« Explications de Kuroda sur les vertus des taux négatifs », c'est le titre d'un article de Bloomberg en anglais dont je vais vous traduire ici les grandes lignes.
Pourquoi ?
Parce que cet article montre à quel point nous sommes dans un nouveau monde, ce monde c'est celui de la déflation démographique, qui a pour grande conséquence financière une sorte de déflation miroir des rendements qui deviennent partout négatifs, et le seront durablement.
Le Japon est plutôt en avance sur le reste du monde car c'est le premier grand pays industrialisé à être entré en récession démographique. Et qui dit récession démographique, dit moins de croissance du PIB, car moins de tête de pipe qui cassent leur pipe pour justement créer ce PIB.
Que dit donc, Kuroda ?
« Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a exposé mardi les vertus des taux d'intérêt négatifs dans des commentaires qui maintiendront les acteurs du marché en alerte sur le fait que la banque centrale prendra des mesures en octobre.
S'exprimant quelques jours après une réunion de la BOJ (banque centrale du Japon la Bank Of Japan NDLR) qui a fait naître l'espoir que d'autres mesures de relance seraient prises le mois prochain, M. Kuroda a déclaré qu'il était encore plus près de passer à l'action qu'il l'était en juillet. Bien que le gouverneur ait pris soin de ne pas s'engager à agir en octobre, il a réitéré les conclusions d'un examen de la politique monétaire effectué en 2016, selon lesquelles les taux à court terme ont un impact plus puissant sur l'économie que les taux à long terme.
« Je ne pense pas qu'il faille pour l'instant exclure la possibilité de réduire les taux négatifs en tant qu'option politique « , a déclaré M. Kuroda aux journalistes à Osaka, à la suite d'un discours prononcé plus tôt dans la journée devant les chefs d'entreprise locaux.
Ses commentaires ajouteront probablement à l'impression croissante que la banque centrale du japon se sent plus à l'aise quant à la possibilité d'abaisser son taux négatif dans le contexte d'une vague de réduction des taux par la Réserve fédérale, la banque centrale européenne et d'autres autorités monétaires qui cherchent à endiguer les effets du ralentissement de la croissance mondiale.
L'inflation au Japon s'est ralentie avant même d'approcher la cible de 2 %.
M. Kuroda a réitéré son point de vue selon lequel la Banque du Japon devait examiner de plus près le risque d'un ralentissement mondial qui tuerait la dynamique des prix au Japon par le biais d'un examen des prix et de l'économie en octobre. La banque n'avait pas de conclusions préconçues à tirer de l'examen ou de la décision de politique monétaire, mais elle n'hésiterait pas à prendre des mesures d'assouplissement supplémentaires si l'inflation semblait en perte de vitesse, a-t-il dit.
Les économistes et les observateurs de la BOJ tentent toujours de déterminer si l'appel à la révision de la semaine dernière est plutôt un signal d'action imminente ou une tactique dilatoire, car la banque espère que l'évolution des conditions du marché et de l'économie permettra d'atténuer la nécessité d'agir.
Une chose est sûre : une baisse du taux négatif est de nouveau une possibilité réelle.
Si la banque devait abaisser le taux négatif, elle pourrait quand même empêcher la baisse des taux à long terme en ajustant ses achats d'obligations, a dit M. Kuroda, écartant les craintes qu'un taux à court terme plus bas ne soit pas efficace pour produire une accentuation bénéfique de la courbe de rendement. Il ne serait pas non plus étrange de voir les taux super longs augmenter si les taux à court terme étaient réduits, a-t-il ajouté ».
A retenir, comment lutter contre la baisse des taux longs !
Kuroda, lance une piste intéressante dans cette interview, en effet, il explique qu'il peut faire baisser les taux courts en mettant des taux négatifs encore plus négatifs, mais faire remonter dans le même temps les taux longs, en cessant ou en réduisant les achats d'obligations par exemple à plus long terme ce qui ferait remonter mécaniquement les taux longs..
Bonne idée évidemment pour le « pilotage » des taux, le problème sur lequel cette idée va vite buter est fondamentalement le taux d'endettement du.. Japon, tout en sachant que ce raisonnement est valable pour tous les pays du monde.
Avec 250% de dette sur PIB, pas d'inflation officiellement ou très faible et une croissance du PIB proche de zéro, c'est l'insolvabilité qui guette le Japon si les taux longs montent et dépassent les 3%.
Mais, nul doute que la créativité monétaire trouvera le moyen de repousser encore un peu l'échéance de la mort. Dans tous les cas, ce que l'on gagne en temps, nous le perdrons en valeur monétaire. Soit nous avons une crise d'insolvabilité et des faillites, mais une monnaie sauvée, soit nous sacrifions la monnaie en espérant éviter l'insolvabilité généralisée.
Nous risquons fort, au bout du bout de l'histoire, avoir les deux, à savoir l'insolvabilité généralisée et la crise monétaire.
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