liquidité et une profondeur de nos
marchés plus faible.
La France n'est pas immunisée contre une crise financière
Pour JC Trichet, “la France est à un point crucial, maintenant de deux choses l'une ou bien elle prend les décisions qui vont lui permettre d'éviter de se trouver dans la situation des cinq pays que j'ai évoqué ou bien elle ne prend pas les décisions
pour l'éviter et alors dans ce cas en effet ce sera la crise qui fera le travail pour elle parce que dans la crise il n'y a plus si vous voulez de discussion”. Il parlait de la crise qui a frappé l'euro il y a plus de 10 ans maintenant à l'occasion de la crise grecque sous l'ère Mario Draghi et qui avait failli emporter la zone euro. Grèce, Espagne, Italie, Portugal les “PIGS” souvenez vous avaient du être soutenu par une intervention massive de la BCE.
Puis JC Trichet va rajouter… “Il s'agit d'éviter de se retrouver dans la situation de l'Italie de l'Espagne du Portugal de l'Irlande virtuellement tous les éléments sont là pour que le moment venu un détonateur si vous voulez qui peut-être un détonateur européen un détonateur mondial un problème géostratégique qui survient qui fait peur à tout le monde et dans ce cas-là alors nous risquons fort d'être dans un paquet un très petit paquet de pays qui seront attaqués”… Je vous laisse regarder l'actualité du moment et chercher quels pourraient être les “détonateurs” ! Ce n'est pas les possibilités qui manquent hélas !
Puis JC Trichet lâche sa bombinette. “L'Espagne , n'était pas un petit pays. l'Italie était un membre du G7 et elle avait un encours de dette en proportion du PIB hélas pour elle considérable donc non je crois qu'on on ne peut pas raisonner comme ça la France n'est pas immunisée la France n'est évidemment pas immunisée face à une crise de la dette c'est c'est évident c'est aveuglant mais c'est bien de le rappeler et d'ailleurs. Quand même nos nos primes de risque si vous voulez c'est-à-dire les spread par rapport à la constellation des autres pays non cessées de se dégrader c'est pas très glorieux d'avoir 5 points de base à 10 ans au-dessus de l'Espagne encore moins glorieux 30 points de base au-dessus du Portugal pour ne pas parler de 40 points de base au-dessus de l'Irlande”
Vous l'avez compris.
Tout le monde l'a compris.
Alors que c'était inenvisageable, une crise financière touchant la France n'est pas devenue certaine ou probable. Elle est devenue possible et c'est déjà largement suffisamment grave.
Charles SANNAT
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