Le contexte économique et financier a été profondément assaini depuis les derniers blocages institutionnels de l’année 2011.
La politique continue de dominer l'actualité des marchés.
Après la crise géopolitique en Syrie, et la frayeur italienne, voici Outre-Atlantique le “shutdown†puis le plafond de la dette, version 2013.
En cause, tout d’abord les éternelles disputes partisanes au Congrès, qui n’ont pu être aplanies avant le 1er octobre, date limite pour un accord sur le budget 2014.
A court terme, une autre échéance surviendra, plus cruciale encore, dont l’enjeu est le relèvement du plafond de la dette.
Le 17 octobre en effet, les États-Unis pourraient se retrouver en situation temporaire de défaut, si à nouveau aucun accord n’était trouvé.
Une hypothèse qui obscurcit aussi l'horizon des investisseurs.
Au cours de l'été 2011, dans une situation comparable, les parlementaires américains étaient parvenus à un accord in extremis à deux jours de la date butoir.
Trop tardif cependant, il n’avait pas empêché un abaissement de la note américaine, et une chute de 17% de l'indice S&P500.
À l’époque, l’aversion pour le risque avait fait un retour violent sur les marchés : les obligations à haut rendement étaient attaquées, le « VIX », qui mesure la volatilité implicite des options et donc la « peur » des intervenants explosait, tandis que l’or était propulsé vers son niveau record.
Pourtant, même si l'on peut constater une certaine nervosité dans les mouvements quotidiens, les actions restent proches de leur plus haut niveau historique.
Mis à part l’argument – d’ailleurs dangereux -du « déjà vu, même pas peur », quelles sont donc les spécificités de ces nouveaux blocages institutionnels et que pouvons-nous attendre pour ce quatrième trimestre ? Clairement, et comme en 2011, nous assistons à un bras de fer politique.
D'importantes élections “mid-term†sont prévues pour le mois de novembre, mais alors que le Président Obama était sur une ligne de négociation en 2011, il a cette fois-ci maintes fois répété qu'il n'y aurait aucune inflexion de sa part.
Dans une initiative assez étonnante, il s'est même adressé directement à wall street, en s’interrogeant justement sur son manque de réaction.
Il est vrai que s'il est un argument auquel les Républicains les plus têtus ne sauraient résister, c'est bien la perspective d'être tenus pour responsables d'une forte baisse des marchés actions, et donc de l’épargne retraite des ménages américains.
Pourtant, personne ne pense sérieusement que cette impasse puisse être durable et encore moins que les Etats-Unis feront défaut.
La crise politique avait été résolue en 2011, sans empêcher pour autant la déconfiture globale des marchés.
Aussi la vraie différence réside dans la santé globale des économies, beaucoup plus solides aujourd'hui qu'en 2011.
Une baisse de la croissance aux Etats-Unis ne provoquerait pas nécessairement de retour en récession.
Le secteur bancaire américain, encore extrêmement vulnérable en juillet 2011, a été assaini, et il est en voie d’amélioration en Europe.
La zone Euro, qui se trouvait en pleine crise grecque et au bord de l’éclatement en 2011 a su rétablir en grande partie la confiance des marchés, au moins sur sa capacité à soutenir son système financier.
L'issue de cet épisode finira sans doute par être positive, mais son coût sera élevé.
Si le “shutdown†venait à se prolonger, il aurait un impact sur la croissance.
Et dans tous les cas, il aura engendré une nouvelle défiance des investisseurs et des consommateurs.
A posteriori, il semble possible que la Réserve Fédérale ait anticipé cette confrontation lorsqu'elle avait décidé de ne pas ralentir son programme d'assouplissement monétaire.
Au moment où les sociétés s'apprêtent à publier leurs résultats, qui devront être supérieurs aux attentes pour justifier des valorisations élevées aux Etats-Unis, il est sans doute temps de se montrer un peu plus prudent à court terme sur les actions américaines et de leur préférer à moyen terme les actifs risqués (actions, obligations à haut rendement) européens, qui semblent, pour la première fois depuis plusieurs années, présenter un meilleur profil de risque.
Par Michaël Lévy, Associé - Gérant de FLEX 360- Responsable de la multigestion chez 360 AM.
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