Selon les projections d'Engie, les cours du gaz et de l'électricité devraient rester plus élevés que leurs niveaux historiques en Europe, jusqu'en 2027 au moins. Pourtant, depuis quelques semaines, une accalmie s'observe sur les marchés après la crise historique de 2022. Mais celle-ci ne sera que de courte durée, prévient le groupe, qui pointe plusieurs raisons à la possible volatilité à venir.
Engie prévoit que le gaz s'échangera entre 50 et 60 euros le mégawattheure (MWh) jusqu'en 2026-2027, contre moins de 20 euros en moyenne avant 2020
Un marché structurellement déséquilibré
« Pour le gaz, les probables tensions à venir s'expliquent notamment par un bouleversement structurel du marché, durablement plus instable. De fait, pour remplacer les milliards de mètres cubes de gaz naturel qu'elle importait par tuyaux depuis la Russie avant la guerre en Ukraine, l'Europe s'est ruée en urgence sur le gaz naturel liquéfié (GNL), acheminé par bateaux des quatre coins du monde.
« On a jamais importé autant de GNL en Europe qu'en 2022. En France, on a quasiment doublé les importations ! Et on reste sur un très bon niveau en 2023 », souligne-t-on chez Engie.
Dans le détail, les Vingt-Sept sont passés de 100 térawattheures (TWh) environ de GNL importés au cours du mois de juin 2021, à près de 150 TWh en juin 2022 et en juin 2023.
Or, ce marché du GNL étant par essence « mondial », il reste forcément « exposé à plus de volatilités en termes de prix d'approvisionnement » que celui par pipeline, a poursuivi Engie mardi. En effet, alors qu'il semble impossible de flécher les molécules transportées par tuyaux vers un autre acheteur plus offrant, il apparaît bien plus aisé de modifier, en cours de route, la destination d'une cargaison de GNL amenée par navire. Si bien que l'Europe pourrait entrer en concurrence avec d'autres régions pour mettre la main sur les volumes disponibles, lesquels restent limités, entraînant par là même une hausse des prix. C'est d'ailleurs ce qu'il s'était passé en 2022, au détriment de pays jusqu'ici consommateurs de GNL mais incapables de surenchérir face aux Vieux continent, comme le Pakistan. »
C'est en 2027 que de nouvelles capacités opérationnelles seront enfin là !
« En 2027, les nouvelles capacités qui vont arriver, notamment au Qatar et aux Etats-Unis, vont permettre au marché de se rééquilibrer, et d'entamer à nouveau une tendance baissière des prix », affirme le groupe.
Une analyse qui rejoint les conclusions de Rystad Energy : malgré l'actuelle détente, le célèbre cabinet norvégien estime lui aussi que l'excédent de l'offre par rapport à la demande pourrait rapidement s'inverser, surtout en cas d'hiver froid. Résultat : jusqu'à ce que des capacités de production supplémentaires arrivent, « une tension fondamentale sous-jacente » persistera. Et en cas de resserrement du marché, « l'Europe et l'Asie continue[ront] de se faire concurrence pour les approvisionnements disponibles », peut-on lire dans une récente note.
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Charles SANNAT
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