Le risque estimé d'une récession aux Etats-Unis dans les deux ans à venir atteint désormais 40%, montre vendredi une enquête auprès d'économistes qui traduit aussi une baisse des anticipations en matière d'évolution des taux d'intérêt de la Réserve fédérale.
Les estimations des économistes interrogés sur la probabilité d'une récession de la première économie mondiale à un horizon de deux ans se situent ainsi à leur plus haut niveau depuis que la question a commencé à leur être posée en mai 2017.
Leur augmentation, de cinq points par rapport à l'enquête du mois dernier, a été alimentée entre autres par l'aplatissement continu de la courbe des rendements obligataires américains, l'écart de rendement ("spread") entre les titres à deux et dix ans étant tombé récemment sous 10 points de base, son plus bas niveau depuis le début de la dernière récession en date.
Il faut remonter à janvier 2008 pour retrouver une probabilité estimée de récession aussi élevée.
La courbe des rendements américains devrait s'inverser l'an prochain, peut-être même d'ici six mois, et une récession devrait suivre dans un délai qui pourrait ne pas dépasser un an, selon une enquête distincte publiée jeudi.
"La combinaison entre une Fed qui ne pense pas qu'une inversion de la courbe des rendements soit un problème (et) des perspectives mondiales qui ne devraient pas s'améliorer notablement devrait conduire à une erreur de politique monétaire qui précipitera l'économie dans la récession", estime Philip Marey, stratège taux américains chez Rabobank.
L'enquête menée auprès de plus de 100 économistes entre le 6 et le 13 décembre montre aussi que la croissance américaine devrait ralentir progressivement pour tomber à 1,8% en rythme annualisé d'ici la mi-2020, soit la moitié de son niveau estimé du troisième trimestre (3,5%).
Si tous les économistes interrogés ont dit s'attendre à une hausse des taux de la Réserve fédérale le 19 décembre, le consensus suggère deux relèvements supplémentaires seulement en 2019, qui porteraient l'objectif de taux des "fed funds" à 2,75%-3% d'ici la fin de l'an prochain.
Le marché table donc sur une hausse de taux de moins que dans l'enquête précédente et que la Fed elle-même dans ses dernières projections en date, publiées en septembre.
Ces projections doivent être actualisées le 19 décembre.
Mais les contrats à terme sur les "fed funds" n'intègrent aujourd'hui qu'une seule hausse de taux l'an prochain.
Sur les 58 économistes ayant répondu à une question sur le sujet, 37 ont dit que leur conviction avait évolué en faveur d'un nombre plus réduit de hausses de taux depuis un mois.
"Si le resserrement de la Fed est un facteur important de montée des risques récessionnistes en 2019, une pause dans le resserrement devrait être suffisante pour empêcher ces risques de se matérialiser", notent les économistes de Morgan Stanley.
Selon l'enquête, le taux d'inflation "core PCE", le plus suivi par la Fed, devrait se situer à 2,0% en moyenne en 2019, puis à 2,1% en 2020.
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