N'imaginez pas un seul instant que je vais me plaindre du fait que l'économie mondiale tienne le choc.
C'est une excellent nouvelle pour tout le monde et s'il y a de quoi constater tous les jours particulièrement pour le cas de notre pays un effondrement qui est passé du stade de « rampant » au stade de largement « visible » par tous ceux qui veulent voir, force est de constater que l'économie mondiale dans son ensemble tient remarquablement le choc.
Oui il y a une crise, oui il y a de l'inflation oui les prix montent encore et toujours, oui nous avons des pénuries et pourtant elle tourne comme aurait dit l'autre il y a bien longtemps !
Ce qui se passe actuellement peut donc sembler assez mystérieux, tellement étrange, que même Patrick Artus vient de se fendre d'une note à ce sujet.
Voici ce qu'il dit.
Patrick Artus dans sa dernière note revient sur cette question passionnante.
Il avance 5 éléments explicatifs pour justifier de la bonne tenue économique.
1/ Aux États-Unis, la hausse des prix de l'énergie ne conduit pas à une perte de revenu puisque les États-Unis produisent leur énergie, et qu'il y a excédent extérieur pour l'énergie, ce qui est une situation très différente de celle de la zone euro.
2/ Les taux d'intérêt réels, calculés avec l'inflation sous-jacente, restent négatifs aussi bien les taux court terme qu'à long terme, davantage dans la zone euro qu'aux Etats-Unis ce qui soutient la demande intérieure et les cours de bourse.
3/ La consommation des ménages est soutenue par la baisse du taux d'épargne, surtout aux Etats-Unis.
4/ L'investissement des entreprises se redresse aux Etats-Unis et dans la zone euro.
5/ L'investissement en immobilier des ménages recule, particulièrement aux Etats-Unis, mais compte tenu de son poids cela ne coûte que 0.5 point de croissance une perte insuffisante à ce stade pour déclencher une récession.
Vous pouvez télécharger la note de Natixis ici.
Les déficits budgétaires largement sollicités !
Ici Artus qui a raison pour les éléments qu'il avance, aurait pu également parler de la mobilisation des déficits budgétaires, et l'argent que les Etats n'ont pas mais qu'ils dépensent quand même viennent agir comme des amortisseurs de crise.
Il y a également un autre élément très fort à prendre en considération sur l'emploi. Nous avons un nombre important de départs en retraite actuellement ce qui fait qu'il est assez « facile » de trouver du travail (et pas forcément LE travail de ses rêves).
Enfin, les ménages, partout dans le monde qui avaient bénéficié des « quoi qu'il en coûte » des confinements disposent d'une capacité d'épargne largement supérieure à ce qu'elle était avant covid et cela a donné un peu de « mou » et de « gras », mais cette marge de manœuvre a été utilisée depuis février 2022 et le début de la guerre en Ukraine.
Du coup, l'économie mondiale s'est relativement bien tenue.
Le sujet n'est donc pas de savoir si l'économie a tenu. Elle a bien tenu. La question est de savoir si elle va pouvoir tenir encore longtemps et si toutes les « réserves » ont été mobilisées ou s'il en reste encore un peu.
A mon sens nous avons globalement, et c'est particulièrement le cas en Europe mangé les réserves pour les entreprises soumises à des hausses trop fortes de l'énergie.
Ce qui m'inquiète ce n'est pas le pouvoir d'achat des ménages, même si c'est dur pour beaucoup, ce qui est très inquiétant c'est l'équilibre financier des entreprises et le nombre de faillites qui explose à la hausse, car les entreprises font l'emploi, les revenus et les capacités d'emprunts des ménages qui font l'économie dans son ensemble.
Côté entreprises, sans une intervention massive de l'Etat sur les prix de l'énergie ce sera la catastrophe et donc la crise économique assurée pour mi-2023.
Charles SANNAT
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