Nous avons été parmi les premiers à alerter sur la directive européenne BRRD, qui permet à une banque en situation de faillite de ponctionner les comptes de ses clients afin de se renflouer. Quand le sujet était - rarement - évoqué dans les médias, le banquier ou le responsable d'un quelconque organisme de régulation affirmait aussitôt qu'il ne fallait pas s'inquiéter puisque les comptes de moins de 100.000 euros n'étaient pas concernés. C'est en effet ce qui est écrit dans le texte de la directive, mais nous avions expliqué que cette garantie était purement illusoire et que les comptes de moins de 100.000 euros seraient également touchés, mais nous le proclamions jusqu'ici dans le désert.
Ce n'est rien moins que la banque centrale européenne qui vient confirmer ce que nous disions, comme le révèle Zero hedge. Dans une "opinion" très étayée (69 pages) du 8 novembre concernant la gestion de crise, la BCE se rend évidemment compte qu'en cas de crise touchant une ou plusieurs banques, les déposants retireraient en catastrophe leur argent pour le garder en liquide ou le placer ailleurs, ce qui ne ferait qu'accentuer la crise. La BCE veut donc tout simplement empêcher ce "bank run" en permettant de bloquer les dépôts et en n'autorisant que des retraits limités, comme cela s'est passé à Chypre en mars 2013. Selon l'institution, le système de protection des dépôts n'est plus nécessaire :
"Les dépôts couverts et les créances au titre des systèmes d'indemnisation des investisseurs devraient être remplacés par des exemptions discrétionnaires limitées accordées par l'autorité compétente afin de conserver un certain degré de flexibilité."
"Pendant une période transitoire, les déposants devraient avoir accès à un montant approprié de leurs dépôts couverts pour couvrir le coût de la vie dans les cinq jours ouvrables suivant une demande."
Après le blocage de l'assurance-vie en cas de crise, comme l'a prévu la loi Sapin 2, attendons-nous à son équivalent dans le domaine bancaire. Ce qui n'est pour l'instant qu'une suggestion formulée par la BCE dans un document de recherche et d'analyse, ne devrait pas tarder à emprunter la voie législative, n'en doutons pas.
Voilà qui démontre que lors de la prochaine crise financière, les épargnants seront pieds et poings liés, leurs comptes bloqués, seulement à même de disposer d'une somme minimale (accordée par "l'autorité compétente") afin de satisfaire leurs besoins de base. Pendant ce temps, les responsables des banques, du gouvernement, et bien sûr de la BCE étudieront à quelle sauce seront mangées les économies des déposants. Et les comptes de moins de 100.000 euros ne seront nullement protégés, ils contribueront au "redressement" du secteur bancaire..
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