Aujourd'hui Bruno le Maire, notre grand timonier de Bercy, notre saint mamamouchi aux finances nous a présenté dans la luminescence du ministère, son projet de loi de finances pour l'an de grâce 2021.
Il y a plein de choses passionnantes pour qui, comme moi, se passionne de la chose publique et encore plus quand elle touche aux sous de la nation.
Huuummmm.. j'aime sentir toutes ces lignes de chiffres et d'hypothèses chiffrées utilisées en comptabilité nationale pour établir notre budget et le montant de la douloureuse que les mamamouchis ne manqueront pas de nous présenter.
Au fait j'en profite pour faire une petite digression avant de vous agresser avec agrégats économiques et mes chiffres (au passage je viens de vous gratifier d'une allitération en « gre », et Grrrrrrrrr, phonétiquement c'est ce que vous ferez en tant que contribuable quand vous verrez la douloureuse mentionnée un poil plus haut dans ce texte).
Savez-vous ce qu'est un mamamouchi ?
Mamamouchi est un titre, faussement honorifique, pour désigner une personne de haut rang, un haut fonctionnaire. Ce terme a une forte dimension ironique. Il a été inventé par Molière pour » Le Bourgeois gentilhomme « . Depuis toutes ces années où j'utilise ce terme il fallait que je vous en parle de même que de mon amour pour les comédies de Molière.
Voici chose faite.
Revenons à notre budget 2021.
Voici le tableau le plus important, c'est celui des hypothèses financières mamamouchesques. En langue mamamouchi on appelle cela « les principaux éléments de cadrage économique ». Vu ce qu'ils nous coûtent, c'est vrai, qu'ils peuvent au moins parler de manière ampoulée, bien que de vous à moi c'est plus fait pour que vous n'y compreniez rien, mais moi je suis là et je suis bilingue gueux/mamamouchi.
Donc en langue de gueux on dit simplement « hypothèses ». Pas de panique avec ce tableau, je vous retrouve en dessous !
Dans tout ce tableau, ce qui est important c'est la dernière la ligne, celle appelée « capacité de financement des administrations publiques en % du PIB ». En langue de gueux on appelle cela déficit budgétaire. Dit encore autrement c'est la différence entre les recettes et les dépenses, et quand le chiffre est négatif, vous l'aurez déjà compris, c'est que l'on dépense plus que l'on ne gagne.
Pour 2020 c'est 10.2 % de déficit de PIB.. on parle à la louche de 200 milliards. Pour 2021 ce sera 6.7 %.. là on parle de 130 milliards.
Comme les déficits non remboursés deviennent des dettes, ils vont venir s'ajouter à notre dette totale déjà pas mince.
Nous allons donc rajouter un bon 350 milliards d'euros de dettes à notre dette actuelle.. et nous allons nous retrouver avec un endettement de plus de 120 % du PIB en l'an de grâce 2021, et à 6 mois des élections de 2022 lors desquelles notre phare du Palais souhaiterait à nouveau recueillir le suffrage de son bon peuple (les gueux).
120 % de dette sur PIB.. cela fleure bon la Grèce des années 2007 à 2010..
Ce n'est ni bien, ni mal.
C'est.
Notre endettement est hors de contrôle.
La dette n'est plus recouvrable.
Il faudra une résolution monétaire de la chose, et pour cela il faudra trouver un accord au niveau européen.. ou pas.
Parce que si tout cela semble irrémédiablement compromis, notre mamamouchi Bruno, lui, a plus d'un tour de magie dans sa besace !
Dernière chose à retenir de cette loi de finances ? Le joker à Bruno le Maire !!
Le cantonnement ! (c'est comme le confinement mais pour la dette)
« La dégradation de l'endettement public liée à la crise et aux mesures d'urgence et de relance de l'activité économique conduiront à mettre en place un mécanisme pour cantonner et apurer la dette COVID ».
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Que l'Etat va mettre les dettes en plus « covid » dans un truc appelé Caisse de Remboursement de la Dette Covid, comme ça comptablement c'est la CRDC qui sera endettée et pas l'Etat. Donc notre taux d'endettement n'augmentera pas.
Puis on créera un impôt, appelé le CRDC pour contribution au remboursement de la dette covid, et d'ailleurs cela tombe bien, parce que je ne sais pas si on vous a dit, mais la CRDS la contribution pour le remboursement de la dette sociale arrivait à échéance.. YAKA la changer de nom et d'ici 2042 ou 45 on aura remboursé les 300 ou 400 milliards !
« J'aime » la comptabilité publique, il n'y a rien de plus malhonnête !!
Charles SANNAT
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