La Bourse de Paris a décroché lors de la séance d'hier lundi.
Nous ne sommes pas face à un lundi noir digne des plus grands krachs boursiers, mais nous pouvons dire sans trop nous avancer que la tendance haussière qui date de la fin du confinement et qui a commencé après le grand krach de mars 2020 est largement enrayée.
Il faut dire que cette hausse a été exceptionnelle.
Elle est intimement liée à deux facteurs.
Le premier, les marchés ont joué à fond la carte de la vaccination en anticipation. Ce qui semble sauver le monde n'est pas tant ces vaccins bien mal conçus et déjà largement dépassés et inefficaces sur les nouvelles souches mais la moindre dangerosité des variants actuels. Peu importe en fait car, fondamentalement, que la pandémie passe parce que les vaccins marchent ou que les virus mutent favorablement conduit au même résultat et aux mêmes effets, à savoir la fin de la crise sanitaire.
Le second facteur, c'est évidemment la politique menée par les banques centrales qui partout dans le monde a permis aux Etats de financer les politiques de type « quoi qu'il en coûte ». Et il en a coûté beaucoup. Enormément.
Nous avons fait comme dans la Cigale et la fourmi.
« Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant ! ».
Vous avez tout dépensé ? J'en suis fort aise. Eh bien ! Remboursez maintenant !
Comme je vous en parle depuis des mois, les problèmes vont se poser non pas pendant la période de gel et de grands froids liés à la pandémie mais lors du dégel et du printemps.
Nous allons être emportés par les flots impétueux des rivières gonflées par la fonte des neiges ! C'est un peu une allégorie pour vous parler de l'inflation qui est si prégnante aujourd'hui et qui détruit le pouvoir d'achat déjà précaire de nombreuses familles.
Alors, les marchés baissent et devraient continuer leur correction avec ou sans krach, avec ou sans accélération de la baisse au fur et à mesure où les banques centrales vont tenter de « normaliser » leurs politiques monétaires ce qui est une véritable gageure compte tenu de la complexité de la situation.
A cela se rajoute les facteurs géopolitiques et cette histoire d'Ukraine !
Face à la montée des tensions géopolitiques entre l'Ukraine et la Russie. Kiev a réaffirmé que l'adhésion à l'Otan est prioritaire. Les investisseurs cherchent refuge dans les emprunts d'Etat, ce qui provoque une détente des rendements et pèse sur les banques.
Et cela n'est pas une nouvelle lorsque, Kiev indique que son adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN demeurait prioritaire, une pierre dans le jardin de Moscou qui fait de la promesse de la non-adhésion de l'Ukraine à l'OTAN une exigence centrale.
Autant agiter un torchon rouge sous les yeux du taureau Poutine en lui demandant de rester calme alors que l'adhésion éventuelle de l'Ukraine à l'OTAN est une ligne rouge qui entraînera immédiatement l'intervention de l'armée russe et le changement de pouvoir dans ce pays.
Du côté de la Banque centrale aux Etats-Unis, « James Bullard, le président de la Réserve fédérale de St. Louis, a réitéré lundi son appel en faveur d'une accélération du rythme de la hausse des taux, estimant que la « crédibilité de la Fed était en jeu » face à l'inflation ».
Vous n'avez donc pour le moment aucun facteur positif pour les marchés et cela devrait s'inscrire dans un mouvement de « flux » de mauvaises nouvelles relativement durable.
La sortie de crise sera très compliquée et l'incertitude induite pèsera durablement sur les marchés. Ils ont monté pendant plus de 18 mois. Un mouvement de baisse à la durée similaire ne serait pas surprenant.
Charles SANNAT
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