Le statut quo annoncé par la BCE refroidit les espoirs des marchés. Ou tout au moins l’optimisme de certains investisseurs qui pouvaient s’attendre à un discours un peu plus offensif de la part de Mario Draghi.
Il n’en a rien été.
Prudent dans ses déclarations lors de sa traditionnelle conférence de presse, le gouverneur de la Banque centrale n’a pas envisagé la mise en œuvre d’un nouveau dispositif de financement à long terme des banques européennes, ces fameuses opérations de LTRO.
Pas plus qu’un changement de perspectives concernant le principe de « forward guidance », établi depuis peu par l’institution monétaire à l’instar de la Réserve Fédérale américaine.
Quant à l’hypothèse d’un déclenchement du programme OMT, la BCE se garde bien d’évoquer le lancement effectif d’un processus de rachat illimité d’actifs, similaire au quantitative easing de la Fed.
Un positionnement frileux mais pas innocent, tant la garantie d’une mise en œuvre de l’OMT en cas de détérioration du risque systémique, a à elle seule suffi à stabiliser les marchés financiers européens, en apaisant notamment le service de la dette des pays les plus en difficulté.
Reste qu’en « décidant de ne rien décider », la Banque Centrale fait le choix de ne pas stimuler davantage la reprise de la croissance en zone Euro, au moment où cette dernière pourrait en avoir besoin.
Car l’activité économique européenne demeure encore timide.
Récemment sortie de récession, l’Union monétaire est notamment fragilisée par une lente détérioration du marché du crédit.
Les prêts consentis au secteur privé et aux particuliers ont faibli de 2% sur un an (entre août 2012 et août 2013).
Il faut se rendre à l’évidence : en dépit des prêts aux conditions très attractives consentis par la BCE aux établissements bancaires dans le cadre des opérations de LTRO, la transmission de l’offre de crédit des banques auprès des agents économiques privés est bel et bien grippée.
Il semblerait que la masse monétaire injectée dans le système bancaire européen lors des LTRO 1 et 2 (2 100 milliards d’euros entre 2011 et 2012) se soit déjà évaporée, puisque les banques ont remboursé à la BCE les lignes de financement obtenues.
Il semblerait aussi que les établissements bancaires ne souhaitent pas prendre davantage de risque, à quelques mois d’une revue de leurs actifs par la Banque Centrale Européenne, dans le cadre de la procédure d’ « Asset Quality Review ».
Le constat interpelle.
Ni le programme OMT, encore considéré comme anticonstitutionnel par la Cour Constitutionnelle allemande, ni le principe de « forward guidance », ni les opérations de LTRO, n’ont permis de régler le problème de l’anémie de la distribution de crédit en Europe.
Or, sans crédit, point de reprise durable !.
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