Après avoir tutoyé les étoiles l'an dernier, Wall Street a subi un atterrissagebrutal en 2018, se heurtant aux hausses des taux d'intérêt, à la crainte d'un ralentissement économique mondial, et au flou quasi-permanent des décisions du président américain Donald Trump, à l'origine du grand retour de la volatilité.
Avant l'issue de la dernière journée de courtage de l'année lundi, les trois principaux indices de Wall Street, Dow Jones Industrial Average, Nasdaq et S&P 500, ont respectivement lâché 5,9%, 4,2%, et 6,7%, leur plus mauvaise année depuis 2008 et la dernière crise financière.
"Les avancées signalées par Trump dans le dossier commercial et la poursuite du rally de la semaine dernière font du bien au moral des investisseurs", commente Peter Cardillo, chef économiste chez Spartan Capital Securities.
La hausse des cours du pétrole soutient aussi la tendance, comme cela a été le cas pour la demi-séance en Europe.
À Paris, le CAC 40 a fini la séance en hausse de 1,11% à 4,730,69 points mais il recule de 10,95% sur l'année, sa plus mauvaise performance annuelle depuis 2011.
A Londres, le FTSE, pénalisé par la vigueur de la livre, a cédé 0,09% lundi pour une baisse annuelle de 12,5%, la plus forte depuis 2008.
Les Bourses de Francfort et Milan sont restées fermées pour la Saint-Sylvestre.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a gagné 0,42%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 0,55% et le Stoxx 600 0,46%.
Sur l'ensemble de 2018, le Stoxx 600 perd 13,2% et l'EuroStoxx 50 recule de 14,3%, leur plus mauvais cru depuis 2008 et 2011 respectivement.
Les volumes ont été faibles pour l'ultime séance de l'année et devraient l'être aussi à Wall Street, où les rares investisseurs présents sont encore échaudés par la volatilité des dernières semaines.
A ce stade, le S&P-500 accuse une baisse de 9,94% en décembre, sa plus forte baisse mensuelle depuis février 2009 et son plus mauvais mois de décembre depuis la Grande Dépression.
Depuis le début de l'année, son recul atteint 7,03% et le Dow accuse une perte de 6,70%, leurs plus mauvaises performances depuis 2008.
Le Nasdaq, après six années de hausse, accuse un repli de 4,62% en 2018.
L'essentiel de la baisse a été réalisé sur les trois derniers mois de l'année avec pour principaux facteurs les tensions commerciales, la montée des taux d'intérêt américains et le ralentissement de la croissance des bénéfices des entreprises, sans oublier les incertitudes autour du Brexit.
La paralysie partielle des administrations fédérales américaines, avec un "shutdown" qui en est à son 10e jour, est venue aggraver le tout la semaine dernière.
Nombre de ces facteurs persisteront en 2019 mais dans l'immédiat l'attention des marchés se focalisera sur des indicateurs américains plus tard dans la semaine, notamment l'indice ISM manufacturier jeudi et le rapport mensuel de l'emploi le lendemain.
TAUX La grande volatilité des actions a alimenté l'appétit des investisseurs pour les actifs refuges, comme les obligations souveraines.
Le rendement de l'emprunt d'Etat japonais à dix ans est retombé lundi en territoire négatif pour la première fois depuis septembre 2017.
Celui des Treasuries de même échéance est retombé à 2,71%, un plus bas depuis février.
Le marché obligataire américain fermera plus tôt lundi (à 19h00 GMT) et sera fermé pour le Nouvel An.
En Europe, le rendement du Bund est stable juste sous 0,25%.
CHANGES Le dollar a cédé du terrain lundi, pénalisé par la perspective d'un ralentissement du rythme de hausse des taux de la Réserve fédérale l'an prochain et de la baisse marquée des rendements obligataires américains, mais il finit l'année en hausse de quelque 4,5% par rapport aux autres principales devises.
En vue lundi, la livre a gagné plus de 0,5% à un plus haut de trois semaines, soutenue par la bonne tenue de la Bourse londonienne et par les espoirs de règlement du conflit commercial sino-américain.
La devise britannique s'est dépréciée de 6% face au dollar en 2018.
Le dollar australien, sensible aussi aux tensions commerciales, a gagné 0,4% à 0,7063 dollar US mais perd 10% sur l'ensemble de l'année.
De son côté, l'euro est stable face au billet vert, autour de 1,1440 dollar, et s'achemine vers un repli de près de 5% en 2018.
PÉTROLE Les cours du brut suivent la tendance haussière des marchés d'actions lundi et progressent d'environ 1,7%, mais ils restent en passe d'accuser leur premier repli annuel en trois ans sur fond de craintes persistantes d'une offre excédentaire sur le marché mondial.
Le baril de Brent évolue autour de 54,75 dollars et le baril de brut léger américain (WTI) se traite autour de 46,40 dollars.
Les deux contrats ont perdu plus d'un tiers de leur valeur au quatrième trimestre, ce qui ne s'était plus vu depuis le dernier trimestre de 2014.
Le cours moyen du Brent a été de près de 72 dollars le baril cette année et les économistes interrogés par Reuters ne le voient pas dépasser les 70 dollars en 2019.
MÉTAUX L'or, en hausse de 0,2% à 1,283,10 dollars l'once sur le marché spot, a atteint lundi un pic de six mois, portant sa hausse à quelque 5% sur le mois de décembre -son meilleur mois depuis dix ans.
Sur l'ensemble de l'année, le métal jaune reste néanmoins en repli de 1,5%, sa première perte depuis 2015.
Les craintes autour du ralentissement économique de la Chine ont par ailleurs nettement pesé cette année sur les métaux industriels, comme le cuivre, en repli de près de 17% en 2018.
L'or avait touché un plus bas de 20 mois en août, quand le dollar profitait à plein des hausses de taux et des tensions commerciales, mais le métal fin a depuis refait son retard, profitant notamment de son statut de valeur refuge pendant les séances agitées de décembre sur les places boursières.
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