Emmanuel Macron a tenté lundi de calmer la colère des "gilets jaunes", qu'il a jugée "juste à bien des égards", en annonçant une série de mesures sociales, notamment sur le Smic et les retraites, au cours d'une "adresse à la Nation" très attendue.
Ce discours, prononcé à l'Elysée, était présenté comme décisif pour le président, confronté à la crise politique la plus grave depuis le début de son quinquennat il y a 18 mois.
La réponse du chef de l'Etat face à la crise sociale dans laquelle est plongée la France depuis plus de trois semaines ne convainc pas la classe politique.
A gauche comme à droite, les critiques ont immédiatement fusé.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon a estimé que le chef de l'Etat n'avait pas apporté de réponses concrètes à l'ensemble des Français : «Dans les annonces du président, il n'y a rien qui concerne les chômeurs, il n'y a rien qui concerne les salariés à temps partiel, il n'y a rien qui concerne les retraités.
Les fonctionnaires ne sont pas pris en compte.
Les étudiants non plus.
» A droite, Nicolas Dupont-Aignan a qualifié les annonces du locataire de l’Elysée de «mesurettes».
De son côté, Marine Le Pen regrette la non remise en question d'un modèle prônant «la mondialisation sauvage, la financiarisation de l'économie, la concurrence déloyale, le libre-échange généralisé, l'immigration de masse et ses conséquences sociales et culturelles».
Du côtés des "gilets jaunes", le message a été accueilli souvent avec déception par ceux qui ont été interrogés sur les plateaux de télévision ou sur les lieux occupés dans plusieurs régions.
Si certains reconnaissent des "gestes", ils les jugent "insuffisants" ou "incomplets" pour stopper la lutte.
"Cette fois, il y a vraiment une avancée.
Au fur et à mesure qu'il parlait, j'avais le sourire qui s'agrandissait", s'est réjouit Erwan, l'un des porte- parole des "gilets jaunes" de Rennes.
Mais, pour Pierre-Gaël Laveder, manifestant à Montceau- les-Mines (Saône-et-Loire), "Macron n'a pas pris la mesure de ce qui se passait".
"Chaque annonce a été huée et la première réaction a été: +On se fout de notre gueule+", a-t-il témoigné.
Pour répondre à leur colère, Emmanuel Macron a annoncé que les salariés au niveau du Smic allaient percevoir une hausse de 100 euros par mois "sans qu'il en coûte un euro de plus pour l'employeur".
Cette hausse de 100 euros par mois "inclut l'augmentation du Smic déjà prévue, a ensuite précisé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
"Le reste ça va être la solidarité, le budget de l'état, qui va permettre de compléter ces salaires sans avoir une charge supplémentaire pour les entreprises".
Les retraités touchant moins de 2,000 euros par mois seront exemptés de la hausse de la CSG, a-t-il ajouté, répondant ainsi à l'un des principaux griefs des "gilets jaunes".
"L'effort qui leur a été demandé était trop important et n'était pas juste", a-t-il reconnu.
Par ailleurs, les heures supplémentaires seront versées "sans impôts ni charges dès 2019" et les entreprises "qui le peuvent" sont invitées à verser une prime de fin d'année, qui sera elle aussi défiscalisée et sans charges sociales.
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