Matières premières : « Le cours du tournesol a perdu la boussole » titre le quotidien le Monde !
L'Ukraine et la Russie écoulant à elles deux 80 % de l'huile de tournesol commercialisée sur la planète, la guerre alimente les incertitudes sur les capacités de production et la hausse des cours, raconte notre journaliste Laurence Girard.
Quand le soleil printanier se lève dans le ciel, les semences de tournesol, elles, s'enfoncent dans la terre. En France, les agriculteurs commencent à s'activer pour planter la belle fleur jaune, immortalisée par Van Gogh. Difficile, alors que les premières touches de la culture sont à peine posées, de dire à quoi ressemblera le tableau final. Certains tentent tout de même d'estimer la taille du tapis doré qui se déroulera cet été. Arnaud Rousseau, président d'Avril, leader français des huiles et des protéines végétales, table sur une surface comprise entre 700 000 et 800 000 hectares, comparable à celle des campagnes précédentes.
Même si les jachères, autorisées à la culture par le gouvernement, étaient semées en tournesol, elles ne feraient guère bouger la toise. Une quasi-stabilité dans un monde instable. Depuis l'invasion de l'Ukraine, le 24 février, par les armées russes dirigées par Vladimir Poutine, les marchés agricoles, déjà en surchauffe avec la spéculation liée à la reprise économique post-Covid et à quelques aléas climatiques, montent encore en température.
Les projecteurs médiatiques se sont braqués sur le tournesol. L'Ukraine écoule, en effet, à elle seule plus de la moitié de l'huile de tournesol commercialisée sur la planète. En ajoutant la Russie, le flux atteint les 80 %. Résultat, le cours du tournesol a perdu la boussole. « Le tournesol rendu Saint-Nazaire, récolte 2021, se négocie à 1 010 euros la tonne. C'est un plus haut historique. A comparer aux 550 euros la tonne il y a un an, et aux 350 euros la tonne en 2019 », explique Arthur Portier, du cabinet Agritel.
« Peu coûteux à produire »
Lui-même agriculteur, il s'apprête à planter pour la première fois du tournesol. Il a été démarché par des entreprises prêtes à signer des contrats, pour la prochaine récolte, à 800 euros la tonne. Il a décliné, ne connaissant pas ses rendements. « Mais, vu les cours, le tournesol étant peu coûteux à produire, il n'y a pas de risque », ajoute-t-il. La fleur jaune a, en effet, le bon goût d'être peu gourmande en intrants. Un atout maître quand le prix des engrais, dépendant du gaz russe, s'envole.
Le souci est la convoitise des oiseaux attirés par les semences. Julien Mora, agriculteur landais, a peaufiné sa contre-attaque : installation de ballons métalliques gonflés à l'hélium, distribution de maïs autour de la parcelle, effaroucheurs… Le bras de fer dure un mois. En Ukraine, la question de la culture du tournesol est d'une tout autre nature. Comment, dans un pays en guerre, assurer les semis et le suivi de culture ? Nul ne peut aujourd'hui faire de prévisions de récolte. »
Et oui, c'est pour cette raison que nous allons manquer d'huile de tournesol, une des huiles les moins chères à produire, d'autant plus quand elle l'était dans des pays à bas coûts.
Alors que va-t-il se passer ?
Rationnement dans un premier temps puis pénurie.
Les restaurateurs et les industriels de l'agroalimentaire seront en première ligne.
Exit les frites et… les plats cuisinés qui nécessitent de l'huile.
Cela va rendre les productions de plats cuisinés non pas impossibles mais plus onéreuses.
Nous rentrons dans une période de disette et de rareté.
Charles SANNAT
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