Acteur de référence en France auprès des investisseurs institutionnels avec 117.2 Md€ d'actifs (au 31/12/2021), Groupama Asset Management figure aujourd'hui au 8ème rang des sociétés de gestion d'actifs françaises. Filiale du groupe Groupama, assureur mutualiste, elle permet à sa clientèle d'investisseurs professionnels de bénéficier de sa gestion activement responsable multi-expertises : un mode de gestion long terme, résolument active, s'appuyant sur une forte capacité de recherche.
Une alternance d'épisodes de stagflation et de reflation.Par Christophe Morel, chef économiste chez Groupama AM
En préambule, il convient de rester très humble dans l'estimation des conséquences économiques de la guerre en Ukraine. En effet, les impacts dépendent pour une large mesure de l'évolution du prix des matières premières, très volatiles, et de la situation géopolitique, elle-même très incertaine.
En termes de méthode d'analyse, nous suggérons de distinguer les impacts de premier tour, à savoir sur les prochains mois, des effets de second tour après une stabilisation de la situation géopolitique. Cette stabilisation ne correspond pas forcément à la fin du conflit qui va probablement durer, mais à un moment où l'escalade est suspendue.
Les impacts de 1er tour : un « épisode de stagflation »
Le risque économique transite via trois canaux : le canal commercial (les sanctions économiques), le canal des incertitudes (confiance des agents économiques et conditions financières) et surtout, le canal des matières premières (pétrole, gaz et produits agricoles). Nos estimations reposent sur le choix méthodologique de retenir l'hypothèse d'une forte élasticité de la croissance économique aux variations du prix des matières premières. Cette hypothèse traduit à la fois le fait que la hausse des prix est simultanée sur toutes les matières premières et le fait que ces hausses constituent des « chocs » et non des augmentations progressives.
Sur la base du cours actuel des matières premières (prix du Brent à 115USD) et des tensions sur les conditions financières, nous estimons que la crise ukrainienne coûte d'ores-et-déjà 1,5% de croissance à la Zone euro en 2022[1]. Dans le cas d'un scénario plus adverse intégrant une hausse supplémentaire du baril de pétrole (à 130 USD) et surtout, une détérioration plus prononcée des conditions financières (équivalente à celle du printemps 2020), la croissance européenne subirait un ralentissement plus marqué de l'ordre de 3% de PIB. Dit autrement, si cette crise géopolitique ne provoque une récession sur la croissance annuelle, une séquence négative au second semestre est tout à fait possible. La hausse combinée du cours du pétrole et des produits agricoles nous conduit d'ores-et-déjà à envisager une inflation en Zone euro à 5.5% en 2022 et à 3% en 2023. La combinaison d'un ralentissement de la croissance avec une hausse de l'inflation conduit à évoquer un « épisode de stagflation ».
La crise ukrainienne est d'abord un défi pour l'Europe. A ce stade, les États-Unis sont beaucoup moins affectés par le canal des matières premières en raison de leur quasi-indépendance stratégique : la production de pétrole est désormais aussi forte que la consommation. La hausse du prix du pétrole et du gaz coûte environ 0,5% de PIB, ce qui ramène désormais la croissance américaine en 2022 à 3.5%. Cependant, cette croissance sera beaucoup plus affectée en cas de détérioration des conditions financières via les « effets richesses » : en effet, les données mensuelles de consommation sont très vulnérables aux variations boursières. Nous réhaussons également notre prévision sur l'inflation aux États-Unis à 6.5% en 2022 et 4.5% en 2023.
2. Les impacts de 2nd tour : « alternance de reflation et de stagflation »
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