Dans un contexte économique incertain, le dollar américain a connu une nouvelle hausse ce jeudi, atteignant des sommets qui n'avaient pas été observés depuis plusieurs semaines.
Cette ascension intervient alors que les investisseurs scrutent attentivement les dernières données économiques et les décisions des banques centrales à travers le monde.
Le dollar s'envole tandis que les banques centrales ajustent leur cap
L'euro perd environ -0,30% pour revenir autour de 1,072 dollar et l'indice du dollar a grimpé à 105,5, soit une hausse de +0,4% frôlant son plus haut niveau en six semaines.
Cette progression s'explique en partie par la publication de données économiques américaines mitigées.
Les demandes d'allocations chômage initiales ont légèrement dépassé les prévisions, restant proches de leur niveau le plus élevé depuis dix mois.
Par ailleurs, le secteur immobilier montre des signes de faiblesse, avec les mises en chantier et les permis de construire chutant à leur plus bas niveau depuis quatre ans.
L'indice manufacturier de la Réserve fédérale de Philadelphie a également connu une baisse inattendue, ajoutant à l'incertitude ambiante.
Ces indicateurs ont conduit les analystes à réévaluer les perspectives de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.
Les probabilités d'une réduction des taux d'intérêt sont désormais estimées à 66% pour septembre, 78% pour novembre, et atteignent 95% pour décembre.
Cette anticipation d'un assouplissement monétaire à venir contraste avec la force actuelle du dollar.
Sur le marché des changes, le billet vert s'est notamment renforcé face à la livre sterling et au franc suisse.
Ces mouvements font suite aux décisions de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (BoE) et de la Banque nationale suisse (BNS), qui ont toutes deux envoyé des signaux dovish aux marchés.
La devise britannique a connu une journée mouvementée ce jeudi, tombant sous la barre symbolique des 1,27 dollars suite à la décision très attendue de la Banque d'Angleterre (BoE).
Comme anticipé par la plupart des analystes, l'institution a choisi de maintenir son taux directeur à 5,25%, un niveau élevé visant à contenir l'inflation.
Focus sur la Banque d'Angleterre
La décision de la Banque d'Angleterre de maintenir son taux directeur à 5,25% lors de sa réunion de juin n'a pas surpris les observateurs.
Cependant, les détails de cette décision ont révélé des fissures dans la position jusqu'ici ferme de la BoE.
Seuls deux membres du comité de politique monétaire ont voté en faveur d'une réduction immédiate des taux, un chiffre inchangé par rapport à la réunion précédente.
Mais le véritable tournant réside dans les commentaires de certains décideurs, qui ont qualifié la décision de ne pas baisser les taux de "finement équilibrée".
Cette nuance, apparemment anodine, a été interprétée par les marchés comme un signal clair qu'un assouplissement monétaire pourrait intervenir plus tôt que prévu cette année.
Les opérateurs de marché ont rapidement ajusté leurs anticipations.
Les probabilités d'une baisse des taux dès le mois d'août ont grimpé en flèche, de même que celles pour septembre.
Néanmoins, le consensus reste prudent, tablant sur une première réduction de 25 points de base en novembre.
Cette perspective d'un assouplissement graduel reflète la délicate position de la BoE, prise entre la nécessité de maîtriser l'inflation et celle de soutenir une économie britannique fragile.
En toile de fond de ces considérations monétaires, le paysage politique britannique ajoute une couche d'incertitude.
Les derniers sondages en vue des élections du 4 juillet placent le parti travailliste en tête des intentions de vote.
Le parti conservateur du Premier ministre Rishi Sunak, actuellement au pouvoir, arrive en deuxième position.
Cette perspective d'un possible changement de gouvernement ajoute à la volatilité de la livre sterling, les investisseurs tentant d'anticiper les implications économiques d'une éventuelle alternance politique.
Cette position plus accommodante s'explique par plusieurs facteurs économiques.
L'inflation au Royaume-Uni est revenue à l'objectif de 2%, sous l'effet d'une modération des prévisions inflationnistes et d'une baisse des prix de l'énergie par rapport à l'année précédente.
Bien que la croissance du PIB ait dépassé les attentes, les enquêtes économiques sous-jacentes suggèrent un ralentissement à venir.
Le marché du travail, bien que toujours tendu selon les normes historiques, montre des signes de détente.
La BoE a néanmoins réaffirmé son engagement à maintenir une politique monétaire restrictive jusqu'à ce que les risques inflationnistes diminuent de manière durable.
Elle reste vigilante face aux pressions inflationnistes persistantes et a promis d'ajuster sa politique si nécessaire en fonction des données et des prévisions économiques à venir.
Cette posture prudente, combinée à l'ouverture croissante à une baisse des taux, illustre le délicat exercice d'équilibriste auquel sont confrontées les banques centrales dans le contexte économique actuel.
Ce qu'il faut retenir
Alors que le dollar américain continue de s'apprécier, les banques centrales du monde entier semblent progressivement s'orienter vers un assouplissement de leur politique monétaire.
La Banque nationale suisse a déjà franchi le pas avec une réduction de 25 points de base de son taux directeur, tandis que la Banque d'Angleterre laisse entrevoir la possibilité d'une baisse prochaine.
Ces mouvements reflètent les défis auxquels sont confrontés les décideurs politiques : maintenir la stabilité des prix tout en soutenant la croissance économique dans un environnement global incertain.
Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si cette tendance à l'assouplissement se confirmera et comment elle affectera les marchés financiers mondiaux.
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