Le moral des entreprises allemandes s'est à nouveau altéré en décembre, pour le quatrième mois d'affilée, reflétant une opinion de moins en moins positive de leur part sur les perspectives de croissance de la première économie d'Europe, montre l'enquête mensuelle de l'institut Ifo publiée mardi.
L'institut munichois a annoncé que son indice mesurant le climat des affaires ressort à 101,0 en décembre, au plus bas depuis plus de deux ans, contre 102,0 en novembre.
Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une baisse de l'indice moins prononcée, à 101,8, leurs prévisions variant de 100,8 à 102,5.
"Les entreprises allemandes sont de plus en plus inquiètes", observe Clemens Füst, directeur de l'institut.
"Les entreprises sont moins satisfaites de leurs conditions d'activité du moment et leurs anticipations se sont encore dégradées; il semble que la fête soit finie pour l'économie allemande".
Les conflits commerciaux, les risques de voir la Grande- Bretagne quitter l'Union européenne (UE) sans accord et un tassement de la croissance des marchés émergents s'ajoutent pour freiner une dynamique de croissance à l'oeuvre depuis neuf ans en Allemagne.
Cela a poussé le gouvernement allemand à abaisser sa prévision de croissance pour cette année.
L'Ifo avait lui aussi revu en baisse sa propre prévision de croissance de 2018, anticipant un taux de 1,5%, qui n'est pas remis en cause par l'indice publié ce mardi matin, a précisé l'institut.
L'Ifo a également révisé sa prévision de croissance pour 2019, ramenée de 1,9% à 1,1%, et aussi celle de 2020, de 1,7% à 1,6%.
"Pour ce qui concerne les informations, on passe alternativement de la crainte au soulagement", observe Andreas Scheuerle, de DekaBank.
Ce dernier évoque le Brexit et les manifestations des "Gilets jaunes" en France comme d'éventuels freins à la croissance de l'économie allemande.
En revanche, poursuit-il, les signes d'une détente dans le conflit commercial qui oppose la Chine et les Etats- Unis, sont une bonne nouvelle, ajoutant cependant que les risques économiques pour le moment ont pris l'ascendant.
Klaus Wohlrabe, un économiste de l'Ifo, prend acte du ralentissement économique alllemand, tout en notant qu'il n'y a pas de récession à l'horizon.
Selon lui, le principal risque macroéconomique est le Brexit, source d'une incertitude accrue, et les anticipations d'exportation des entreprises allemandes sont au plus bas depuis novembre 2016.
Il note enfin que la consommation des ménages allemands pourrait être meilleure au vu des hausses salariales et de la situation de l'emploi.
Le sous-indice mesurant le jugement des chefs d'entreprise sur la situation actuelle a reflué à 104,7 contre 104,9 attendu, et 105,5 (révisé) en novembre, tandis que celui des anticipations ressort à 97,3 contre 98,3 prévu et 98,7 en novembre.
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