Cocorico ! Epargne : les Français plus riches que les Allemands" proclame Les Echos le 4 mai. En effet, selon une étude réalisée par ING à partir de données de la Banque de France : "l'ensemble du patrimoine financier détenu par des Français s'élevait, au troisième trimestre 2017 à 5.233 milliards d'euros, en hausse de 8,5 % sur un an. C'est l'équivalent de 178.200 euros de patrimoine financier brut par ménage. Corrigé des dettes qui atteignaient alors 1.576 milliards d'euros, le chiffre du patrimoine financier net des Français (124.600?) reste impressionnant. Avec un tel patrimoine, les ménages français étaient 15 % plus riches que leurs homologues allemands (107.700?) au troisième trimestre 2017." En rajoutant le patrimoine non-financier, c'est-à-dire essentiellement l'immobilier, le patrimoine total "s'élevait, en 2016, à 7.500 milliards d'euros, soit 255.400? par ménage".
Ces chiffres feraient sens si l'économie française se portait mieux que l'économie allemande, mais c'est pourtant le contraire, assez largement et quels que soient les indicateurs que l'on regarde. Alors comment expliquer cette "performance" française ?
D'abord les Français n'épargnent pas plus que les Allemands parce qu'ils sont plus riches, mais parce qu'ils n'ont pas confiance dans leur système de retraite. Et ils ont bien raison, le système par répartition part à vau-l'eau, il accumule les déficits qui se règlent à chaque fois en rognant sur les sommes versées. La retraite par capitalisation constitue, de ce côté-ci du Rhin, un tabou qu'aucun gouvernement n'ose franchir, il permettrait pourtant d'améliorer le rendement des pensions s'il était utilisé, ne serait-ce que pour une part, mais c'est non.
D'autre part, indique l'article, "80 % des Français disent ne pas faire confiance aux placements en actions". Les Français n'ont donc confiance ni dans leur système de retraite, ni dans leurs grandes entreprises. On va peut-être remiser les cocoricos au placard.
Alors où est-elle investie cette épargne "record" ? Dans les deux placements préférés des Français : l'immobilier et l'assurance-vie. Les prix de l'immobilier en France, spécialement à Paris, sont parmi les plus élevés du monde, mais cela va-t-il durer lorsque les bénéficiaires des Trente Glorieuses voudront revendre aux jeunes générations qui connaissent pour beaucoup le chômage et les petits boulots ? Le pouvoir d'achat des nouvelles générations n'est pas celui des précédentes, spécialement dans le domaine du logement. Investir dans l'immobilier aujourd'hui en France constitue en réalité un sacré risque.
Et l'assurance-vie ? Chacun le sait, elle est essentiellement investie dans des obligations d'État. En Allemagne, le budget affiche depuis quelques années un excédent, et l'ensemble des responsables politiques souhaitent que cela perdure. Personne ne doute que le pays fera face à sa dette publique, qui justement arrête de croître. Mais la France ? Incapable de faire de véritables réformes structurelles, elle profite actuellement d'un regain de croissance internationale, cependant la remontée lente et générale des taux d'intérêt pourrait la mettre sérieusement en difficulté. Nous savons que la loi Sapin 2 permet de bloquer les comptes d'assurance-vie en cas de crise.. Le dispositif est prêt. Investir dans la signature de la France aujourd'hui s'avère aussi risqué.
Dans ce tableau plutôt sombre, les Français oublient pourtant un placement qu'ils ont longtemps chéri avant de le délaisser : l'or physique. Beaucoup de familles gardent quelques napoléons, mais l'or n'est pas perçu comme un placement à prendre en compte. Erreur ! Voici la meilleure sécurité, une vraie garantie de valeur dans le temps, une liquidité toujours assurée, un placement homogène et simple comparé à la complexité et à l'opacité des actifs financiers ou immobiliers. Oui vraiment, ne cherchons pas à être plus "riches" que nos voisins, pensons d'abord à rendre notre économie plus performante, et protégeons mieux notre épargne.
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