Après sa nomination à Matignon, François Bayrou fait face à une dégradation de la note souveraine de la France par l'agence Moody's, qui passe de Aa2 à Aa3, la plus basse dans la catégorie des notes «hautes».
Moody's dégrade la note souveraine de la France d'un cran à Aa3
La dégradation d'un cran à Aa3 de la France, annoncée le 13 novembre, souligne les inquiétudes concernant les finances publiques du pays, exacerbées par une fragmentation politique et le vote de la motion de censure contre le gouvernement Barnier. Moody's estime que les chances de voir le prochain gouvernement réduire durablement les déficits budgétaires sont faibles, et a déjà mis la France sous «perspective négative» le 25 octobre, signalant des doutes sur la capacité du gouvernement à gérer le déficit.
Antoine Armand, ministre démissionnaire de l'Économie, a reconnu cette dégradation, la liant aux récents développements parlementaires et à l'incertitude qui en découle. Bayrou, soucieux de la dette, a qualifié le déficit de «problème moral» et a promis transparence et diligence dans la gestion budgétaire. Il a également insisté sur l'importance de réduire le déficit public et la dette, considérant cette question comme un enjeu financier et moral.
Pour la première fois depuis 1979, la France se retrouve sans budget pour l'année suivante à l'approche de l'échéance constitutionnelle du 31 décembre 2024. Emmanuel Macron a annoncé le recours à une loi spéciale pour assurer la continuité des services publics. La priorité de Bayrou sera de faire adopter de nouveaux budgets rapidement, malgré des divergences marquées entre les députés sur les choix budgétaires. Moody's a averti que l'impasse politique complique la consolidation des finances publiques et augmente le coût de la dette, ce qui pourrait affaiblir davantage la situation financière du pays dans les années à venir.
Risque de déclassement
Selon Moody's, 12 pays conservent leur note triple A, mais la France n'en fait pas partie, bien qu'elle soit mieux notée que le Royaume-Uni et la Belgique. D'autres pays comme l'Autriche, la Finlande, la Corée du Sud et le Qatar la devancent. S&P présente une situation encore plus préoccupante, la France n'étant pas parmi les 11 meilleurs pays, avec trois autres pays (États-Unis, Royaume-Uni, Irlande) la surpassant.
Fitch a maintenu la note de la France en octobre, mais avec une perspective négative, indiquant une tendance à la baisse. Si S&P et Fitch dégradent à nouveau la France, sa note pourrait passer de « haute qualité » à « qualité moyenne supérieure », similaire à celle du Royaume-Uni et de la Belgique.
Un Risque pour l'économie française
Le risque de déclassement de la note de la France par les agences de notation représente une problématique cruciale pour l'économie française et sa position sur la scène internationale. En effet, la notation d'un pays est un indicateur clé de sa santé économique et de sa capacité à rembourser ses dettes. Une dégradation de la note pourrait entraîner des conséquences significatives, tant sur le plan financier que sur le plan politique.
Premièrement, un déclassement de la note de la France par des agences comme S&P ou Fitch pourrait augmenter le coût de l'emprunt pour l'État. Les investisseurs, percevant un risque accru, exigeraient des taux d'intérêt plus élevés pour compenser cette incertitude. Cela pourrait alourdir la charge de la dette publique, déjà préoccupante, et limiter la capacité du gouvernement à investir dans des secteurs essentiels tels que l'éducation, la santé ou les infrastructures.
Deuxièmement, la dégradation de la note pourrait également affecter la confiance des marchés financiers et des investisseurs étrangers. La France, en tant que deuxième économie de la zone euro, joue un rôle central dans la stabilité économique de l'Europe. Un affaiblissement de sa note pourrait remettre en question son statut de moteur économique, entraînant une volatilité accrue sur les marchés et une possible fuite des capitaux.
Enfin, sur le plan politique, un déclassement pourrait avoir des répercussions sur la légitimité du gouvernement en place. Les citoyens pourraient percevoir une dégradation de la note comme un échec de la gestion économique, ce qui pourrait alimenter le mécontentement social et la contestation politique. Cela pourrait également compliquer la mise en œuvre de réformes nécessaires pour redresser les finances publiques, car le gouvernement pourrait se retrouver sous pression pour agir rapidement et efficacement.
0 Commentaire