Rendez-vous est donné mercredi prochain à 20h (heure de Paris) pour la réunion de la FED. Il ne s'agit pas de la dernière réunion avant l'été puisqu'une nouvelle session de deux jours est prévue les 27 et 28 juillet prochains. Mais, sauf accident de parcours au niveau des marchés financiers ou de l'économie, la réunion du mois prochain sera vraisemblablement un non-évènement. Les pressions inflationnistes devraient continuer d'augmenter. La FED et le Trésor américain ont fait savoir qu'ils sont à l'aise avec la hausse des prix qui est toujours jugée temporaire. Par conséquent, la banque centrale devrait maintenir sa politique monétaire inchangée ce mercredi, ce qui est plutôt négatif pour le dollar américain. Beaucoup d'opérateurs du marché des changes ont parié ces dernières semaines sur un renforcement du billet vert à la faveur d'une normalisation plus rapide de la politique monétaire américaine. Pari perdu ! Le dollar index, qui représente la valeur du billet vert face à un panier de devises majeures, devrait poursuivre sa baisse des dernières semaines. Notre objectif se situe à 89,6, ce qui correspond au point bas du 25 mai dernier. Il faut s'attendre à ce que la baisse du dollar soit plus marquée face aux devises émergentes que face aux monnaies majeures (comme l'euro). Pour l'EUR/USD, notre objectif reste inchangé à 1,2240 à court terme.
Quels sont les arguments qui militent en faveur du statu quo ?
- La hausse de l'inflation est considérée comme temporaire.
Le principal argument de la FED est qu'elle peut faire preuve de patience concernant une modification de sa politique monétaire étant donné que les pressions inflationnistes sont temporaires. Elles résultent de la réouverture des économies (qui entraine une forte demande) et de l'effet de base sur les prix de l'énergie (après une dégringolade lors du confinement mondial du printemps 2020). Jusqu'à présent, aucun élément ne permet de contester ce diagnostic. Cependant, dans les mois à venir, pour savoir si la hausse de l'inflation est effectivement temporaire, il faudra surveiller de très près : les attentes des consommateurs et des industriels concernant l'inflation future (on parle de forward d'inflation en particulier), la répartition par biens et produits de la hausse des prix, la persistance éventuelle d'une inflation mensuelle élevée après la période de réouverture et enfin une possible boucle prix-salaires.
- Une attention toute particulière pour le marché de l'emploi.
En attendant, la FED se focalise surtout sur la force de la reprise économique et la nécessité qu'elle bénéficie largement à l'ensemble de la société. Ce n'est pas encore le cas. Le dernier rapport sur l'emploi pour le mois de mai, publié la première semaine de juin, était encourageant. Mais beaucoup reste à faire. Le taux de chômage continue de chuter (à 5,8 % en mai dernier contre un point haut pendant la pandémie à 13,3 %). Mais si on ajuste ce chiffre officiel en prenant aussi en compte les Américains qui ont quitté le marché de l'emploi pendant la crise, afin d'avoir un indicateur plus précis, le taux de chômage est à 9 %. Nul besoin de se précipiter pour modifier la politique monétaire.
- Trop de dette à absorber.
Des aspects purement techniques liés aux émissions de bons du Trésor américains expliquent aussi pourquoi la FED ne peut pas se retirer du marché et normaliser, dès à présent, sa politique monétaire même si les conditions économiques (à la fois en termes d'emploi et d'inflation) étaient réunies. Pour financer les plans de relance des administrations Trump et Biden, l'Etat fédéral américain a recours à la dette, ce qui signifie que les émissions de bons du Trésor vont fortement augmenter au troisième trimestre. Comme les étrangers ont de moins en moins d'appétit pour la dette américaine (une tendance qui dure depuis presque 10 ans) et que le secteur privé américain n'est pas en mesure d'absorber plus de 1 000 milliards USD de dette par an, la FED n'a pas d'autre choix que de se porter acheteur, via ses programmes de rachats d'actifs, du surplus de bons du Trésor. Dit autrement, la FED est coincée dans une politique monétaire accommodante car il y a de moins en moins d'acheteurs étrangers de dette américaine. Elle ne peut pas se permettre en période de reprise économique un accident lors d'une adjudication (par exemple : une très faible demande).
Rendez-vous fin août
Les opérateurs du marché des changes qui souhaiteraient avoir une meilleure visibilité concernant le devenir de la politique monétaire à moyen terme devront attendre fin août. Le symposium économique de Jackson Hole (Wyoming, USA) doit se tenir en visioconférence des 26 au 28 août prochains. Cet évènement annuel, qui réunit les grands banquiers centraux du monde, est devenu ces dernières années un marqueur phare pour le marché. En 2012, B. Bernanke, alors président de la FED, annonçait le QE3 (troisième programme de rachats d'actifs) à cette occasion. En 2014, M. Draghi y indiquait que la zone euro va se lancer à son tour dans des programmes d'assouplissement quantitatif. Depuis, chaque symposium est scruté de très près pour savoir dans quelle direction la politique monétaire des grandes économies mondiales va aller. L'enjeu de cette année sera essentiellement de savoir si la FED va lancer prochainement des discussions portant sur le tapering (réduction du programme de rachats d'actifs). Cela dépendra de deux éléments : le diagnostic, à ce moment-là, de la banque centrale portant sur l'évolution de l'inflation et ses attentes à propos de la vigueur de la reprise.
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