Depuis plusieurs mois, Donald Trump appelle la Fed à abaisser ses taux, pour soutenir l'économie, mais également pour peser sur le Dollar, bien trop haut à son goût, ce qui pénalise selon lui les Etats-Unis dans le commerce international.
Il devrait obtenir gain de cause à la fin du mois en ce qui concerne les taux d'intérêt, avec une baisse de 0,25% du taux des Fed Funds largement anticipée.
Cependant, cette baisse de taux est justement tellement anticipée qu'il y a peu de chances qu'elle impacte significativement le Dollar à la baisse, puisque cette probabilité est déjà intégrée presque à 100% dans les cours du Dollar.
Dans ce contexte, on peut imaginer que Trump en vienne à mettre en oeuvre d'autres leviers que la Fed pour parvenir à faire chuter le Dollar.
C'est le thème que développe la banque Goldman Sahcs dans une analyse publiée hier.
Goldman Sachs (NYSE:GS) a en effet décrit jeudi l'intervention directe sur le marché des changes comme une possibilité, bien qu'il s'agisse d'un "risque faible mais croissant".
L'analyste Michael Cahill a souligné une série croissante de tweets, de commentaires, d'actions et de propositions présidentielles qui ont remis la politique monétaire américaine sous le feu des projecteurs.
Et bien qu'une telle mesure irait à l'encontre de ce qui se pratique depuis le milieu des années 1990, "dans un monde où l'assouplissement quantitatif est devenu presque conventionnel, l'intervention sur le marché des changes n'est pas un grand pas" à franchir, a déclaré Cahill, faisant référence aux programmes QE mis en place par les principales banques centrales en réponse à la crise financière mondiale.
Goldman Sachs précise qu'une décision des États-Unis de vendre des dollars provoquerait probablement une réaction "importante" du marché.
Ces dernières semaines, Trump s'est plaint sur Twitter (NYSE:TWTR) et dans des interviews que la zone euro (entre autres) a affaibli sa monnaie au détriment des exportateurs américains.
Le mois dernier, Trump avait d'ailleurs directement visé le président de la BCE Mario Draghi, sur Twitter, après qu'il ait ouvert la porte à de nouvelles mesures de relance monétaire pour la zone euro.
De plus, Bloomberg a rapporté mercredi que Trump a demandé à ses conseillers de chercher des moyens d'affaiblir le dollar.
Les commentaires de Trump et les mesures prises par les décideurs du monde entier ont fait craindre une éventuelle "course vers le bas", les pays agissant pour affaiblir leur monnaie les uns contre les autres.
Toutefois, certains raisons incitent à penser qu'intervenir directement sur le forex pourrait se révéler compliqué pour les US.
Goldman Sachs a en effet également soulevé un certain nombre de préoccupations opérationnelles qui pourraient compliquer les efforts d'intervention.
Si la Fed ne participe pas à une telle opération, et si le Trésor était contraint de faire cavalier seul, celal limiterait par exemple l'ampleur de l'intervention, même s'il est probable qu'elle aurait encore un effet significatif sur le marché.
Il est cependant fort probable que la Fed s'en remettrait au Trésor, estime la banque, notant que Powell a évoqué rôle traditionnel du ministère en tant qu'intendant de la politique de taux de change.
D'un autre côté, l'intervention contre les monnaies des alliés commerciaux traditionnels, tels que la zone euro, serait probablement considérée comme une escalade des tensions commerciales internationales.
Et malgré tout, les efforts visant à exercer une pression verbale sur le dollar à la baisse semblent être assez efficaces, souligne Goldman.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le risque d'une intervention directe semble au final assez limité, estime la banque.
Notons pour finir que le Dollar Index, une mesure du billet vert par rapport à un panier de six grandes devises, a atteint son plus haut niveau en près de deux ans plus tôt cette année, mais s'est depuis replié à mesure que les attentes de baisse des taux se sont accrues, affichant toujours une hausse de 0,9 % depuis le début de l'année.
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