« Un nombre grandissant de risques pèsent sur les investisseurs alors que les marchés mondiaux sont sur le point d'entrer en 2016.
Les plus importants d'entre eux ayant connu des hausses records durant les six dernières années, leur situation semble bancale.
Risque numéro 1 : La déroute du marché obligataire corporate Des sociétés à qui on n'aurait jamais dû prêter de l'argent ont emprunté des sommes records grâce à des années de taux zéro.
Cependant, cette période du crédit facile arrive à son terme.
Dans le secteur énergétique américain : les prix du baril de pétrole à des plus bas records ont mis sous une pression énorme les finances les sociétés actives dans la fracturation hydraulique.
Chesapeake Energy était l'une des plus grosses sociétés de ce secteur aux États-Unis ainsi que le second émetteur d'obligations pourries du secteur ayant collecté 11 milliards de dollars auprès des investisseurs.
L'exploitation du pétrole de schiste n'est plus rentable alors que le pétrole est tombé en dessous des 40 $ le baril.
Les obligations de Chesapeake Energy se sont écroulées de 48 % la semaine dernière, ses investisseurs se retrouvant lessivés.
Le coût de l'assurance sur les obligations de Chesapeake, soit des CDS, a explosé alors que les porteurs de cet actif tentent désespérément de couvrir leurs pertes.
Risque numéro 2 : La crise du crédit des émergents Le pétrole de schiste est loin d'être l'unique secteur en difficulté.
De nombreuses sociétés pétrolières conventionnelles, de la mer du Nord au Golfe du Mexique, se basent sur la valeur théorique de leurs réserves de pétrole pour déterminer combien elles peuvent emprunter.
Les banques ont abaissé le plafond de crédit de la société d'exploration pétrolière Ithaca Energy alors que la valeur de ses réserves a été abaissée pour refléter les cours actuels.
Il s'agit quasi d'une première : une banque réduit la ligne de crédit d'une société pétrolière alors que la source du crédit se tarit, des faillites sont à anticiper l'année prochaine parmi ces sociétés fragiles toujours plus nombreuses.
Le secteur de l'énergie traverse une période difficile mais le souci pourrait être contenu vu qu'il ne représente qu'environ 15 % du marché global des obligations pourries.
Le plus gros problème se situe du côté des émergents.
Les sociétés du secteur des matières premières du Brésil, de Russie, d'Inde et de Chine qui ont emprunté en dollars américains risquent la faillite l'année prochaine.
Le raffermissement du billet vert et l'effondrement des devises des marchés émergents rendront impossible le remboursement des mensualités pour de nombreuses sociétés.
Risque numéro 3 : La contagion La crise s'est déjà propagée du secteur énergétique au secteur pharmaceutique.
Valeant était l'une des sociétés émettrices d'obligations pourries les plus importantes lorsqu'elle a émis 10 milliards de dollars d'obligations en mars de cette année pour racheter Salix.
La société pharmaceutique canadienne a vu le prix de ses actions et de ses obligations chuter fortement après la publication d'un rapport de Citron Research qui remet en question l'expansion agressive de la société et l'exactitude de ses chiffres de vente à travers son réseau de pharmacies.
Valeant a fortement démenti les accusations mais les dégâts sont faits.
Outre la polémique, le problème de Valeant est qu'on a permis à cette société de grandir incroyablement vite à travers des acquisitions financées par le crédit bon marché.
Soit une situation possible uniquement dans le contexte actuel de taux planchers.
L'effondrement du marché des obligations pourries aura des implications énormes.
Auparavant, cette classe d'actifs ne séduisait que les investisseurs professionnels ou les amateurs de risque.
Alors que les taux ont chuté depuis 2009, les fonds de pension et les assurances se sont rués sur les obligations à haut rendement.
Risque numéro 4 : Les dividendes sous pression L'augmentation du coût du crédit augmentera en 2016 la pression sur les sociétés qui payent habituellement de gros dividendes.
De nombreuses sociétés ont exploité le crédit bon marché pour augmenter leurs profits en rachetant leurs propres actions et en rémunérant leurs investisseurs via les dividendes.
L'augmentation du coût du crédit compliquera ces stratégies.
Risque numéro 5 : Les marchés surévalués Le FTSE 100 a baissé de 13 % en août.
L'indice s'est replié de 3,5 % depuis le début de l'année.
Malgré tout, il ne s'agit toujours pas d'une bonne affaire.
Il devra baisser bien plus pour redevenir attractif.
Risque numéro 6 : Les flux mondiaux des capitaux Les marchés actions mondiaux devront faire face à des difficultés supplémentaires lorsque les fonds souverains, qui ont injecté des liquidités dans des titres, seront forcés de vendre afin de boucher les trous de leur budget.
Du tout-puissant fond souverain norvégien à celui du Qatar en passant par celui de l'Arabie Saoudite, les cours actuels du pétrole leur font perdre de l'argent.
Cette aspiration assourdissante est l'inversion d'une tendance durant laquelle les flux de pétrodollars ont arrosé les marchés actions occidentaux pendant deux décennies.
Les ventes vont s'accélérer l'année prochaine augmentant toujours plus la pression sur les marchés actions mondiaux.
Dates clés de 2016 Le ton économique de l'année 2016 sera donné le mois prochain en l'espace de deux semaines cruciales.
La première date-clé est le 4 décembre 2015 qui correspond la prochaine réunion de l'OPEP.
La seconde est le 17 décembre 2015 soit la prochaine réunion du comité de la Fed.
Si l'OPEP maintient les volumes de production actuels et que les taux américains sont relevés, les investisseurs peuvent s'attendre à de nouvelles pertes l'année prochaine.
Les marchés mondiaux sont très mal préparés à une réévaluation du risque après des années d'endettement sans conséquence.
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