Le dollar américain est le grand gagnant d'un monde marqué par une inflation durablement élevée.
En septembre, l'indice des prix à la consommation aux Etats-Unis a atteint 5,4% en glissement annuel. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis 2008. Depuis le début de l'année, les hausses de prix les plus importantes concernent l'essence (+42,1%), les voitures d'occasion (+24,4%), le gaz (+20,6%) et les protéines animales de type poisson, viande et œufs (+10,5%). La hausse des prix touche une variété de biens et de produits de plus en plus large. Cela complique la tâche de la Réserve Fédérale qui n'a cessé de marteler que les pressions inflationnistes étaient transitoires. Tout porte à croire que ce n'est pas le cas. Elles sont là pour durer. Trois facteurs principaux expliquent la hausse de l'inflation :
1 - Les perturbations au niveau de la chaine d'approvisionnement. Elles devraient subsister tant que la Chine maintient une politique de zéro Covid qui consiste à mettre en quarantaine temporairement toutes les zones où de nouveaux cas de Covid sont détectés, y compris les ports stratégiques pour le commerce international. La politique zéro Covid devrait perdurer au moins une grande partie de l'année 2022 ;
2 - La hausse des prix de l'énergie. Elle est liée à des facteurs conjoncturels (la réouverture des économies après la période de la pandémie) et à des facteurs structurels (le sous-investissement chronique dans les infrastructures énergétiques avant la Covid, particulièrement les énergies fossiles, et l'impact de la transition énergétique sur l'approvisionnement en énergie) ;
3- La formation d'une boucle prix-salaire, surtout aux Etats-Unis. C'est moins le cas en Europe. Les entreprises américaines rencontrent des problèmes de main d'œuvre et font face à des revendications salariales assez fortes. C'est frappant aux Etats-Unis où les mouvements sociaux, pourtant rares, font leur réapparition. La pénurie de main d'œuvre est attribuable à la fois à la crainte de beaucoup d'Américains de tomber malade, au rejet par d'autres de l'obligation vaccinale et aussi à des départs massifs et inattendus en pré-retraite. Une étude intéressante de la Federal Reserve Bank of St. Louis démontre que plus de trois millions d'Américains ont profité de la forte augmentation de leurs fonds de pension, résultat de la progression de Wall Street au cours des deux dernières années, pour partir en retraite de manière anticipée. Cela a accentué la pénurie de travailleurs au moment de la reprise post-covid.
William Gerlach, Country France Manager d'iBanFirst explique : « Le facteur 1) est conjoncturel. Les facteurs 2) et 3) sont de nature structurel. Il faut donc s'attendre à ce que l'inflation aux Etats-Unis reste durablement élevée, potentiellement jusqu'en 2022, voire au-delà. Cela va inciter la Réserve Fédérale américaine à accélérer la normalisation de la politique monétaire. Dans un premier temps, la banque centrale devrait annoncer un ralentissement des rachats d'actifs (tapering en anglais). Cette annonce est attendue le 5 novembre prochain, avec un début effectif à partir de mi-novembre ou au plus tard début décembre. La première estimation de l'indice des prix à la consommation en octobre sera publiée cinq jours plus tard et devrait confirmer le maintien de prix élevés outre-Atlantique. Cela va renforcer les anticipations de première hausse des taux aux Etats-Unis. Le consensus des économistes anticipe une première hausse au deuxième semestre 2022. Le calendrier pourrait s'accélérer. »
Il ajoute « Une inflation élevée aux Etats-Unis devrait se traduire par une baisse de l'EUR/USD, selon nous. La théorie économique enseigne que les monnaies des pays affichant de forts taux d'inflation ont tendance à se déprécier sur le long terme. C'est ce qu'on a constaté dans les années 70 en Europe, par exemple. Cependant, cette théorie ne s'applique pas au dollar américain. Le différentiel d'inflation est important entre les deux bords de l'Atlantique (5,4% aux Etats-Unis contre 3,4% en zone euro en septembre). Il devrait rester élever dans les mois et trimestres à venir. Mais le dollar américain devrait apparaitre comme une valeur refuge pour beaucoup de cambistes dans une monde économique plus incertain, marqué par une inflation plus élevée dans beaucoup de pays développés et un regain de volatilité sur les changes. C'est ce qu'on appelle la fuite vers la liquidité. En période d'incertitude, le dollar est perçu comme une valeur refuge. C'est également le cas si l'incertitude provient des Etats-Unis. Le prochain seuil à surveiller pour l'EUR/USD sera le niveau des 1,13. En cas de franchissement, on pourrait voir la paire renouer avec les 1,10 à long terme. En l'état actuel des choses, on ne voit pas quels éléments pourraient soutenir durablement la monnaie unique européenne. Nous sommes certainement entrés dans un nouveau cycle haussier du dollar américain. »
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