« A l'heure où l'Europe s'apprête à durcir sa réglementation anti-pollution, Carlos Tavares, le patron du groupe automobile franco-italien Stellantis a une nouvelle fois renouvelé ses interrogations concernant la voiture électrique. Une semaine avant la journée investisseurs où il doit présenter son plan d'électrification, Carlos Tavares a encore mis en garde sur les conséquences sociales et financières d'une nouvelle accélération réglementaire ».
Carlos Tavares a également attiré l'attention sur un autre point réglementaire qui pourrait cette fois être conduit par les Etats, qui serait la fin des moteurs thermiques. « La ligne 2035 va probablement l'emporter », a-t-il jugé, évoquant l'échéance actuellement en discussion, soit cinq années avant la date prévue initialement, notamment en France. Mais, il a rappelé que de nombreux élus locaux sont dans une démarche de forte anticipation puisque de nombreuses municipalités s'apprêtent à interdire les moteurs thermiques dès 2025.
Souveraineté géopolitique et technologique
« Nous serions sourds et aveugles de ne pas entendre tout cela », s'est-il exclamé avant d'invoquer la nécessité de prendre des décisions « responsables et anticipées ». Il a rappelé que du temps où il dirigeait PSA (désormais fusionnée avec Fiat-Chrysler dans Stellantis), il avait pris des décisions structurantes pour internaliser la fabrication de moteurs électriques (à Tremery notamment, en Moselle), la fabrication de boîtes de vitesses électrifiées, puis de la fabrication des bacs de batteries puis des cellules. L'esprit était alors de récupérer une partie de la valeur ajoutée qui risque de s'échapper avec la fin de la chaîne de traction thermique avec un enjeu de souveraineté géopolitique (ne pas dépendre de la Chine) et technologique.
Les clients vont-ils suivre ?
Carlos Tavares a toutefois mis en garde contre un marché de l'électrique qui pourrait ne pas être aussi important qu'espéré. « Les clients suivront sous deux conditions qui ne sont actuellement pas remplies », a-t-il lancé. Il a évoqué l'insuffisance de la densité du réseau de recharge: « l'Europe est très en retard ». Selon lui, le rythme de déploiement du réseau n'est pas à la hauteur du mix de voitures électriques recherché par l'Union européenne. Enfin, le modèle économique des voitures électriques ne permet toujours pas d'offrir des produits qui soient à la fois abordables pour les clients et rentables pour les constructeurs ».
Ce qu'il faut retenir…
D'abord que ce n'est pas lui qui décide de la fin des moteurs thermiques et donc du massacre social éventuel allant avec.
Ensuite, qu'aujourd'hui les véhicules électriques ne sont pas particulièrement séduisants pour les consommateurs car ils sont très coûteux et pas très performants notamment en termes d'autonomie.
Qu'enfin, nous avons un énorme problème d'infrastructures de rechargement et l'absence de bornes en nombre suffisant pose un évident problème de montée en puissance du nombre de véhicules potentiel.
Enfin, mettre plusieurs heures pour faire » le plein », ce n'est franchement pas très adapté à nos contraintes modernes. Il va falloir apprendre à ralentir sacrément !
Charles SANNAT
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