Je ne vous parle pas des dépôts bancaires dans les banques régionales qui partiraient se mettre à l'abri dans les grosses banques, celles trop grosses pour faire faillite par exemple, non, je vous parle du total des dépôts bancaires.
Je vous parle de la somme totale détenue dans les banques par les Américains.
Cette somme baisse.
Et c'est assez logique. Pourquoi ?
Parce qu'il y a moins de prêts octroyés, notamment par les banques régionales qui souffrent.
Ainsi, le crédit que vous faites vous, par exemple, pour acheter votre voiture ou votre maison, c'est un dépôt pour celui que vous payez.
Moins de crédits = moins de dépôts.
Je vous achète votre maison avec de l'argent que je n'ai pas et j'emprunte, mais quand j'achète votre maison, je vous donne bien l'argent tout de suite, même s'il me faut 20 ans pour rembourser la banque !
Moins de crédits = moins de dépôts.
Cela fonctionne aussi avec la voiture que vous allez revendre, ou encore bien évidemment avec le fournisseur de machines pour une entreprise qui va acheter à crédit ses nouvelles machines et le fabricant, lui, va encaisser le montant immédiatement.
Le crédit fait les dépôts en grande partie.
« Les dépôts dans les banques commerciales américaines ont de nouveau chuté au cours de la semaine qui s'est terminée le 5 mai. 5 mai, et l'activité de prêt a repris son déclin, alimentant les inquiétudes quant à une accélération du rythme de resserrement des conditions de crédit qui menacent la croissance économique.
Les dépôts dans les grandes banques américaines sont tombés à 17 150 milliards de dollars, contre 17 167 milliards de dollars la semaine précédente, en données corrigées des variations saisonnières, selon les données publiées vendredi par la Réserve fédérale.
Les prêts des banques commerciales ont diminué à 15,70 milliards de dollars au cours de la semaine, en données corrigées des variations saisonnières. Sur une base non corrigée, les prêts et les locations ont augmenté de près de 4,00 milliards de dollars.
Les prêts résidentiels ont diminué de 2,6 milliards de dollars, les prêts immobiliers commerciaux ont augmenté de 2,9 milliards de dollars et les prêts à la consommation ont diminué de près de 2,5 milliards de dollars par rapport à la semaine précédente. Les prêts commerciaux et industriels ont baissé d'environ 6T$.
Ce rapport intervient quelques jours après que la Fed ait publié en avril son rapport Senior Enquête d'opinion auprès des agents de crédit, qui montre que les grandes banques ont continué à resserrer les normes de prêt aux entreprises et que la demande de prêts a diminué au cours du premier trimestre de l'année ».
Moins de crédits = moins de dépôts.
Moins de dépôts = des banques avec moins de liquidités.
Moins de liquidités = plus de fragilités bancaires.
Cette baisse des dépôts indique d'une part un ralentissement très net de l'activité bancaire, avec moins de crédits, c'est évidemment moins de projets financés et donc moins de croissance. C'est aussi moins de « bénéfices » pour les banques qui gagnent en prêtant de l'argent.
Bref, ce resserrement plus rapide que prévu des conditions de crédit, en particulier dans les banques régionales, devrait freiner les prêts et la croissance économique, « ce qui, de l'avis de beaucoup, aidera la Fed à réduire l'inflation. » Voilà pour la théorie.
En pratique, il faut au minimum 12 à 18 mois pour voir les effets d'une hausse des taux dans l'économie.
Nous n'avons encore rien vu et cela arrive.
Ce qui arrive, ce n'est pas la fin du monde, mais la fin d'un cycle monétaire et de croissance économique basé uniquement sur de l'argent presque gratuit.
Ce sera douloureux pour beaucoup.
La vraie question est de savoir combien de temps cela va-t-il durer ?
Charles SANNAT
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