C'est une histoire assez invraisemblable que vient de vivre la société française ATOS cotée en bourse.
« Chez Atos, depuis deux semaines, la recherche du nouvel actionnaire s'était transformée en une chasse au fantôme. Mi-mai, un dénommé Dylan Dariah a déclaré à l'Autorité des marchés financiers (AMF) avoir pris 5,08 % du capital d'Atos. Un particulier qui investit 300 millions d'euros dans un groupe du CAC 40 était pour le moins étonnant. Mercredi, ce jeune homme de 26 ans s'est dévoilé. Par l'intermédiaire de son avocat, il a écrit à l'AMF et assuré que ses déclarations de franchissements de seuil « ne correspondent à aucune réalité » selon un avis publié sur le site du gendarme de la Bourse.
C'est l'hypothèse qui était privilégiée depuis plusieurs jours à la fois par Atos et l'AMF. Ces derniers jours, le groupe et ses dirigeants ont mobilisé des banques et des sociétés de conseil pour chercher à en savoir plus sur ce jeune homme de 26 ans, sorti de nulle part. Mais les informations tombaient au compte-goutte.
« On doutait de l'authenticité de la déclaration à l'AMF », explique la direction d'Atos.
D'autant que la procédure du gendarme de la Bourse est assez « légère ». Le formulaire de déclaration n'oblige ni à attester de l'investissement réalisé, ni à communiquer, par exemple, le nom de la banque ou du courtier qui a acheté les actions. L'AMF rappelle d'ailleurs que la « déclaration n'est pas de sa responsabilité » et qu'elle n'implique pas d'authentification.
Sur les marchés, on n'a pas non plus vu passer de nouvel investisseur.
« Il n'y a pas eu de volumes d'achats d'actions suffisamment importants pour construire une telle position », assure une source proche d'Atos. D'autant que la déclaration de Dylan Dariah pèse plus de 5,5 millions de titres Atos. « Ou alors il aurait du être le seul à acheter des actions pendant onze jours, note une autre source. Et sur une société du CAC 40, c'est impossible ».
Même son de cloche chez les courtiers qui ont les yeux rivés sur les ordres de bourse ».
Pourquoi Dylan Dariah a-t-il réalisé une fausse déclaration d'achat de 300 millions d'euros d'actions Atos à l'Autorité des marchés financiers ?
La question reste à ce jour entière.
Disons qu'il y a peut-être un gros, gros malin qui a repéré une faille dans le système de déclaration, puisque finalement, il est possible par ces formulaires de seuil de créer des « impressions » de richesse qui n'ont rien à voir avec la réalité.
Il y a certainement un mobile derrière cette action et il est peu probable que Dylan Dariah ait fait cela rien que pour s'amuser ou attirer l'attention.
Il est également possible qu'il faille beaucoup de temps avant de savoir ce qu'il s'est réellement passé, notamment que l'AMF change ses règles bien légères et son fonctionnement bien naïf, histoire que d'autres petits malins ne profitent pas de la situation d'ici-là.
Charles SANNAT
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