
C'est une dépêche de l'agence Reuters, intitulé "Les rendements des obligations à très long terme du Japon atteignent des records alors que le marché s'inquiète de la demande" qui détaille les raison de la hausse des rendements des obligations d'Etat japonaises (JGB) à plus longue échéance qui ont atteint mardi des sommets historiques.
Les inquiétudes concernant la demande étant catalysées par une mauvaise adjudication de dette à 20 ans, un casse-tête pour la Banque du Japon qui tente de sortir d'une décennie de politique ultra-accommodante.
Le rendement des JGB à 20 ans a augmenté de 15 points de base pour atteindre 2,555 %, le plus haut niveau depuis octobre 2000, après que le ministère des Finances a annoncé les résultats de l'enchère en début d'après-midi à Tokyo.
Le rendement des JGB à 30 ans a grimpé de 17 points de base pour atteindre un niveau record de 3,14 %, tandis que le rendement à 40 ans a bondi de 15 points de base pour atteindre 3,6 %, également un niveau historique.
« La demande des investisseurs en matière de duration ralentit structurellement », ont déclaré les analystes de JPMorgan dans une note de recherche.
Le marché libre c'est bien… mais bon si la BoJ pouvait intervenir !
Et les analystes de JPMorgan de poursuivre sur des considérations plus franchement libérales ! « Bien que la formation des prix sans intervention du MOF et de la BOJ soit idéale, une certaine forme d'action est nécessaire pour arrêter l'effondrement des JGB super longs à l'heure actuelle, ou il pourrait y avoir d'autres chocs obligataires super longs déclenchés par des dégradations ou des mesures budgétaires supplémentaires. »
Bien évidemment le problème c'est que le Japon n'est pas seul au monde et que les investisseurs vont là où les taux sont les plus rémunérateurs et c'est par exemple le cas aux Etats-Unis qui restent en plus LA référence économique mondiale qui plus est sur le marché obligataire. Les taux à 30 ans américains, eux frolent les 5 % à 4.97 %.
Mais ce n'est pas tout. Les inquiétudes se sont également accrues concernant la situation budgétaire du Japon, avec des appels de la part des législateurs de la coalition au pouvoir et de l'opposition en faveur de réductions de la taxe à la consommation avant les élections à la chambre haute, prévues en juillet.
Le Premier ministre Shigeru Ishiba , très impopulaire, a jusqu'à présent résisté à ces appels, déclarant lundi au Parlement que la situation budgétaire du Japon était pire que celle de la Grèce au plus fort de la crise de la dette européenne, selon les médias locaux. Des propos pas franchement rassurants pour les investisseurs nippons !
Enfin, la banque centrale du Japon, sous la direction du gouverneur Kazuo Ueda, a progressivement réduit son soutien au marché en réduisant ses achats mensuels d'obligations, mettant fin à la relance monétaire agressive mise en œuvre par son prédécesseur Haruhiko Kuroda.
C'est dans ce contexte qui risque vite de devenir intenable sur les marchés que des voix d'élèvent sur le marché obligataire pour exhorter la BOJ à augmenter les achats d'obligations à très long terme, ou à mettre fin à la réduction progressive de leurs taux d'intérêt pour cette échéance, à la suite de fortes hausses de leurs rendements, selon un résumé des opinions recueillies par la banque centrale publié mardi.
En clair, comme il n'y a plus assez d'acheteurs à des prix bas, il faut que ce soit la banque centrale japonaise la BoJ qui rachète ces obligations en « monétisant » la dette. Cela veut dire faire tourner la planche à billets !
Alors que tout le monde a les yeux rivés sur les Etats-Unis, un train peut en cacher un autre… et même si pour le moment ce n'est « nippon » ni mauvais, c'est une situation à surveiller, des crise sont déjà arrivées… du Japon !
Charles SANNAT
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