Après plusieurs jours de baisse, le marché pétrolier affiche un net rebond, porté par l'enthousiasme des investisseurs face aux bons résultats des géants technologiques américains et à une accalmie provisoire sur le front commercial.

Ce regain d'optimisme intervient alors même que plusieurs signaux inquiétants pèsent sur l'équilibre de l'offre et de la demande : contraction du PIB américain, ralentissement industriel en Chine, pressions sur l'OPEP+ pour augmenter la production, et tensions géopolitiques croissantes.
Un rebond inattendu porté par Wall Street
Le marché pétrolier a retrouvé de l'élan jeudi, après avoir atteint un plus bas de trois semaines.
Cette reprise trouve son origine principale dans les performances boursières impressionnantes de Meta et Microsoft, qui ont rassuré les investisseurs sur la santé du secteur technologique américain.
Le West Texas Intermediate (WTI) a progressé de 0,8 %, atteignant 58,5 dollars le baril, tandis que le Brent a gagné 1,2 %, à 61,70 dollars.
Ces hausses ont inversé une tendance négative entamée en début de semaine.
Cette corrélation entre actions et pétrole reflète une vision plus large du marché : la croissance des bénéfices technologiques est perçue comme un signal de résilience économique, stimulant la confiance des investisseurs, y compris sur le marché de l'énergie.
L'ombre persistante d'un ralentissement économique mondial
Malgré ce sursaut, le climat économique reste préoccupant.
Les États-Unis ont enregistré une contraction de leur PIB pour la première fois en trois ans, conséquence d'un afflux massif d'importations anticipées face aux hausses de droits de douane.
Cette situation, liée à la politique commerciale erratique de l'administration Trump, accroît les risques de récession globale.
En parallèle, la Chine – premier importateur mondial de pétrole – montre des signes d'essoufflement industriel, marqués par l'un des pires ralentissements d'activité manufacturière depuis 2023.
Ce double coup porté aux deux plus grandes économies mondiales alimente les doutes sur la robustesse de la demande pétrolière à court terme.
L'OPEP+ sous pression : relancer la production ou soutenir les prix ?
Sur le front de l'offre, les tensions montent au sein de l'OPEP+.
Huit de ses membres doivent se réunir le 5 mai pour statuer sur leur stratégie de production.
Selon plusieurs sources, des pays plaident pour une accélération de l'augmentation des quotas de production, poursuivant la dynamique enclenchée en juin.
L'Arabie saoudite, acteur clé du cartel, a fait savoir qu'elle n'envisage pas de réduire davantage l'offre pour soutenir les prix.
Au contraire, elle affirme pouvoir tolérer une période prolongée de faibles prix.
Cette posture pourrait déséquilibrer davantage le marché, surtout si les producteurs non membres de l'OPEP, comme la Guyane, continuent d'accroître leur production.
Géopolitique : un facteur de soutien fragile mais réel
En parallèle des dynamiques économiques, la géopolitique reste un soutien ténu mais décisif pour les prix.
Les États-Unis continuent de renforcer leurs sanctions à l'égard du pétrole iranien et vénézuélien, limitant ainsi l'offre mondiale.
Par ailleurs, des tensions persistantes avec la Russie pourraient aboutir à de nouvelles sanctions, avec des répercussions sur le marché énergétique mondial.
À cela s'ajoute le report des négociations nucléaires entre Washington et Téhéran.
Ce report – officiellement pour des raisons logistiques – retarde toute perspective d'assouplissement des sanctions envers l'Iran, maintenant ainsi une pression haussière sur les cours.
Stockages américains en baisse : un signal de soutien technique
Un autre élément a joué en faveur du rebond des cours : la baisse des stocks de brut et d'essence aux États-Unis, observée la semaine passée.
Ce recul des inventaires est interprété comme un signe d'une demande plus soutenue que prévu, malgré les signaux macroéconomiques défavorables.
Il offre un contrepoids technique aux perspectives pessimistes de la demande et confirme que, sur le très court terme, les fondamentaux de consommation restent stables, voire légèrement positifs.
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